Et si le retour de Laurent Gbagbo marquait la fin de la longue crise ivoirienne ?

Quand la Cour pénale internationale (CPI) a prononcé l'acquittement de Laurent Gbagbo le 15 janvier 2019, beaucoup d'Ivoiriens et d'amis de la Côte d'Ivoire ont poussé un ouf de soulagement. Le pire venait d'être évité.
(Crédits : Reuters)

En effet, difficile d'imaginer une Côte d'Ivoire réconciliée avec elle-même, avec un Laurent Gbagbo derrière les barreaux pour une longue durée. Même pour ses adversaires politiques les plus acharnés, la stature de l'homme est telle qu'elle leur impose de le prendre en compte dans l'équation à multiples inconnues qu'est désormais le champ politique ivoirien.

Le prochain pas dans le processus de réconciliation ardemment désirée par les différentes parties est le retour au pays de l'ancien président. Si des empêchements d'ordre administratif ont longtemps retardé ce retour sur la terre de ses aïeux, tout semble désormais fin prêt pour que "Woody de mamama" comme le surnomment ses partisans, foule le sol éburnéen.

« La Côte d'Ivoire est aujourd'hui à un tournant de son Histoire »

Ce retour doit se lire à l'aune de la volonté du pouvoir ivoirien d'apaiser le climat politique et de favoriser la cicatrisation des blessures issues de la crise de 2010-2011. En effet, la Côte d'Ivoire est aujourd'hui à un tournant de son Histoire. Sous la direction d'Alassane Ouattara, le pays a impressionné le monde par ses robustes performances économiques. De l'agriculture au secteur des services en passant par l'industrie, l'éléphant ivoirien barrit désormais. Seule ombre au tableau d'un progrès qui ne peut qu'être profitable à ses populations, la situation politique et l'agenda de la réconciliation.

Si la dernière élection a eu l'avantage de faire bouger les lignes, il reste désormais à inscrire le destin ivoirien dans la durabilité et donc, régler l'épineuse question de la réconciliation. En favorisant le retour de Laurent Gbagbo chez lui, le pouvoir ivoirien envoie un véritable signal fort.

« La nation éburnéenne attend de Laurent Gbagbo qu'il revête le manteau d'un sage et d'un apôtre de la paix »

Il appartient désormais à Laurent Gbagbo de participer à cette vision de paix et de réconciliation. S'il adoptait cette posture, il inscrirait son nom aux côtés de celui des grands hommes de l'histoire politique africaine. En effet, ce que la Côte d'Ivoire attend aujourd'hui de Laurent Gbagbo est qu'il mette son envergure au service de l'apaisement des tensions.

Alors qu'une génération jeune et dynamique ambitionne de prendre en main les destinées de son pays, une page de l'Histoire politique de la Côte d'Ivoire doit se tourner. Il appartient aux uns et aux autres de ne pas s'agripper aux leviers du pouvoir, mais de contribuer à une transition en douceur. La nation éburnéenne attend de Laurent Gbagbo qu'il revête le manteau d'un sage et d'un apôtre de la paix.

« L'Histoire reconnaîtra au pouvoir d'Alassane Ouattara le mérite d'avoir terminé une guerre qu'il n'avait pas forcément déclenchée »

Pour lui permettre d'endosser ce costume taillé sur mesure, le pouvoir d'Abidjan doit continuer ses actions en faveur de l'apaisement. Ainsi, il apparaît clairement qu'un Gbagbo poursuivi dans l'affaire dite du « casse de la banque centrale »ne ferait pas les affaires de la paix et de la réconciliation. S'il a, avec le temps, acquis une stature de martyr, il n'est nul besoin de renforcer ce statut avec des démêlés judiciaires. « Je ne compte pas l'amnistier, mais je compte prendre une décision qui facilite son retour » rappelait récemment Alassane Ouattara.

Ce retour en terres ivoiriennes doit sceller trente ans de conflits fratricides entre les leaders politiques. La réconciliation véritable entre fils et filles de Côte d'Ivoire, tel est le message que doit porter ce retour prochain de l'ancien président. Si tel est le cas, l'Histoire reconnaîtra au pouvoir d'Alassane Ouattara le mérite d'avoir terminé une guerre qu'il n'avait pas forcément déclenchée.

(*) Journaliste spécialisé dans les domaines de gestion publique.

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Commentaires 2
à écrit le 22/12/2020 à 16:02
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Etes-vous sûr de votre thèse selon laquelle Dramane n'a pas déclenché la guerre ? Nous sommes tous témoins de ce qui se passe depuis plus de 30 ans. Alors monsieur le journaliste épargnez-nous la réécriture de l'histoire récente de la Côte d'Ivoire.

à écrit le 22/12/2020 à 16:01
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Etes-vous sûr de votre thèse selon laquelle Dramane n'a pas déclenché la guerre ? Nous sommes tous témoins de ce qui se passe depuis plus de 30 ans. Alors monsieur le journaliste épargnez-nous la réécriture de l'histoire récente de la Côte d'Ivoire.

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