2030 : entendez-vous le tic-tac de l’horloge mondiale ?

Si 2030 est la date butoir fixée par les Nations unies comme un cap de travail pour aligner les États, les entreprises et les acteurs de la société civile sur leur mise en action pour sauver la terre, éradiquer l'extrême pauvreté et réduire les inégalités, l'échéance proche résonne désormais comme un cri de ralliement.
Amandine Lepoutre est présidente et co-fondatrice de Thinkers&Doers, un réseau international qui rassemble les entreprises et les entrepreneurs citoyens sous la bannière « Economy for Humanity ». L’organisation propose des programmes et des actions collectives concrètes à ses membres pour accélérer la transition écologique et sociale, à un niveau international.
Amandine Lepoutre est présidente et co-fondatrice de Thinkers&Doers, un réseau international qui rassemble les entreprises et les entrepreneurs citoyens sous la bannière « Economy for Humanity ». L’organisation propose des programmes et des actions collectives concrètes à ses membres pour accélérer la transition écologique et sociale, à un niveau international. (Crédits : Cyrille George Jerusalmi)

2030 dit l'urgence. Celle d'aujourd'hui. Et prend des airs de compte à rebours pour demain. Car c'est bien la question de l'action qui est posée lors de cet événement qui réunit les décideurs politiques, les dirigeants des plus grandes entreprises du monde, les chercheurs, les activistes. La mise en tension est forte. Avant le démarrage des discussions aux United Nations, le Times a fait de la rétro fiction et titrait « 2050, comment la terre a survécu ». Même le grand Financial Times faisait sa Une et inscrivait en lettres capitales, sur un fond jaune vif, « Capitalism. Time For a Reset ». L'agenda mondial est sous tension. L'attente est d'autant plus grande que les menaces d'une amplitude inédite pèsent sur l'avenir de l'humanité. Environnement, démocratie, prospérité partagée, ces trois piliers vacillent, et si l'un d'eux cède, c'est l'édifice qui s'effondre.

Un espoir cependant : les consciences - entrepreneuriales, financières, économiques, citoyennes, politiques et médiatiques - s'éveillent. Le temps, malgré le compte à rebours pressant de 2030, est bien à l'action. En témoigne l'incursion fulgurante de la question de l'impact des entreprises pour implémenter des solutions à un niveau international. Les entreprises s'allient, les coalitions se multiplient. Les annonces et pactes se succèdent du côté des grandes corporations comme la signature par 180 CEO américains de la Business Roundable d'une charte sur la conscience des entreprises, le lancement de la coalition Business for Inclusive Growth ou encore Pact for Impact pour créer une alliance internationale sur les sujets d'économie sociale et solidaire, etc. Tous amorcent des programmes d'engagements pour une croissance inclusive et des actions menées collectivement. L'ONU a lancé, dans cette mouvance, le Global Compact, pour faire entrer les entreprises en faveur du développement durable aux Nations unies.

En tant que nouveau signataire du Global Compact qui nous permet de mobiliser nos réseaux autour de nos initiatives sur la croissance inclusive, le climat et la tolérance, nous, Thinkers&Doers, participons a de nombreux groupes de réflexion et de travail. Nous portons la voie des entreprises citoyennes de notre réseau et notamment les travaux que nous avons préparés ensemble à Essaouira lors des États Généraux des Entreprises Citoyennes. Une conviction de plus en plus forte : si elles sont salutaires, toutes ces initiatives doivent être sans relâche soutenues, amplifiées, coordonnées.

Mais, plus encore, nous avons entre les mains une opportunité unique. Celle de créer un nouveau mode de gouvernance internationale. Celui où l'action prime. Sur tout. Celui où les entreprises et les acteurs économiques - en s'invitant à la table de ce nouvel ordre mondial qui se dessine - ont le pouvoir de faire basculer la donne en matière de transition écologique et sociale. Celui où les programmes concrets, audacieux, radicaux développés ou soutenus par les entreprises pour répondre aux Objectifs de développement durable, doivent primer avant tout sur la compétition, les pesanteurs partisanes et les jeux d'ego qui ont freiné tant de réformes fondamentales pour l'avenir de nos sociétés, de notre planète.

Les entreprises, les acteurs économiques deviennent des organes, des instances sur lesquels les gouvernements doivent s'appuyer pour massifier l'action et pour prototyper, tester, implémenter des programmes qui répondront simultanément aux engagements énoncés dans l'agenda 2030. Et les gouvernements, les instances internationales ne réussiront pas seuls ces challenges et la mise en œuvre des 17 ODD définis par l'agenda 2030 des Nations unies. C'est bien avec les acteurs économiques qu'ils y parviendront. C'est cette prise de conscience que l'on note ici, à New York. C'est ce discours dominant qui devient la norme. Le capitalisme doit évoluer. Se réinitialiser. Tout comme la diplomatie internationale qui doit faire de la place aux acteurs économiques et les inviter à la table des négociations.

Et plus que tout, il faut arrêter de trop parler. Agissons. Collectivement. Dans nos organisations. En suivant le cadre d'actions proposés par les ODD.  C'est aussi à l'échelle de nos écosystèmes que tout se joue. Nous pourrons dire, alors, que la nouvelle gouvernance mondiale est en marche. Celle qui dans laquelle les entreprises prennent leurs responsabilités. Toutes leurs responsabilités. Et actent leurs engagements. Localement. Et internationalement.

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