Territoires africains : au nom du local !

Les défis de notre temps s’expriment et se mesurent avant tout, à l’échelle locale. Pour les relever convenablement, les Etats et territoires africains sont appelés à faire du local, l’échelle de base du progrès, car il va sans dire que la décentralisation ambitieuse est l’euphémisme du développement intégral de nos collectivités.
(Crédits : DR)

A l'heure des sauts quantiques, nombre de territoires africains, malades de leurs ressources, agonisants de challenges aux plans sanitaire, économique, social, culturel, etc. doivent malgré tout faire face à une conjoncture souvent inconfortable, sans grandes perspectives. Avec des infrastructures insuffisantes ou inexistantes, des populations toujours plus demandeuses de services, l'inexistence de plans de développement et une vision factice des revers de la métropolisation ; les collectivités locales africaines doivent se réapproprier leurs territoires, et pactiser avec le local, pour prospérer et croitre sans se mutiler.

Renforcer l'ancrage local des territoires

Face à des responsabilités sans cesse croissantes, des dotations stagnantes ou en baisse, et une mauvaise maîtrise des prévisions, le compromis n'est pas toujours évident. Les dépenses sont à ajuster. Et ce sont généralement les infrastructures et les investissements qui en pâtissent. L'insuffisance d'emplois pour les jeunes, celle du service public et celle des équipements apportent une ombre indésirée à un tableau déjà contrasté.

Doit-on dire que la décentralisation africaine suffoque ? Doit-on attendre plus d'engagement des Etats pour une plus grande assistance aux territoires ? Doit-on en espérer des politiques d'aménagement du territoire et d'équipement plus volontaristes ? Certes. Mais serait-ce efficace, si l'idée biscornue d'une ville principale, motrice du développement de toute sa région, n'est pas combattue dans l'esprit des décideurs du continent ? Certainement pas. Car si Jean Viard disait que « les métropoles ont mis le feu et capté la lumière », c'est bien parce que -toutes choses égales par ailleurs - le développement des villes principales (louable à tous égards) n'est pas toujours suivi d'un impact positif sur les villes secondaires avoisinantes. Non. Ce qui importe c'est de renforcer l'ancrage local des territoires afin d'y expliciter les meilleurs leviers de croissance.

Trouver le meilleur ajustement

En effet, pour créer de la richesse et de stimuler la productivité sans tomber dans une impasse environnementale, le grand enjeu des territoires africains, est de repenser leur rapport à l'espace. Ensuite, il faut démocratiser l'accès au numérique, construire des infrastructures durables et accroître les services. Car le numérique est la passerelle du désenclavement digital de nos territoires, de leur ouverture sur le monde, de leur productivité, de l'amélioration de la qualité des services, et de l'accès aux opportunités. Avec des populations jeunes et attachées à leurs territoires, c'est un impératif hautement constructif pour booster les possibles du local en Afrique. Le numérique doit être considéré en Afrique comme un service social de base. De plus c'est à travers ce levier et la création d'infrastructures que l'on saura bâtir l'idée d'une Afrique des territoires mutants, dans un monde non moins frénétique.

Au final, il nous faut renforcer les pouvoirs de la décentralisation en rompant avec les traditions jacobines au profit de politiques décentralisées, spécifiques et définies au plus près des exigences réelles des territoires qui s'expriment. Mais le point de décrochement, reste incontestablement le domaine normatif. C'est le lieu d'en appeler à des réglementations modernes, capables de doter les territoires des marges de manœuvre suffisantes pour adapter et ancrer territorialement la décision publique afin d'en faciliter la compréhension, l'appropriation et l'adhésion par le commun des mortels. Aussi, serait-ce peut-être temps de trouver des formules pour renforcer la capacité des Communes africaines à engager des investissements nécessaires à leur développement sans exploser le déficit public. Au nom du local !

(*) Ingénieur civil.

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