José Maria Neves : « Notre archipel reste encore très vulnérable aux chocs exogènes »

Avec les chocs consécutifs à la pandémie de Covid 19 et à la guerre en Ukraine, le Cap-Vert a vu son PIB chuter et son inflation s'envoler, poussant l'Etat à décréter la situation d'urgence économique, à la fin du mois de juin 2022. A l'occasion de son passage au forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, La Tribune Afrique fait le point avec José Maria Neves, président du Cap-Vert.
José Maria Neves, président de la République du Cap-Vert.
José Maria Neves, président de la République du Cap-Vert. (Crédits : DR.)

La Tribune Afrique : En chiffres, quelles ont été les répercussions de la pandémie de Covid-19 puis de la guerre en Ukraine sur l'économie du Cap-Vert ?

José Maria Neves : La situation nationale est très complexe. En 2020, suite à la pandémie de Covid-19, l'archipel du Cap-Vert a vu son PIB chuter de près de 15% et la dette a atteint plus de 145% du produit intérieur brut. Cela s'explique en partie par la baisse des recettes issues du secteur touristique qui s'est effondré. A lui seul, le tourisme représente pratiquement un quart du produit intérieur brut (PIB). Ensuite, la guerre en Ukraine s'est directement répercutée sur le prix des denrées alimentaires (à ce jour, le Cap-Vert importe l'équivalent de 85% de ses denrées alimentaires de l'étranger, ndlr). Il nous faut donc trouver des solutions pour sortir au plus vite de cette situation d'urgence. Il existe une grande dévastation sociale, économique et sanitaire qui traverse notre pays aujourd'hui. De plus, la sécheresse que nous rencontrons depuis bientôt quatre ans n'a pas amélioré la situation. L'augmentation de la pauvreté et des inégalités sociales, mais aussi la flambée du chômage caractérisent la crise que nous traversons.

En substance, de quelle façon luttez-vous contre cette crise protéiforme ?

Afin de sortir de cette situation, nous travaillons avec les organisations internationales et notamment avec les institutions financières telles que la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (qui a approuvé un programme assorti d'une Facilité élargie de crédit triennale de 60 millions de dollars avec un décaissement immédiat de 15 millions, ndlr), la Banque africaine de développement (BAD) (qui a accordé une aide de 10 millions de dollars en juillet 2022, ndlr), mais aussi avec la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA) et la Banque européenne d'investissement (BEI). Il nous faut mobiliser les ressources nécessaires pour sortir de l'ornière. Plusieurs mesures ont été engagées depuis le printemps, pour stabiliser les prix des produits alimentaires et pétroliers, mais aussi pour aider les familles les plus vulnérables.

Précisément, le gouvernement a annoncé en juin 2022 qu'il allait allouer 85 millions de dollars pour amortir les répercussions des crises que traverse le Cap-Vert. Où en est la mobilisation de ces fonds ?

Effectivement, nous avons pris la décision de mobiliser 85 millions de dollars pour venir en aide aux Cap-Verdiens et notamment à ceux qui sont menacés d'insécurité alimentaire. Ils serviront aussi à amortir la hausse des prix de l'énergie qui impacte sévèrement nos entreprises. A l'heure actuelle, nous avons déjà mobilisé près de la moitié de ce montant, afin de garantir le programme d'appui aux citoyens les plus vulnérables. Parallèlement, nous cherchons à contenir l'inflation (qui a atteint 8% en mai dernier contre 1,9% en 2021, ndlr). Cette inflation touche en particulier le prix des denrées alimentaires, mais aussi ceux de l'énergie. Notre archipel reste encore très vulnérable aux chocs exogènes.

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