African Transformation Forum : la recette d'Akufo-Addo pour la transformation économique de l'Afrique

Par Aboubacar Yacouba Barma  |   |  843  mots
(Crédits : DR)
Le président ghanéen estime que les gouvernements africains feraient mieux de soutenir les marchés financiers locaux notamment les banques africaines pour accompagner la transformation économique du Continent. Selon Nana Akuffo-Addo, seules les institutions financières sont capables de prendre certains risques et ainsi contribuer à l’atteinte d’une prospérité partagée, principal objectif de l’Agenda 2063 de l’UA.

«Il n'est pas normal que des banques étrangères, devenues des acteurs majeurs de nos économies se contentent de faire beaucoup d'argent, mais ne soient pas particulièrement impliqués dans la prise de risques qui contribueraient au développement des économies dans lesquelles elles opèrent ». Le président ghanéen Nana Addo Dankwa Akufo-Addo s'exprimait ainsi ce jeudi 21 juin à l'ouverture de l'édition 2018 du Forum sur la transformation de l'Afrique qui s'est tenu à Accra. Selon le chef de l'Etat ghanéen, seules les institutions financières locales sont capables de prendre certains risques sans lesquels pourtant, aucune stratégie de transition vers des économies fortes et dynamiques ne pourrait réussir. «Cela nécessite des décisions politiques majeures qui encouragent les banques locales à se développer et à assumer leur rôle de mobilisation de ressources financières afin de stimuler la transformation du Continent» a-t-il poursuivi.

«Je n'ai pas de problèmes avec les gens qui veulent gagner de l'argent, mais j'ai des problèmes avec ceux qui veulent se faire de l'argent sans pour autant que leur contribution à la transformation de l'économie soit significative. Nous devons, et c'est une nécessité pour nos Etats, élaborer des politiques qui permettront de promouvoir la croissance des institutions financières africaines pour leur permettre de se développer et de stimuler la transformation que nous voulons pour le continent. Il faut certes de la volonté politique mais c'est une nécessité, car sans ces banques locales qui sont prêtes à financer la croissance, les initiatives industrielles et agricoles, il nous sera difficile de réussir la transition que nous cherchons vers la prospérité», a plaidé le président Akufo-Addo.

Réaliste, il a reconnu que peu des efforts sont encore consentis encore par les pays africains pour promouvoir les institutions financières locales comme c'est le cas pour son pays mais il a assuré que son gouvernement mettra tout en œuvre pour inverser cette tendance. Il a de ce fait invité les autres Etats du continent à s'y mettre également tout en réitérant que l'Afrique dispose de tout le potentiel pour passer d'un état de pauvreté à celui de prospérité.

«Avec un continent détenant 50% des terres arables du monde, plus de 30% des minéraux restants dans le monde, et avec la population la plus jeune et la plus dynamique de tous les continents, il n'y a aucune raison pour l'Afrique de stagner dans sa situation actuelle», a mis en avant le président Akufo-Addo qui a sorti pour l'occasion sa rhétorique panafricaniste qui constitue désormais sa marque de fabrique. Il a par ailleurs que c'est pour accompagner cette transformation économique que depuis son arrivée au pouvoir, il a accordé la priorité à l'assainissement du cadre macro-économique du pays, ce qui a permis d'enregistrer un progrès significatif dans la mise de plusieurs réformes en matière d'éducation, de formation et de promotion du marché du travail De quoi asseoir les bases d'une destination d'investissement attrayante pour le Ghana.

[Lire aussi : Ghana : débarrassé de la tutelle du FMI, Akufo-Addo promet une nouvelle ère de prospérité]

La transformation économique, un préalable pour la prospérité

La transformation économique de l'Afrique constitue l'un des principaux objectifs de l'Agenda 2063 de l'Union africaine (UA). Invité d'honneur du forum, le chef d'Etat rwandais,Paul Kagamé, également président en exercice de l'UA, a pour sa part, souligné la nécessité pour l'Afrique de changer de paradigme en faisant évoluer les mentalités vers des réflexions sur les vrais problèmes du continent et de se concentrer sur la mise en œuvre de stratégies qui la propulseront sur le chemin de la prospérité.

«Quand nous parlons de transformation, nous parlons de notre peuple, des peuples africains de chaque pays de notre continent. Nous parlons aussi de nos ressources, des ressources de différentes sortes qui doivent être utilisées pour produire les résultats que nous voulons. Nous parlons aussi de la gestion de la volonté politique et de tout le processus qui doit accompagner toutes ces actions pour que nous puissions atteindre notre but de prospérité pour nos populations», a déclaré le président Paul Kagamé.

Dans la même lancée que son homologue ghanéen, le président rwandais s'est réjoui de la prise en conscience progressive des gouvernements, du rôle qu'ils devaient jouer dans le processus de transformation du continent, en construisant des économies solides, fondées sur un environnement  macro-économique sain, de bonnes réformes éducatives et le développement des compétences.

Le Forum pour la transformation de l'Afrique, qui en est à sa deuxième édition, qui est à sa deuxième édition, est une initiative du centre pour la transformation économique de l'Afrique (ACET), un think-thank africain consacré au développement du continent. Cette année, en plus des présidents Kagamé et Akufo-Addo, le forum a connu comme guest-stars, le vice-président ivoirien Daniel Kablan-Ducan et l'homme d'affaires nigérian Aliko Dangote.