Bénin : 167 milliards de Fcfa de redressement fiscal pour la société de Sébastien Ajavon

Les services fiscaux béninois réclament à la société CAJAF COMON SA de l’homme d’affaires et politicien Sébatien Ajavon, 167 milliards de Fcfa d’impôts impayés. Un redressement d'envergure que les partisans de l’ancien allié de Patrice Talon considèrent comme du harcèlement après l’affaire de la découverte des 18 kg de cocaïne dans une cargaison de la société et qui a fait capoter l’alliance entre les deux hommes.

C'est une somme qui donne le tournis tellement elle parait « démesurée » que les services fiscaux béninois réclament à la société Comptoir mondial de négoce-Comptoir Ajavon et fils (Cajaf-Comon S.A.) à titre d'impôts impayés. Au total, le redressement fiscal adressé à la société de l'homme d'affaires Sébastien Ajavon s'élève à quelques 167 milliards de Fcfa selon l'avis d'imposition adressé à la direction de la société il y a quelques jours et qui fait désormais enfler la polémique dans le pays.

Selon les services fiscaux du pays, il s'agit d'une opération régulière qui entre dans le cadre de la mobilisation des ressources internes en vue de financer les actions prévues dans le cadre du programme du président Patrice Talon et plusieurs sociétés béninoises qui ont des ardoises auprès du fisc sont visées par les mêmes procédures.

L'affaire serait restée là si ce n'est le montant assez colossal de l'addition d'autant qu'elle vise un des principaux challengers de Talon. Sébastien Ajavon n'est en effet pas n'importe qui dans le pays.

« Le roi du poulet » comme on le surnomme, patron des patrons béninois est comme Patrice Talon un homme aux affaires florissantes mais aussi un politicien parmi les plus en vue du Bénin.

Il était d'ailleurs arrivé à la troisième place lors du premier tour de la dernière élection présidentielle avant d'apporter au second tour son soutien à Patrice Talon.

Mauvaise passe pour les opposants

Depuis avril 2016 pourtant, Talon et Ajavon sont à couteaux tirés. Le détonateur a été l'affaire des 18 kg de cocaïne découverts la même année dans une cargaison appartenant à la société et stocké au port de Cotonou. Ajavon, alors allié de Talon, a été interpellé par les services de la gendarmerie et détenu pendant plusieurs jours avant que la justice ne l'élargisse par la suite en raison d'absence de preuves solides prouvant son implication dans l'affaire qui reste encore entourée de beaucoup de zones d'ombres. Toutefois, les conditions dans lesquels il a été arrêté ainsi que la cabale qu'il a subit selon ses partisans a scellé la rupture entre sa formation et la coalition soutenant le président Talon.

Depuis, il s'est rangé dans les rangs de l'opposition et s'il s'est un peu retiré des affaires, notamment de la direction de sa société dont il reste encore l'administrateur principal, il est loin d'avoir tempéré ses ambitions présidentielles. C'est ce qui justifierait, selon sa formation, le harcèlement qu'il subit actuellement de la part du régime. Les opposants accusent en effet Patrice Talon de vouloir dompter ses principaux challengers en vue des prochaines consultations notamment les législatives de 2019, un tremplin pour la présidence.

Ce n'est d'ailleurs pas le premier allié devenu opposant du président Talon à se trouver dans le collimateur du pouvoir. Léhady Soglo, ancien maire de Cotonou a été récemment suspendu puis révoqué de son poste alors que parallèlement une fronde interne menée au sein du parti créé par sa mère, l'ancienne première dame Rosine Soglo, le débarquait du poste de président de la Renaissance du bénin (RB).

Ce n'est pas la première fois que la société de Sébastien Ajavon est visée par une procédure de redressement fiscal aux allures de règlement de compte politique. En 2012 déjà, les services fiscaux avaient réclamés à CAJAF-COMON S.A., une somme de 35 milliards de Fcfa à titre d'impôts dû mais non payés. A l'époque déjà, sous le régime de l'ancien chef d'Etat Yayi Boni, l'affaire avait pris une tournure politique et au Bénin, beaucoup avait qualifié la somme d'exorbitante. Cette fois, c'est 167 milliards de Fcfa que la société est sommée en principe de payer à l'Etat. De quoi doucher financièrement toute ambition politique dans un contexte où avec la présence de plusieurs politiciens -hommes d'affaires, l'argent est le nerf de la guerre au Bénin.

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