Au temps d’un peu de prospective et les raisons d’y croire  !

Au temps des vœux en ce début d'année 2023, essayons - une fois n'est pas coutume - de substituer un peu de prospective, à défaut d'oser parler d'anticipation. Trois signaux nous donnent pour l'Afrique (s) et pour d'autres des raisons d'y croire.
(Crédits : CR)

Le premier signal vient bien d'Afrique (s). Dans son rapport sur les perspectives économiques 2022, la BAD (Banque africaine de développement) indique une croissance du PIB du continent de plus de 4 % après une année 2021 à près de 7 %. Un ralentissement en trompe l'œil, avec le Rwanda qui progresse de 10 % et le Niger qui devrait atteindre une croissance de 8 % du PIB en 2023, juste en deçà du Sénégal à 8,2 %.

Et même si le poids de l'endettement reste très élevé sur le continent, et donc un frein considérable, c'est - aux dires des prévisions d'automne du FMI et des analyses du Global Sovereign Advisory - dans les économies avancées que la dette publique est le double de celles des économies émergentes. 2023, une année de contrastes, mais ne nous trompons pas, de très belles perspectives économiques pour nombre de pays

Le second signal, c'est tout de même le constat alarmant fait par le rapport 2022 sur les ODD mené conjointement par la BAD, la Commission de l'UA, le PNUD et la CEA (Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique) : dégradation des sols et déforestation impactent 65 % de la population, polluants organiques et chimiques en croissance, dettes publiques en hausse et ressources financières intérieures en berne, ce sont près de 350 millions d'Africains qui risquent l'extrême pauvreté d'ici à 2050 sans accélération - et priorisation - des politiques publiques liées aux ODD. Et pourtant certains pays montrent la voie : Maroc, Rwanda, Niger... L'Agenda 2030 des ODD est à portée pour certains, ceux qui se sont donné les moyens de prioriser leurs politiques publiques.

Enfin, dernier signal notable, c'est celui qui place l'Afrique (s) au centre de l'économie verte mondiale - nouveau « mantra » -  par ses ressources rares encore considérables :manganèse, cobalt, lithium, niobium, vanadium...la liste est longue et les besoins en très forte croissance. Et si l'on évoque les crédits carbone, ils sont maintenant rendus commercialisables et représentent un financement potentiel additionnel très important : le continent est - grâce à ses forêts - le deuxième puits carbone au monde. Certains l'ont bien compris, à l'instar du Gabon qui a déjà reçu depuis 2018 les premières monétisations de ses crédits.

Pascal Lamy n'a cessé de le répéter, année après année, « l'Afrique a le choix de ses partenaires pour l'avenir ». Encourager un meilleur dialogue Afrique-Europe qui permette de diminuer la surprime de risque lié à une vision passéiste, investir massivement dans le triptyque « transport/énergie/réseaux » pour lever les barrières à l'intégration régionale et concevoir que la notion même de profit à long terme pour le secteur privé supposent une réalité du partage, voilà quelques pistes pour 2023... et au-delà.

Et arrêtons d'utiliser le bal des mots concoctés par nos chers communicants et au premier desquels cet empressement à « accélérer » sans cesse, comme l'étendard d'un dynamisme de bon aloi, comme si aller éternellement plus vite devait assurer le bon port... Il faut plutôt savoir partir à temps. Et lever le regard au-devant pour gérer les crises , plutôt que par les crises

(*) Président du think tank (Re)sources et ancien président Afrique MEDEF International.

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