Nigeria : eNaira, la première cryptomonnaie lancée par un pays d’Afrique

Par La Tribune Afrique  |   |  498  mots
(Crédits : DR)
Le président Muhammadu Buhari a officiellement lancé lundi, eNaira, la monnaie numérique émise par la Banque centrale du Nigeria. Une première sur le continent africain.

La version numérique de la monnaie nationale nigériane est désormais disponible. Les autorités nigérianes ont lancé eNaira, la monnaie fiduciaire numérique émise par la Banque centrale. De valeur équivalente et complètement échangeable contre le Naira, cette cryptomonnaie d'Etat fonctionne comme un portefeuille contre lequel les clients peuvent détenir des fonds existants sur leur compte bancaire, selon les explications du régulateur. Une première sur le continent africain que le président Muhammadu Buhari -lors de la cérémonie de lancement lundi- n'a pas manqué de souligner :

« Nous sommes devenus le premier pays d'Afrique et l'un des premiers au monde à introduire une monnaie numérique pour ses citoyens. »

29 milliards de dollars sur dix ans pour l'économie nationale

Soulignant l'objectif de repousser les limites du système de paiement et faciliter davantage les transactions financières pour tous, le président Buhari a également noté l'impact que pourrait avoir la monnaie numérique sur l'économie nigériane :

« Parallèlement aux innovations numériques, les CBDC [monnaies numériques de banques centrales, NDLR] peuvent favoriser la croissance économique grâce à de meilleures activités économiques. En effet, certaines estimations indiquent que l'adoption de la CBDC et de sa technologie sous-jacente, appelée blockchain, peut augmenter le PIB du Nigeria de 29 milliards de dollars au cours des 10 prochaines années. »

Cinq ans de travaux

Cela fait cinq ans que la Banque centrale du Nigeria travaille sur le projet d'eNaira, dans un pays où les cryptomonnaies ont rencontré un engouement conséquent de la population, celle-ci souvent prise au piège de réseaux frauduleux. A cette ouverture des Nigérians aux transactions financières numériques s'est ajouté le contexte de crise sanitaire qui a quasiment imposé le recours aux transactions dématérialisées.

Mais outre les défis techniques relevés avant cette officialisation d'eNaira, le projet a été bousculé récemment par le recours en justice d'une fintech accusant la Banque centrale de plagiat. Début octobre, le tribunal fédéral rejetait ces allégations et donnait son feu vert au régulateur pour la finalisation du projet.

Le régulateur a dévoilé ce jour les directives réglementaires liées à l'utilisation d'eNaira, tout en précisant le rôle de chaque acteur de l'écosystème. En matière de management du risque, la Banque centrale appelle les institutions financières du pays à mettre en place des mesures appropriées pour garantir une gestion suffisamment efficace face aux cyber-menaces.

Sur le volet technique, la Banque centrale nigériane travaille en partenariat avec Bitt, une entreprise basée à la Barbade. A ce stade, 33 banques, 2 000 clients et 120 commerçants se seraient déjà inscrits avec succès sur la plate-forme disponible via une application sur Apple et Android, selon l'autorité bancaire.

Après le Nigeria, le Ghana -qui teste l'eCedi depuis septembre- pourrait être le prochain pays d'Afrique détenteur d'une monnaie numérique. A suivre!