En Corée du Sud, la BAD braquera les projecteurs sur l'industrialisation de l'Afrique

Par Sylvain Vidzraku  |   |  704  mots
(Crédits : Reuters)
Institution financière panafricaine ayant pour but d'aider le continent africain à financer son éclosion, la Banque africaine de développement (BAD) tient du 21 au 25 mai 2018 à Busan, en Corée du Sud, ses Assemblées annuelles 2018. D'après les sources de la Banque, ce rendez-vous de haut niveau sera placé sous le thème de l'industrialisation de l'Afrique, une priorité stratégique pour accélérer le développement du continent.

Pour la Banque africaine de développement (BAD), l'industrialisation est plus que jamais une priorité pour le développement de l'Afrique. D'après une publication de l'institution, ses prochaines Assemblées annuelles (AA) qui se dérouleront à Busan (Corée du Sud) seront axées sur le thème « Accélérer l'industrialisation de l'Afrique ».

« Le secret de la richesse des nations est évident : les nations développées ajoutent de la valeur à tout ce qu'elles produisent, et les nations pauvres exportent des matières brutes. L'Afrique doit sortir de sa position au plus bas des chaînes de valeur mondiales et avancer rapidement vers son industrialisation, en ajoutant de la valeur à tout ce qu'elle produit », indique  Akinwumi Adesina, président de la BAD cité dans la publication.

La même source précise que cette position du Top management de l'institution panafricaine est approfondie dans le préambule d'un document phare de la BAD intitulé « Industrialiser l'Afrique : stratégies, politiques, institutions et financement », lequel sera grandement diffusé lors des AA. « A Busan, de solides éléments factuels solides seront versés aux discussions afin de permettre de mieux comprendre pourquoi des pays africains continuent de stagner alors que d'autres Etats du monde avancent à grands pas vers l'industrialisation », vient confirmer la BAD dans sa publication.

La faible industrialisation, une des causes du retard de développement

Pour la BAD, le faible niveau de développement de l'Afrique à l'échelle mondiale est dû à la précarité des industries du continent. « L'industrie africaine génère un Produit intérieur brut moyen par habitant de 700 dollars, soit à peine un cinquième de celui de l'Asie de l'Est (à 3 400 dollars), ce qui explique probablement pourquoi le continent continue de dépendre des économies industrialisées pour répondre à la plupart de ses besoins, malgré la forte croissance économique qu'il enregistre depuis près de vingt ans », illustre la Banque avant d'établir le constat selon lequel, « les ressources naturelles à faible technologie non transformées constituent la plus grande partie des exportations de l'Afrique : elles représentent, par exemple, à elles seules plus de 80 % des exportations de l'Algérie, de l'Angola et du Nigeria ».

Pour tenter de remédier à cette situation, ces AA rassembleront divers participants dont, des chefs d'État, des directeurs généraux des secteurs public et privé, des partenaires au développement, des universitaires de même que des représentants de la société civile et des médias qui réfléchiront ensemble sur la question de l'industrialisation de l'Afrique et des problématiques connexes, dont le changement climatique, les infrastructures, le secteur privé et la gouvernance. La BAD a indiqué dans sa publication que ces rendez-vous permettront aussi au public réuni, de partager des connaissances « afin de proposer de nouvelles idées en matière de développement et de financement de l'industrialisation de l'Afrique ».

La Corée comme modèle

Le choix porté sur la Corée du Sud pour accueillir les prochaines AA de la BAD n'est pas un hasard. Déjà, en marge des AA, est prévu se tenir les 22 et 24 mai 2018, la Conférence 2018 sur la Coopération économique Corée-Afrique (KOAFEC), organisée sur le thème « L'Afrique et la quatrième révolution industrielle : un tremplin pour sauter des étapes ? ». Pour la BAD, il s'agit surtout de profiter de l'expérience de la Corée pour amorcer le développement sur le continent. « Ainsi, dans les années 1960, les perspectives économiques de la Corée étaient moins favorables que celles de la plupart des pays d'Afrique. Aujourd'hui, la Corée s'est hissée au sommet du palmarès du développement », relate la Banque soulignant ensuite que « la transformation industrielle du pays a fait la renommée de ses produits électroniques haute technologie grand public, ses véhicules, ses navires et ses plateformes pétrolières et gazières. Actuellement, la Corée construit la plus grande plateforme semi-submersible au monde».

Notons que lors de la KOAFEC, les dirigeants politiques africains et leurs homologues de la Corée présenteront leurs visions et leurs stratégies pour l'industrialisation. Ils aborderont aussi ensemble, les solutions envisageables pour relever les défis de sa mise en œuvre.