Alexandra Palt : « Soutenir toujours plus et mieux les femmes de science en Afrique » [Tribune]

La science et la technologie sont clés pour accompagner la croissance démographique et économique du continent africain. Il est donc indispensable de soutenir le monde de recherche, qui manque encore cruellement de financements. Il est aussi vital d'encourager les femmes à y prendre toute leur place.
Pour Alexandra Palt, la place des femmes africaines dans le monde de la recherche est en train de changer.
Pour Alexandra Palt, "la place des femmes africaines dans le monde de la recherche est en train de changer". (Crédits : DR)

L'Afrique est un continent d'une richesse, d'une créativité et d'une diversité incroyables. D'ici à 2050, cette région du monde comptera plus de deux milliards d'habitants. L'expansion économique qui accompagne la croissance démographique ne doit cependant pas faire oublier que les 54 pays du continent doivent faire face à des défis majeurs, comme le dérèglement climatique, la pauvreté ou encore la raréfaction des ressources.

La science et la technologie sont et seront clés à n'en point douter pour relever ces défis. Il est indispensable que les femmes comme les hommes scientifiques soient en mesure de contribuer pleinement et équitablement au développement de solutions, en favorisant l'innovation et en enrichissant la recherche au niveau local.

A peine plus d'un quart des chercheurs africains sont des femmes

Aujourd'hui, il n'y a pas assez de femmes scientifiques en Afrique. Et il y a de fortes disparités entre les pays. La proportion de femmes dans le domaine de la recherche est de 29% pour l'ensemble de l'Afrique Subsaharienne, quand elle dépasse les 45% en Tunisie et en Égypte. Au Kenya, sur une population de 48 millions d'habitants, 300 personnes obtiennent un doctorat chaque année, et seulement 75 d'entre elles sont des femmes. Au Tchad seulement 5% des chercheurs sont des femmes. En Afrique de l'Ouest, seuls 8 % des laboratoires de recherche sont dirigés par des femmes.

Il existe évidemment de nombreux obstacles auxquels se heurtent les scientifiques, en particulier dans les pays les plus pauvres du continent : manque de financements, ressources insuffisantes pour équiper les laboratoires ou pour encourager la recherche scientifique.

Briser le plafond de verre

Mais il existe aussi des obstacles plus spécifiques pour les femmes. Les femmes scientifiques étant peu nombreuses, elles sont peu à pouvoir servir de modèles, peu à pouvoir inspirer les jeunes femmes à embraser ces carrières, et donc peu à pouvoir contribuer à changer des traditions culturelles profondément ancrées, comme la gestion de carrière articulée à la maternité par exemple. Trouver un équilibre entre gestion de ses études et responsabilités familiales constitue en effet un défi supplémentaire pour les femmes scientifiques en devenir, partout dans le monde et particulièrement en Afrique. Certaines peuvent également se trouver confrontées à des verrous au sein de leur propre système académique.

Il est essentiel de soutenir et de mettre en valeur les chercheuses africaines en science, technologie, ingénierie ou encore en mathématiques, car le continent a besoin de leurs talents.

Un programme de bourse pour promouvoir les femmes de science

Depuis 20 ans, la Fondation L'Oréal et l'UNESCO ont mis en lumière et récompensé au niveau international 102 femmes scientifiques d'exception pour leurs travaux, dont trois ont reçu un prix Nobel. Grâce à ce programme commun baptisé For Women in Science, qui s'est déployé dans de nombreuses régions du monde sous la forme de bourses, nous avons rendu hommage à plus de 3 100 femmes scientifiques dans 110 pays. Depuis 9 ans, un programme régional pour l'Afrique sub-Saharienne accompagne de jeunes chercheuses du continent. Nous leur proposons une aide financière pour soutenir et accélérer leurs travaux. Pour la première fois cette année, nous avons en plus décidé de leur offrir un programme de formation au leadership, pour les armer à faire face aux obstacles auxquels elles ne manqueront pas de se heurter dans leur carrière.

Nous avons récompensé, le 6 décembre, 14 jeunes femmes scientifiques, originaires du Ghana, du Kenya, de l'île Maurice, du Nigeria et d'Afrique du Sud.

Nouvelles approches pour traiter la tuberculose, construction de systèmes de résilience au climat pour les petits producteurs de café, recherches pour la préservation des colonies d'abeilles ou encore meilleure compréhension des interactions chimiques sur les moustiques... Les sujets de recherche de chacune d'entre elles sont source d'inspiration pour celles et ceux qui veulent façonner le monde par la science et inventer des solutions pour faire face à ses défis.

La place des femmes africaines dans le monde de la recherche est en train de changer.

Parce que le monde a besoin de la science, que l'Afrique en particulier a besoin de science, et que la science a besoin des femmes. Telle est notre conviction.

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