Mines : la Tanzanie confisque des diamants d'une valeur estimée à 29,5 millions de dollars

Par Khadim Mbaye  |   |  442  mots
Le gouvernement tanzanien poursuit toujours sa politique « d’appropriation » des ressources minières du pays. Après avoir interdit, au mois de mars, l’exportation de minerais bruts non traités, Dodoma vient d’annoncer avoir mis la main sur une importante quantité de diamants sur le point d’être exportée en Belgique. La Tanzanie estime que la valeur marchande de ces pierres était très sous-évaluée par la société britannique, Petra Diamonds, à l’origine de cette opération.

Le gouvernement tanzanien a annoncé dimanche avoir mis la main sur des diamants dont la valeur est estimée à plusieurs millions de dollars. Les pierres précieuses destinées à l'export étaient en partance pour la Belgique. Elles ont été saisies le 31 août à l'aéroport de Dar es Salam par les autorités tanzaniennes qui accusent la compagnie britannique, Petra Diamonds, propriétaire à 75 % de la mine Williamson Diamants d'où ont été extraites lesdites pierres, d'en avoir sous-évalué la valeur marchande.

Selon les autorités tanzaniennes, notamment le ministre des Finances, Philip Mpango, qui s'est exprimé hier sur la chaîne gouvernementale TBC 1, « les documents de Williamson Diamonds indiquaient avant commercialisation une cargaison estimée à 14,7 millions de dollars alors que la valeur réelle des diamants, dont le poids aurait été délibérément sous-évalué, était de 29.5 millions de dollars. »

Le gouvernement Tanzanien qui ne peut tolérer un tel manque à gagner, a finalement pris la décision radicale d'annuler l'exportation des pierres avant de les « nationaliser » selon l'AFP. Une décision qui intervient au moment où le débat sur des malversations présumées liées à l'extraction et au commerce de diamants fait rage en Tanzanie. La « tempête » a d'ailleurs emporté deux anciens hauts responsables du secteur minier, cités dans des rapports parlementaires.

L'intérêt national d'abord

Selon l'Agence de presse française, il s'agit de l'ex-ministre des Mines, George Simbachawene, qui était jusqu'à sa démission ministre d'Etat chargé des Collectivités locales, et de l'ancien patron de la société nationales des mines (STAMICO) Edwin Ngonyani, vice-ministre des Travaux publics et des transports.

Les deux hauts responsables ont été priés de démissionner la semaine dernière par le Président John Magufuli, qui depuis son arrivée au pouvoir en 2015, a engagé un bras de fer avec les entreprises minières étrangères présentes dans le pays. Au mois de mars, le Président tanzanien a pris la décision ferme d'interdire toute exportation de minerais bruts non traités. L'interdiction cible notamment les minerais d'or, de cuivre, de nickel et d'argent. La mesure vise à faciliter le développement d'une réelle industrie de minéralurgie qui permettrait de créer de nouveaux emplois au niveau local et déboucherait sur une augmentation des revenus tanzaniens tirés des mines. Un autre motif a été également avancé par Dodoma pour expliquer cette interdiction : la Tanzanie possède d'importantes richesses naturelles mais les rentrées issues des exportations de ces richesses sont encore très timides. Le secteur minier ne représente qu'à 3 à 4% du PIB, très loin du potentiel existant.