Avec sa tournée, Theresa May vante les ambitions africaines du Royaume-Uni post-Brexit

Par Ibrahima Bayo Jr.  |   |  564  mots
(Crédits : Reuters)
«D’ici à 2022, je veux que le Royaume-Uni devienne le premier investisseur des pays du G7 en Afrique». Sans détour, dès son arrivée au Cap où elle entame sa mini-tournée dans trois pays africains, Theresa May a d’emblée placé la barre haute. En chassé-croisé avec la Chancelière allemande qui lorgne l’Afrique de l’Ouest, la Première ministre britannique cherche sur le Continent, de nouveaux partenaires économiques et commerciaux pour un Royaume-Uni qui veut amortir les effets du post-Brexit.

Theresa May se fixe 2022 pour étoffer la voilure de la présence économique britannique en Afrique. « D'ici 2022, je veux que le Royaume-Uni devienne le premier investisseur des pays du G7 en Afrique. Je souhaite que les entreprises du secteur privé britannique prennent les devants en investissant les milliards qui permettront aux économies africaines de croître de plusieurs milliards. Nous avons les outils pour le faire», fait savoir la Première ministre britannique lors d'un forum économique au Cap où elle a entamé sa tournée furtive dans trois pays africains.

4 milliards de livres sterling pour le «British business» avec des «économies africaines fortes»

A l'appui de sa stratégie, le «10 Downing Street» sort le chéquier d'investissements : 4 milliards de livres sterling. Des investissements qui vont être dispatchés entre l'Afrique du Sud où elle a rencontré Cyril Ramaphosa ce mardi 28 août avant de se rendre chez Muhammadu Buhari au Nigéria, le mercredi 29 août puis chez Uhuru Kenyatta du Kenya. La dernière fois qu'un chef de gouvernement britannique s'est rendu sur le Continent, c'était en 2013.

Pour sa première tournée en Afrique, Theresa May a d'abord choisi les accointances historiques de son pays. Sa visite en Afrique du Sud, au Nigéria et au Kenya, s'effectue dans trois pays du Commonwealth, un ensemble qui regroupe le Royaume-Uni et ses ex-colonies. « En tant que Première ministre d'une nation commerçante, dont le succès dépend des marchés globaux, je veux voir des économies africaines fortes avec lesquelles les Britanniques peuvent faire des affaires, de façon libre et équitable», plaide Theresa May pour vanter les ambitions de son pays sur le Continent.

Les pays africains, partenaires post-Brexit du Royaume-Uni

Et pourtant lorsque l'on gratte le vernis de ce discours de langue diplomatique, on s'aperçoit que d'autres motifs, plus sibyllins, encadrent ce voyage de Theresa May. A l'heure où elle négocie la sortie de son pays de l'Union européenne, décidée par référendum en juin 2016, la Première ministre cherche de nouveaux alliés commerciaux avec qui conclure des accords après le Brexit. Après avoir lorgné le marché chinois, c'est désormais sur l'Afrique que le Royaume a jeté son dévolu.

Le Continent est-il devenu le nouveau champ où les grandes puissances viennent labourer leur prospérité ? La réponse est assurément oui. Les taux de croissance mirobolants et même les perspectives démographiques sont désormais lorgnés comme autant de possibilités de pénétrer dans un marché de 1,2 milliard de consommateurs potentiels et une terre pourvoyeuse de matières premières vitales à l'industrie des grandes puissances. De quoi aiguiser les appétits des grandes puissances qui viennent pour tirer leurs parts de ce marché face à l'écrasante concurrence chinoise.

Dans un chassé-croisé dont seul l'agenda diplomatique a le secret pour que le «May Force One», l'avion de Theresa May et le « Konrad Adenauer» d'Angela Merkel ne se croisent dans le ciel nigérian. Cette dernière effectue elle aussi une mini-tournée en Afrique de l'Ouest qui la conduira à Abuja, ce jeudi 30 août, quelques heures après que l'avion de la Première ministre britannique ne s'envole du Nigéria pour clore sa tournée de laquelle elle espère avoir engrangé de nouveaux partenaires pour l'économie du Royaume-Uni.