Trois barrages à l'étude en Ethiopie, puissance énergétique montante en Afrique

Par Ibrahima Bayo Jr.  |   |  489  mots
Avec une capacité de production de 1 870 MW, Gibe III est le troisième plus grand barrage du continent.
Quarante mille mégawatts. C’est la projection en capacité hydroélectrique de l’Ethiopie à l’horizon 2035 pour se hisser au rang de puissance verte émergente d’Afrique. Après l’inauguration en décembre 2016 du Gibe III, le plus haut barrage d’Afrique, le pays annonce avoir entamé une réflexion pour le lancement de trois nouveaux projets hydroélectriques. Le pays d’Afrique de l’Est a résolument mis le cap vers son ambition. Une puissance énergétique africaine est en train de naître.

L'annonce a été faite par le ministre éthiopien de l'Eau, de l'irrigation et de l'énergie. En marge du Congrès hydraulique mondial 2017 qui se déroule ici à Addis-Abeba du 9 au 11 mai, Sileshi Bekele a annoncé que son pays réfléchit à trois nouveaux projets hydroélectriques.

Des projets soumis à des études préliminaires

Dans le détail, c'est le projet baptisé «Koysha» d'une capacité de 2 200 MW dont les travaux préliminaires ont déjà été lancés près de la région éponyme, située au sud du pays. La SACE, l'agence italienne de crédit à l'exportation, a financé 1,7 milliard des 2,5 milliards de dollars nécessaires à sa concrétisation.

En complément, des études préliminaires se penchent sur les projets de deux barrages. Le premier «Geba», d'une capacité de 385 MW pourrait voir le jour dans la province d'Illubaber, à l'ouest d'Addis-Abeba. Le second barrage, dénommé «Tams», devrait déployer ses 1 700 MW dans la même région.

S'ils se concrétisent, ces projets en gestation seraient des indicateurs de plus que l'Ethiopie met tous les moyens de son côté pour se poser en puissance énergétique dans la région et même au-delà. Dépourvu d'hydrocarbures, le pays est-africain compense son déficit de richesses en pétrole et en gaz en investissant massivement dans les énergies vertes.

Dernière concrétisation en date, l'inauguration en décembre 2016, sur le fleuve Omo qui traverse le pays du nord au sud, du barrage de Gibe III (1 870 MW), le troisième plus grand barrage d'Afrique. L'infrastructure avait boosté la puissance électrique éthiopienne à 4 200 MW. Cependant, la puissance installée reste minime au vu des aspirations du pays. Dans un ambitieux plan d'accroître la puissance énergétique du pays, les autorités envisagent de porter cette puissance à 20 000 mégawatts d'ici 2020, le double en 2035.

Devenir la grande puissance énergétique de la région

Sur le chemin de ses visées, l'Ethiopie porte également le projet du «Barrage de la Renaissance africaine». D'une capacité de 6 000 mégawatts, les turbines de celui-ci devraient être installées sur le fleuve Omo, non sans entretenir une polémique sur l'avenir des populations de la région. Le projet de ce barrage est aussi un motif de passe d'armes diplomatique avec l'Egypte qui redoute une baisse de flux dans les eaux du Nil, drainés depuis le fleuve Omo. L'aviation égyptienne étudierait même la possibilité de bombarder le barrage en cas de construction.

Une menace qui n'a pas entamé la détermination de l'Ethiopie à devenir une puissance énergétique émergente. Avec l'installation de la ligne de transmission électrique, l'Ethiopie, qui exporte déjà de l'électricité vers Djibouti et vers le Soudan, prévoit l'installation d'une centrale de conversion pour vendre de l'énergie au Kenya. Dans l'hypothèse où les trois projets venaient à se concrétiser, l'Ethiopie serait porche du but : devenir la puissance énergétique dans la région.