Migrants expulsés d'Algérie : les autorités s'expliquent partiellement

Par La Tribune Afrique  |   |  513  mots
Les autorités algériennes viennent de donner une première explication sur l'opération d'arrestation de plus de 1 500 migrants subsahariens dans la capitale, le week-end dernier. Malheureusement aucune explication n'a filtré sur les expulsions en soi dénoncées par les activistes des droits de l'Homme.

C'est de manière partielle et inattendue que les autorités algériennes se sont expliquées sur la question des migrants qui mobilise l'attention de la presse cette semaine. Le gouvernement en se taisant sur les expulsions tant décriées, s'est exprimé sur les arrestations des migrants. Rien de scandaleux, explique la présidente du Croissant-Rouge Saida Benhabylès. Dans les colonnes du journal officiel El Moudjahid, la dame a tenu à dire le bien-fondé de ce qu'elle qualifie de ''transfert'' et non d'arrestation. « Vu la promiscuité qu'il y a dans la capitale », et que cette promiscuité « pose des problèmes d'ordre sécuritaire », les pouvoirs publics ont décidé de « transférer les migrants dans le Sud où les conditions d'accueil sont meilleures », a-t-elle affirmé.

Pourtant, selon la Ligue de défense des droits de l'homme (LDDH), c'est depuis jeudi 1er décembre que quelques centaines de migrants venant de l'Afrique noire, hommes femmes et enfants, ont été arrêtés à Alger, puis emmenés dans un camp. La nuit du même jeudi, un convoi de bus avait conduit une partie d'entre eux à l'extrême sud du pays. Difficile de croire à un transfert. A en croire un témoignage, dans cette nuit-là, des véhicules de gendarmerie et de police se seraient accompagnés de bus et se seraient rendus dans différents quartiers habités par les migrants. Les gendarmes auraient alors demandé aux migrants de monter dans le bus.

La LDDH a dénoncé des actions ne respectant pas les droits humains. Selon elle, le camp dont a parlé Saida Benhabylès, se situant à la périphérie ouest d'Alger est insalubre et les personnes arrêtées, 1400 vendredi soir, y dorment à même le sol. Les activistes des droits humaines dénoncent aussi la violence faite sur les migrants qui refusaient le « transfert », lesquels étaient frappés violemment alors qu'ils se savaient éloignés à plus de 2.000 kilomètre d'Alger.

L'expulsion consommée des migrants

Depuis 2012, l'Algérie n'avait plus expulsé de migrants non-nigériens. Cela a visiblement changé. Le pays a décidé d'expulser les migrants qui ont été arrêté. Un premier convoi avait pris le bus en passant par Tamanrasset (dernière grande ville d'Algérie à 2.000 kilomètre d'Alger) et avec l'autorisation du Niger de traverser son territoire, aucun problème ne devait arriver. Selon les indiscrétions, les migrants seront amenés jusque dans leur pays d'origine.

La nouvelle de l'expulsion avait provoqué la panique générale dans les camps où étaient détenus les migrants. Ce qui a créé un affrontement direct entre les gendarmes et les migrants, occasionnant au passage plusieurs blessés et des fuites.

Ce mercredi 7 décembre, environ 50 camions ont traversé la frontière avec le Niger escortés par la police nigérienne et sont arrivés à Agadez en fin d'après-midi le 7 décembre. D'autres convois devraient suivre le pas. Plusieurs personnes attendent les explications du gouvernement algérien sur l'expulsion et les violences faites. Autant les autres gouvernements que les défenseurs des droits humains.