L'entrepreneur au cœur du développement africain

La compréhension du rôle moteur probable de l'Afrique dans un proche avenir serait incomplète sans la prise en compte des qualités humaines rares qu'ont largement en partage les hommes et les femmes du Continent. En particulier la solidarité, l'hospitalité, la fidélité, l'optimisme, et... la volonté d'entreprendre et de réussir.

Un entrepreneuriat dont la réalité s'appuie sur une résilience exceptionnelle et historique, cette capacité à vivre, à réussir, à se développer en dépit de l'adversité. Il est remarquable de constater qu'après des décennies, voire des siècles, au mieux d'indifférence, et au pire de mépris, le facteur humain devient un élément essentiel du nouveau discours sur l'Afrique.

Experts, Institutions internationales, politiques et grandes entreprises, développent tous, non seulement la nécessité de la formation, mais aussi les capacités existantes et réelles d'une classe émergente d'entrepreneur(e)s dont les projets, et les réussites, étonnent par leurs ambitions et leurs adaptations aux marchés.

Le chainon manquant

N'est-ce pas là que se situe le véritable tournant, la justification du nouvel afro-optimisme qui surprend encore même ses propres défenseurs ? Ne sommes-nous pas, enfin, en présence du chainon manquant du développement ? Trop longtemps nié par les africains eux-mêmes, qui redécouvrent cette évidence comme le naufragé sent sous son pied la terre ferme.

L'image de l'Homme africain, qui est d'ailleurs largement...une femme, n'est plus restreinte à celles de quelques grandes figures qui, diagonales continentales, de Nasser à Senghor, et de Sankara à Mandela, ne lui laisseraient que le choix entre une exceptionnelle excellence ou inévitable misère. Le plafond de verre du doute et du fatalisme est bousculé par la confiance et l'exemplarité d'africains et d'africaines libérés qui deviennent acteurs de leur vie et dont la réussite force l'admiration.

A l'image d'une pompe qui a besoin d'un laps de temps d'amorçage avant de donner sa pleine puissance, l'entreprenariat africain, en particulier à l'ouest, entame d'une dynamique remarquable et diversifiée. Débordant les secteurs traditionnels, et prenant ses racines dans une classe moyenne qui va passer de 360 à 580 millions d'individus d'ici 2030.

Gouvernance

Aux responsables africains de reconnaître l'importance de l'Entrepreneur et son rôle majeur d'unique créateur de richesses, origine de l'entreprise et de l'emploi qui n'en sont que les conséquences. Les valeurs qu'il porte sont les garantes de la santé d'une collectivité : le travail, l'optimisme, l'engagement, la responsabilité, ...

Aux gouvernants, comme un jardinier assure à ses graines une terre propice, un ensoleillement et un arrosage adaptés, de créer un environnement accueillant, stable et sans contraintes inutiles. La puissance publique ne saura jamais créer le rêve et le courage d'entreprendre. Sa vocation exclusive est de contenir une libre entreprise naturellement tournée vers l'excès, sa tentation habituelle le contrôle et l'exploitation fiscale immédiate, voire confiscatoire. La gouvernance fixe les règles du jeu pour atteindre des objectifs de croissance, le fonctionnaire « fonctionne », l'administrateur « administre », et l'Entrepreneur crée la richesse.

L'état de droit

Avec la faiblesse des infrastructures qui limite dramatiquement les échanges, en particulier interafricains, et un système éducatif largement insuffisant, l'absence d'état de droit constitue le principal frein à l'investissement et à la prise de risque, tant des nationaux que des étrangers. Malgré de vrais progrès, le fait du prince et le caractère aléatoire de la plupart des systèmes judiciaires restent des constantes mortifères qui interdisent une véritable émergence. Quel que soit le système politique, l'économie a besoin d'une vision longue et sécurisée. A défaut, le court terme, et le profit immédiat autant que destructeur, resteront la norme, les taux de financement demeureront confiscatoires par leur proportionnalité naturelle aux risques.

 En 2002, le XVIème congrès du Parti Communiste Chinois a confirmé le « Chinois, enrichissez-vous ! » lancé plus tôt par Deng Xiao Ping. Consacrant ainsi ce qui a pu être qualifié de « libéralisme sans liberté ». En 2002, le PIB de la Chine était inférieur à celui de l'Afrique. Il est, à peine quatorze ans plus tard, 6.5 fois supérieur à la somme de ceux des 54 Etats du Continent ! Malgré des inégalités profondes, et un respect des droits de l'homme pour le moins contestable (dont la Chine, tôt ou tard, devra gérer les conséquences), cette libéralisation, associée à un véritable état de droit économique, a porté la classe moyenne chinoise à un niveau plus important que celle des Etats Unis...

L'histoire contemporaine nous prouve que la libre entreprise est parfaitement conciliable avec la liberté politique, et que la technologie, la raison et l'intelligence permettent de croire que le développement économique n'impose pas la destruction écologique. L'Afrique, ancrée dans une histoire aussi vieille que l'Homme, se réinvente. Elle a l'opportunité de pouvoir écrire une page nouvelle, portée par quelques Etats plus avancés capables d'apprendre des erreurs pesantes de l'Europe et de l'Asie.

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