Le président ghanéen Nana Akufo-Addo vient de s'engager à réduire la dépendance du pays aux importations alimentaires qui coûtent aux finances publiques 2,2 milliards de dollars par an. Pour y arriver, Accra compte démarrer une série de projets d'investissements dans le secteur agricole, avec pour objectif d'atteindre la barre d'un million d'agriculteurs bénéficiaires du programme, sur les quatre prochaines années.
Soutenir un million d'agriculteurs d'ici 2021
Bien qu'il soit le deuxième producteur de cacao au monde, le Ghana importe plus des deux tiers de ses besoins en denrées de base, notamment le blé et le riz. Cette dépendance à l'import, qui fait craindre un scénario à «l'égyptienne», où la crise monétaire a débouché sur des pénuries de produits de consommation de base, pousse le gouvernement ghanéen à faire de la promotion de l'agriculture, l'une de ses priorités avec l'industrialisation.
Pour rappel, le président Akudo-Addo avait promis la construction d'usines dans chacun des 216 districts du pays. «La facture d'importation est simplement scandaleuse. Initialement, 200 000 agriculteurs ont été ciblés par le programme et devraient recevoir un soutien en intrants, engrais, insecticides, en plus du support d'agents chargés de la vulgarisation», a précisé, Akufo-Addo, en marge d'une conférence qui se tient à Accra. Ce dernier a également déclaré : «Nous pouvons étendre le programme de sorte qu'à la fin de mon premier mandat en 2021, nous aurons environ un million d'agriculteurs ghanéens impliqués dans programme».
Des vœux pieux en période de turbulences
Pour la présidence ghanéenne, le renforcement de l'agriculture permettra, à terme, d'atténuer e chômage chronique des jeunes ghanéens. Selon le Ghana Statistical Service, près de 50% des personnes âgées entre 15 et 24 ans sont à la recherche d'un emploi. L'économie ghanéenne subit actuellement les contrecoups de la baisse des cours du cacao et de la hausse timide des prix du pétrole qui ne dépassent pas la barre des 52 dollars, contre les 56 dollars escomptés par le gouvernement ghanéen.
Le Ghana doit par ailleurs faire face à un déficit qui devra atteindre les 6,5% du PIB à la fin de l'exercice en cours. A cette situation s'ajoute le trou de 1,6 milliard de dollars dans le budget public, alors qu'Accra bénéficie déjà d'une ligne de crédit du FMI de près d'un milliard de dollars. Le gouvernement a d'ailleurs annoncé une extension de huit mois du programme d'appui, consentie par l'institution internationale.
Reste à savoir comment le président Akudo-Addo financera cet ambitieux programme agricole, alors que la dette souveraine du pays a atteint les 73% du PIB en 2016, contre 34% en 2010 et que les revenus publics ont déjà enregistré une contraction de 17% en avril dernier. Le pays doit également faire face aux pressions budgétaires imposées par la crise du cacao et le choix de l'Exécutif de maintenir le tarif versé aux cultivateurs, malgré la baisse de valeur à l'internationale.