Le projet chinois des nouvelles routes de la Soie et l’Afrique du Nord : quel positionnement pour la Tunisie ? Un géant à nos portes ! [Tribune]

Le Programme Régional Sud Méditerranée de la Konrad-Adenauer-Stiftung, représenté par Dr Canan Atilgan, vient de mettre en ligne et de publier une étude approfondie et inaugurale pour la région maghrébine et la Tunisie rédigée par M. Mehdi Taje, professeur de géopolitique et de prospective, Directeur de Global Prospect Intelligence, en collaboration avec le Contre-Amiral (R) Tarek Faouzi El-Arbi. Cette étude intitulée «Les nouvelles routes de la Soie et l’Afrique du Nord : quelles synergies ?» . La Tribune Afrique vous propose une tribune de son auteur.
(Crédits : DR)

Pragmatique, cette étude aspire à lever le voile sur ce projet de projection de puissance impériale inédit dans l'histoire de la Chine, d'en examiner les ressorts géopolitiques, économiques, culturels, etc. avoués et non avoués, d'en décrypter l'impact sur notre voisinage euro-méditerranéen et en Afrique du Nord afin d'identifier des orientations stratégiques permettant aux autorités tunisiennes d'en tirer le meilleur parti et de dégager une vision stratégique à court et moyen terme quant à son positionnement au sein de ce projet qu'elle ne peut manquer.

Le contraste saisissant entre le sommet du G7 tenu au Canada marqué par des tensions entre les 6 et une Amérique «trumpienne» bousculant les liens transatlantiques et les équilibres économiques entre Occidentaux et le sommet de l'OCS (Organisation de Coopération de Shanghai) tenu en Chine s'érigeant en modèle d'intégration eurasiatique, d'unité des puissances dites «révisionnistes» et de promotion du multilatéralisme, révèle la fin du monde que nous connaissions et le reclassement des puissances en cours avec un déplacement du centre de gravité irréversible vers l'Asie.

Trump G7

Putin Xi

Ce monde chaotique, fragmenté, brisé, en cours de reconfiguration, dérégulé sur les plans stratégiques et vecteur de tensions multiples, nous interpelle tous et dicte plus que jamais une nécessaire analyse des dynamiques à l'œuvre, des forces en présence, du jeu des uns et des autres, des objectifs avoués et non avoués. Il appelle une vigilance et une remise en cause des dogmes passés, une capacité à innover et à s'interroger. Il impose une clarté des visions, une capacité à déchiffrer, à anticiper, à construire des stratégies à court et à moyen terme, de l'audace, du réalisme et du pragmatisme. Ce monde dicte fluidité, agilité et mobilité. Dans ce brouillard stratégique amplifié par la révolution numérique et digitale, nous ne pouvons demeurer passifs, subissant, à l'image d'un bateau ivre, les convulsions de ce monde agité et tourmenté. La Tunisie ne vit pas en autarcie : à moins de gémir en subissant, nous serons amenés à apprendre à cultiver une certaine multipolarité. L'intelligence des situations doit prévaloir. La Tunisie est appelée à développer une diplomatie plus audacieuse et ambitieuse en mesure de tirer le meilleur parti des reconfigurations en cours, de saisir les opportunités et de contrer les menaces. Fondée sur le réalisme, le pragmatisme et l'audace, il s'agira de veiller à la conceptualisation d'une politique étrangère axée sur la défense des intérêts stratégiques nationaux. Cette diplomatie tunisienne innovante devra favoriser l'anticipation des ruptures et permettre souplesse et agilité face à un contexte en évolution perpétuelle. Eviter la paralysie et reprendre l'initiative s'érigent en impératif.

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