[Paris Peace Forum] La paix commence chez soi : l'exemple du Nigéria

La paix est un défi incontournable, comme l'illustre le Forum de Paris sur la paix. Faut-il le rappeler, elle doit commencer chez soi : le gouvernement nigérian doit prendre cette question au sérieux pour que les atrocités dans la Middle Belt cessent.
(Crédits : DR.)

Le quatrième forum annuel de la paix s'est ouvert à Paris, jeudi 11 novembre, en présence du président français Emmanuel Macron et de la vice-présidente américaine Kamala Harris. Cet événement international sur la gouvernance mondiale et le multilatéralisme est consacré cette année à la réduction des fractures mondiales.

J'ai suivi de près les thèmes qui seraient abordés lors de cet événement spécial. La présence de Kamala Harris est en effet un signal de la volonté des États-Unis de revenir au cœur de la communauté internationale. Les sujets sont pertinents, bien sûr (digitalisation, Covid-19, comment faire évoluer le capitalisme...) et les nombreux invités présents sont prestigieux. Mais je déplore l'absence d'une problématique pourtant majeure : la question de la liberté religieuse et de la liberté de conscience.

La présence à Paris du président nigérian, Muhammadu Buhari, doit pourtant être l'occasion de relever ce défi. Si le président rappelle aux pays du Nord la nécessité de fournir plus de vaccins au continent africain, il est également essentiel que les pays du Nord rappellent au président ses engagements pour garantir les libertés religieuses dans son pays, qui continuent malheureusement d'être mises à mal. En effet, le Nigéria a été placé sur la liste des pays particulièrement préoccupants en 2020 par les États-Unis en raison de "violations systématiques, continues et flagrantes de la liberté religieuse. Les attaques violentes de Boko Haram et les conflits ethno-religieux sont devenus plus fréquents, et sont exacerbés par le système judiciaire" (source : USCIRF).

La paix est un défi incontournable, comme l'illustre le Forum de Paris sur la paix. Faut-il le rappeler, elle doit commencer chez soi : le gouvernement nigérian doit prendre cette question au sérieux pour que les atrocités dans la Middle Belt cessent. C'est une question essentielle pour le pays le plus peuplé d'Afrique s'il veut poursuivre son développement. Nous avons tous besoin d'un État nigérian solide, comme nous avons besoin du Tchad et du Sahel comme régions stables.

En janvier 2020, nous étions plusieurs députés européens à signer une résolution avec demande d'inscription à l'ordre du jour d'un débat au Parlement européen, sur des cas de violation des droits de l'homme, de la démocratie et de l'État de droit au Nigéria, notamment à la suite des attaques terroristes qui se sont produites à cette époque dans le pays. Plus d'un an après, je regrette de constater que la situation n'a pas évolué, du moins pas pour les minorités religieuses concernées.

Des évènements comme le Forum de Paris sur la paix sont une occasion unique de faire la différence. J'appelle donc les dirigeants des pays de l'Union européenne, le président du Conseil M. Charles Michel, et tous les dirigeants internationaux concernés, à souligner l'importance d'une situation pacifique au Nigéria pour les minorités religieuses.

Sinon, ce sera la guerre de tous contre tous et, comme l'a dit William Hague, "l'Afrique fera passer la crise afghane pour une attraction secondaire". D'un point de vue humanitaire, ce sera un désastre. Le Nigéria a souvent été décrit comme étant "too big to fail" (trop gros pour faire faillite) : les récents évènements comme les enlèvements massifs d'écoliers et les attaques terroristes indiquent clairement que ce n'est pas le cas, et que les conséquences d'une guerre civile lancinante au Nigéria seraient dramatiques. Réveillons nous, appelons à la responsabilité de tous, à commencer par nos dirigeants, africains comme européens.

(*) Député européen, Groupe du Parti populaire européen (Démocrates-Chrétiens).

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