Tanzanie : après Acacia Mining, Airtel dans la mire du gouvernement

Par Amine Ater  |   |  468  mots
Le gouvernement tanzanien vient de réclamer la propriété de la filiale de l’Indien Bharti Airtel. Une revendication portée par le président John Magufuli et qui vient après le retard pris par l’opérateur pour introduire sa filiale sur la place de Dar es Salam, conformément à une directive gouvernementale de 2016.

Après avoir « mis au pied » les compagnies minières internationales opérant dans son pays, le gouvernement tanzanien s'attaque au secteur des télécoms. Dans le collimateur de l'administration de John Magufuli, la filiale locale de l'opérateur indien Bharti Airtel dont la propriété est revendiquée par l'entreprise publique Tanzania Telecommunications Co.

Le président Magufuli monte au créneau

Cette revendication crée au passage un conflit de propriété entre le gouvernement tanzanien et l'opérateur téléphonique. « Selon les informations dont nous disposons, Airtel est un actif de Tanzania Telecommunications. Un jeu terrible y a été joué. Je ne veux pas en dire plus que ça », a déclaré, le 20 décembre dernier le président Magufuli, à la télévision nationale.

Celui-ci a par la suite demandé à son ministre des Finances, Philip Mpango, de donner suite aux revendications de l'opérateur étatique. Ce conflit date d'une directive de 2016 obligeant les opérateurs téléphoniques à céder au moins un quart de leur capital sur la place locale pour la stimuler. Ce qui a fait de la filiale tanzanienne de Vodacom Group, la plus importante entreprise de la Bourse de Dar es Salam, avec levée de fonds de 213 millions de dollars lors de son introduction en août dernier.

Airtel n'a de son côté pas encore introduit en bourse sa filiale tanzanienne. La compagnie où le gouvernement détient une participation de 40%, représente le troisième opérateur mobile du pays avec 10,6 millions d'abonné à fin septembre dernier. Pour l'heure, le management de l'entreprise n'a toujours pas réagi à la sortie présidentielle. Bharti Airtel est pour sa part de plus en plus dépendante à ses opérations hors Inde, après qu'une guerre des prix a conduit à une chute de ses bénéfices sur son marché domestique.

Airtel en position de dépendance

Preuve en est l'entreprise vient d'acquérir les activités de Millicom International Cellular SA au Rwanda, ce qui porte la présence du groupe indien à 15 pays d'Afrique subsaharienne. Cette dépendance au marché africain pourrait pousser l'opérateur à suivre l'exemple de Barrick Gold qui a négocié au nom de sa filiale Acacia et qui a multiplié les concessions pour maintenir ses opérations en Tanzanie

Les opérateurs mobiles internationaux subissent de plus en plus de pression des gouvernements et régulateurs africains ces dernières années, ces derniers semblent résolus à rééquilibrer les revenus de l'Etat de manière à stimuler leurs économies respectives.  Le Ghana a également obligé des opérateurs à vendre leurs actions localement. Au Cameroun, la filiale locale de Vodafone a annoncé son retrait du pays après que l'échec des négociations pour la résolution d'un litige sur l'attribution de sa licence.