Aliko Dangote, l'ogre nigérian

Par Ristel Tchounand  |   |  551  mots
Aliko Dangoté n'est plus à présenter. L’homme le plus riche d’Afrique, selon le classement Forbes, n'a pas l'appétit altéré pour autant. Le presque sexagénaire (59 ans) en veut toujours plus. De la cimenterie à la banque digitale en passant par l’agroalimentaire et la pétrochimie, le businessman nigérian varie les secteurs d'activité avec toujours le même succès.

« Lorsque je me réveille le matin, je me sens heureux, mais pas totalement satisfait parce que nous avons encore beaucoup de choses à accomplir », déclarait Aliko Dangote en février 2015 dans un entretien télévisé. C'est dire l'appétit insatiable de l'homme le plus riche d'Afrique.

Natif de Kano, au Nord du Nigeria, sa fortune est estimée par le magazine Forbes à 12,4 milliards de dollars en 2016. Dangote a très vite gravi les échelons dans le monde des affaires. D'ailleurs c'est ce qu'il sait faire le mieux. Après avoir été à l'école de son grand-père -le business est une affaire de famille- c'est à l'Université Al Azhar du Caire, qu'il suit des études supérieures.

Couteau-suisse des affaires

A 59 ans, Aliko Dangote reste infatigable. Il a certes bâti son empire grâce au ciment, qui représente 85% de son activité et lui a rapporté 2,1 milliards d'euros en 2015, mais l'homme d'affaires nigérian a réussi à tisser une toile multisectorielle, notamment dans l'agroalimentaire, la construction, le pétrole, le gaz, la pétrochimie et même les fertilisants.

Depuis le début de l'année 2016, Dangote a annoncé plusieurs gros projets dont une usine de transformation de tomates dans sa ville natale à Kano. Ayant mobilisé un investissement de 20 millions de dollars, l'unité devrait produire 1.200 tonnes de concentré de tomates par jour, soit 430.000 tonnes par an. Ce serait la plus grande usine de ce type en Afrique. Objectif : approvisionner les Nigérians en un produit très consommé localement et limiter les importations chinoises.

Par ailleurs, Aliko Dangote fait également parler de lui pour son projet de production rizicole, toujours dans son pays. Deux usines de production devraient voir le jour en 2019 avec une capacité de 240.000 tonnes de riz que le business man entend doubler en deux ans. A terme, l'homme fort de Kano vise la production de 950.000 tonnes de riz, soit 45% des importations de riz du Nigéria.

Et pour parvenir à ses fins, il va lancer une raffinerie d'engrais qui devrait être opérationnelle d'ici 2019. Et ses intrants seront importées du Maroc. Il a, dans ce sens, signé, en début d'année, un accord d'approvisionnement en phosphate avec le Groupe OCP.

D'autres projets d'envergure sont également à venir. C'est le cas notamment d'une raffinerie de pétrole ainsi qu'un pipeline gazier. Ce dernier assurera le transport de deux à trois milliards de pieds cubes (56 à 85 millions de mètres cube) de gaz par jour pour la production de 12.000 MW d'électricité.

Secret

Et ce n'est pas tout. Après une expérience avortée dans la banque dans les années 80 -l'établissement avait fini par faire faillite- le milliardaire nigérian revient cette fois avec un projet de banque digitale. Officiellement lancée à la mi-août dernier, l'établissement virtuel devrait réussir à bancariser plus de 40 millions de personnes jusque-là exclues du système bancaire traditionnel.

Ce défenseur de « la libération économique de l'Afrique par les Africains » estime que le « secret » de sa réussite se trouve dans la « diversification » de son activité. Une « diversification » tant sectorielle que géographique. Outre le Brésil et l'Indonésie en effet, Dangote Group est présent dans 14 pays africains. Et depuis quelques mois, Aliko Dangote est en pourparlers avec les autorités ivoiriennes pour y implanter une cimenterie.