Tunisie : manifestation contre le projet de loi sur les libertés et l'égalité successorale

Par Emmanuel Atcha  |   |  404  mots
Manifestation pour l'égalité successorale, le 10 mars 2018 dans la capitale Tunis. (Crédits : Reuters)
A l'appel de la Coordination nationale pour défendre le Coran et la Constitution, des milliers de personnes ont manifesté ce samedi contre un projet de loi visant l'égalité successorale, la dépénalisation de l'homosexualité et d'autres réformes sociétales. La manifestation intervient à deux jours du discours que devrait prononcer ce lundi de l'Etat, Béji Caïd Essebsi.

Certaines réformes sociétales prévues par le gouvernement tunisien auront sans des difficultés pour passer. Il s'agit essentiellement des projets de loi prévoyant l'égalité successorale et la dépénalisation de l'homosexualité. A l'appel de la Coordination nationale pour défendre le Coran et la Constitution, un collectif regroupant des universitaires, des dignitaires religieux et des personnalités pro-islamistes, avec à sa tête l'ancien ministre des Affaires religieuses, Noureddine Khadmi, des milliers de personnes sont sortis ce samedi 11 août, dans les rues de la capitale Tunis, pour protester contre ces projets de loi.

«Avec notre sang, nous défendrons l'islam », ont scandé les manifestants, dont quelques-uns se montrant très pro-islamistes, brandissaient leur Coran. «Ils veulent changer des piliers de l'islam », proteste Mokhtar Abderrahmane, 60 ans, cité par l'AFP. L'égalité dans l'héritage, «c'est une ligne rouge tracée par le Coran, qu'il ne faut pas franchir», a pour sa part déclaré à l'AFP Sabiha Chelbi, 56 ans, qui est venue manifester avec sa fille, Emna.

La plupart d'entre eux protestent surtout contre la dépénalisation de l'homosexualité. «C'est une atteinte à l'islam, on est contre la violation du Coran, de nos textes coraniques. Ça me choque, et ça choque pratiquement la majorité des musulmans, pour ne pas dire tous les musulmans en Tunisie», a déclaré un manifestant pro-islamiste repris par la presse locale.

Contre-manifestation ce lundi

L'initiative prise par le gouvernement d'effectuer ces réformes provient du rapport de la Commission pour les libertés individuelles et l'égalité (COLIBE), formée il y a un an par le président tunisien Béji Caïd Essebsi. Ce rapport de 232 pages introduit l'abolition de la peine de mort, la dépénalisation de l'homosexualité ou encore l'égalité entre hommes et femmes dans l'héritage. La commission estime que le principe d'égalité entre citoyens, garanti par la nouvelle Constitution de 2014, doit se traduire désormais dans les lois en vigueur dans le pays.

Cette manifestation intervient l'avant-veille d'un discours très attendu du chef de l'Etat à l'occasion de la journée nationale du droit des femmes. Béji Caïd Essebsi devrait dans son intervention évoquer ces recommandations de la Colibe et exprimer sa position. A l'issue de son discours, une manifestation en faveur de ces réformes devrait avoir lieu pour soutenir cette tendance qui risque de bouleverser profondément le fonctionnement social en Tunisie.