Etat d'urgence : Addis-Abeba maintient la pression

Par Amine Ater  |   |  375  mots
Face à la recrudescence de la contestation civile, le gouvernement éthiopien a décidé de renforcer l'état d'urgence décrété le 9 octobre prochain en imposant de nouvelles mesures restreignant la circulation
L'Ethiopie vient de durcir l'état d'urgence en vigueur depuis le 9 octobre dernier via l'introduction d'une batterie de mesures restrictives. En clair, les autorités ont délimités des "zones rouges" où les déplacement seront contrôlés, tout en imposant des autorisations de circulation pour les diplomates souhaitant se rendre hors de la capitale, Addis-Abeba

La crise politique que connaît l'Ethiopie semble loin de s'apaiser. Addis-Abeba vient en effet de décréter une trentaine de mesures additionnelles au cadre de l'état d'urgence prononcé le 9 octobre dernier. Les autorités éthiopiennes imposent notamment de sévères restrictions au niveau des déplacements des citoyens ou encore interdisent la consultation de certains médias d'opposition établis à l'étranger. Des mesures émises par le «poste de commande», une structure mise en place pour veiller à l'application de l'état d'urgence. Conformément aux ordres de cette structure, les autorités ont défini des «zones rouges», le long des frontières et des principaux axes routiers où les déplacements sont sévèrement contrôlés. Des restrictions à la circulation qui s'appliquent également aux diplomates étrangers qui officient en Ethiopie. Ces derniers ne sont plus habilités à se déplacer hors d'un périmètre de 40 km autour de la capitale, sans autorisation spéciale.

No Go Zone

Cette situation d'exception se traduit également par l'instauration un couvre-feu entre 18h et 6h à proximité de lieux jugés «d'intérêts économiques» ou stratégiques notamment des usines, des fermes agricoles ou encore des institutions gouvernementales. D'ailleurs, l'AFP a reporté l'arrestation d'un de ses journalistes alors qu'il se trouvait dans une zone industrielle. Des restrictions qui touchent également l'accès au web, l'Internet mobile ayant été coupé dans une grande partie du territoire y compris dans la capitale. Relayer ou consulter les informations produites par l'Ethiopian Satellite Radio and Television (ESAT) et l'Oromo Media Network (OMN), tous deux établis aux Etats-Unis est désormais illégal.

L'hégémonie de la minorité Tigréenne, mise en question

La mise en place de l'Etat d'urgence pour une durée de 6 mois vient suite à un violent mouvement de contestation, dont la répression aurait causé des centaines de victimes selon des associations. Une fronde menée par les communautés Oromo et Amhara (majoritaires en Ethiopie) qui s'estiment mises à l'écart par le pouvoir en place. Ces derniers dénoncent la mainmise de la minorité Tigréenne sur les services de sécurités. Un bras de fer qui coïncide avec un ralentissement de l'économie suite à de fortes sécheresses.