De quoi la réélection d’Alassane Ouattara est-t-elle le nom ?

La stabilité économique actuelle en Côte d’Ivoire est un facteur essentiel dans l’essor de l’Afrique occidentale.
(Crédits : DR)

La réélection d'Alassane Ouattara est une excellente nouvelle pour l'Afrique occidentale. Cette affirmation va sans doute chiffonner quelques esprits du côté d'Abidjan mais, en tant que béninois, je préfère me tenir loin de ces querelles politiques internes pour me concentrer sur les réalités économiques de cette partie du continent, dont la Côte d'Ivoire est le poumon.

Personne ne peut contester le très bon bilan économique du président Ouattara. Lorsque ce dernier a pris sa fonction en 2011, il a promis de faire de son pays une force émergente en 2020. Pari tenu. Dès 2012, la croissance du PIB s'est hissée à un peu plus de 11%, et sur les neuf dernières années, la croissance moyenne de cet indicateur est de 8%. Peu de pays au monde font mieux actuellement.

Ces performances, qui rappellent la période faste du «Miracle ivoirien» entre 1960 et 1978, s'expliquent aisément. Alassane Ouattara a officié comme économiste au FMI. Il a été gouverneur de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO). Il connaît parfaitement les rouages financiers du monde actuel. Il s'est appliqué à mettre en place une politique favorable aux investissements étrangers, qui ont ainsi régulièrement augmenté, à la faveur d'un nouveau « code » proposé par le gouvernement, et validé par le Parlement. Ce texte consacre l'octroi des crédits d'impôts, plutôt que des exonérations fiscales et encourage la participation locale et celle des petites et moyennes entreprises (PME).

Autre face visible de cette action : la création du Centre de Promotion des Investissements en Côte d'Ivoire. Entre 2013 et 2018, ce Centre a facilité la création de plus de 57 000 entreprises qui emploient aujourd'hui près de 150 000 personnes, selon des chiffres fournis par cette institution. Ces performances participent à l'expansion de la classe moyenne. A pouvoir d'achat égal, le PIB par habitant est estimé à 4000 dollars. Un niveau largement au-dessus de la moyenne en Afrique subsaharienne. Pas étonnant que la population ivoirienne constitue un marché particulièrement attractif pour beaucoup de compagnies internationales !

Ces réformes sont significatives par leur impact, puisqu'elles ont directement favorisé l'émergence de secteurs comme les services, l'industrie et le domaine extractif. Mais surtout, elles sont symboliques car elles ont posé les bases d'une transformation institutionnelle profonde. La Côte d'Ivoire figure maintenant dans le top 10 des pays africains d'après le rapport de la Banque mondiale sur l'environnement des affaires. Le pays obtient également d'excellents résultats dans l'étude, toujours de la Banque mondiale, qui classe les pays en fonction de leurs améliorations institutionnelles.

En faisant de la stabilité institutionnelle un acquis, le président Ouattara a posé le cadre nécessaire à une économie dynamique. Cette double dynamique fait la fierté des Africains de l'ouest. Mais plus important encore, elle consolide toute la région continentale. L'Afrique de l'Ouest ne s'appréhende plus aujourd'hui comme un conglomérat de nations mais comme une globalité, se structurant autour d'une culture et d'une ambition communes, comme le prouve la coopération renforcée entre Abidjan et Dakar.

Dans un monde toujours plus globalisé, ces fondamentaux sont nécessaires pour favoriser la naissance et la croissance d'entreprises et de marques, portant l'identité africaine dans le monde. C'est le défi que l'Afrique occidentale semble prête à relever.

*Michael Tchokpodo est analyste spécialisé sur les questions économiques et politiques.

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