Philippe Perdrix et Romain Grandjean : face à la crise, «une information fiable permet de prendre les mesures adéquates et efficaces»

Depuis mars dernier, 35° Nord, agence de conseil en communication spécialisée sur le continent africain, suit de près l'évolution de la pandémie en Afrique et propose, au public, aux médias et à ses clients, un arsenal informatif pour contrer la désinformation habituelle des temps de crise et appuyer la prise de décision des gouvernements et corporate.
Mounir El Figuigui
Philippe Perdrix et Romain Grandjean, fondateurs-associés de l'agence en conseil et communication stratégique dédiée à l'Afrique, 35° Nord.
Philippe Perdrix et Romain Grandjean, fondateurs-associés de l'agence en conseil et communication stratégique dédiée à l'Afrique, 35° Nord. (Crédits : 35° Nord)

Infox, désinformation, manipulation, propagation de fausses informations, ... En temps de crise, une information « mal produite », déformée, utilisée à mauvais escient peut devenir dévastatrice, tant pour une institution, une entreprise, que pour l'ensemble ou une partie de la population. L'impact de ce scénario est amplifié par le phénomène de « boule de neige » que génèrent les réseaux sociaux.

Aujourd'hui, alors que la pandémie de coronavirus touche pratiquement tous les pays du continent (52 sur 54), les institutions, comme les décideurs, ont besoin d'une information vérifiée, recoupée et émanant de sources premières fiables.

C'est dans cette logique que 35°Nord, agence de conseil en communication spécialisée sur le continent africain, décide de réagir. Le 19 mars, un partenariat est scellé avec « Covid-10 Africa », un site créé et développé depuis la capitale sénégalaise Dakar par Cédric Moro, un consultant en risques majeur, afin d'établir un suivi précis de la propagation du virus en Afrique, pays par pays, ses conséquences sanitaires et économiques.

35°Nord Cassini carte

Pour donner davantage d'efficacité à la plateforme de veille, contourner les difficultés d'accès à une information vérifiée, et assurer un suivi en continu des dernières informations, 35°Nord lance ses chaînes d'informations Telegram & WhatsApp.

« Notre démarche vise notamment à contrecarrer les fake news auprès du grand public et à fournir aux décideurs et aux leaders d'opinion - qui constituent la plupart de nos abonnés aux deux chaînes - une information fiable pour aider à la décision », nous confient Philippe Perdrix et Romain Grandjean, fondateurs-associés de l'agence 35° Nord.

Dès le 1er avril, l'agence performe son offre de veille et sort une nouvelle version de son bulletin d'information quotidien sur la situation épidémiologique et les effets de la crise sur les activités économiques du continent.

Depuis le 17 avril, 35° Nord poursuit son engagement notamment auprès des médis et de ses clients en proposant, en partenariat avec Cassini Conseil, une carte qui met en évidence les corrélations entre le niveau de contamination, les équipements sanitaires et l'âge des populations.

« L'objectif de cette carte consiste à comprendre comment les pays de ce continent sont préparés pour faire face au développement du COVID-19. Pour cela, nous avons construit un indice de résilience sanitaire qui s'appuie sur plusieurs indicateurs internationaux afin de mesurer la capacité des États à faire face à des pandémies », explique David Amsellem, docteur en géopolitique, associé chez Cassini Conseil.

Entretien avec...

Philippe Perdrix et Romain Grandjean, fondateurs-associés de l'agence en conseil et communication stratégique dédiée à l'Afrique, 35° Nord.

La Tribune Afrique - Pourquoi avoir opté pour un partenariat avec la plateforme sénégalaise de suivi de la pandémie sur le continent, covid-19-africa.sen.ovh/ ?

P. Perdrix et R. Grandjean - Dans le monde, on remarque que les pays qui ont le mieux réagi à cette crise sont ceux qui disposent d'un maillage statistique très fin et d'un accès à une data la plus complète possible pour évaluer notamment le niveau de rapidité et d'intensité de propagation du virus. 
Dans ce domaine, l'Afrique est malheureusement moins bien lotie, ce qui pénalise les gouvernements et différents acteurs de prendre les bonnes décisions, au bon moment. Ce qui laisse libre cours également à la rumeur ou aux infox...
Cette data, ces statistiques, ce suivi des données deviennent donc une matière première indispensable pour le continent au niveau sanitaire, économique et social. On le voit en temps de crise en ce moment bien sûr, mais nous sommes également convaincus qu'il s'agira là d'un levier de développement et de croissance en Afrique, après la crise.
Il nous a paru utile de participer à cet effort de consolidation et de donner plus de visibilité à ce type d'initiative.

Quelle différence entre celui-ci et la plateforme du CDC Africa ?

Pour être utiles, pour anticiper et projeter des modèles, les données doivent être utilisées dans un espace-temps très court. Les sites institutionnels sont fiables et extrêmement utiles, mais il est nécessaire de les compléter par des données plus agiles, issues notamment des réseaux sociaux crédibles et vérifiés, ou par des médias qui sont connectés au terrain, à la situation à l'instant T. Le site Covid 19 Africa prolonge et complète la data issue de la plateforme CDC Africa.
Chacune des informations et des données de la plateforme sont sourcées et vérifiées. C'est l'engagement que nous prenons.

Quels sont les moyens mobilisés aujourd'hui pour réaliser ce travail de veille ?

En fait c'est toute l'agence 35°Nord qui est mobilisée. Car outre la collecte de la data en partenariat avec la plateforme Covi-19 Africa, nous proposons de l'analyse, un suivi des actualités liées à la pandémie, des vidéos de témoignages, des focus thématiques sanitaires ou économiques, des revues de presse, un suivi des mesures prises par les gouvernements et les acteurs du privé... Nous misons également sur des partenariats pour améliorer le contenu proposé et trouver des complémentarités. Outre la plateforme Covi-19 Africa, nous proposons une carte avec Cassini qui met en évidence les corrélations entre le niveau de contamination, les équipements sanitaires et l'âge des populations. Nous travaillons également avec Afrique Connectée pour une analyse social médias.

Comment la veille que vous assurez et le bulletin quotidien que vous publiez peuvent-ils aider les entrepreneurs et opérateurs économiques sur le continent ?

Il nous semble être utile si on en juge par les retours que nous avons, notamment de nos parties prenantes et de nos clients, qui sont pour l'essentiel des groupes internationaux ou panafricains. Nous proposons en fait une sorte de tableau de bord sur l'évolution de la pandémie, essentiel pour anticiper à la fois sur les mesures de prévention sanitaire et de résilience économique. Nous contribuons aussi à la lutte contre les fausses informations et les rumeurs qui circulent notamment sur les réseaux sociaux. Il est important pour les acteurs économiques de pouvoir démentir et démontrer avec des informations fiables, notamment auprès de leurs collaborateurs et clients. Si tout le monde tire dans cette direction : médias, journalistes, experts, médecins, dirigeants institutionnels, décideurs économiques, leaders d'opinion, influenceurs..., alors il sera possible d'endiguer cette pandémie et donc d'en limiter les effets économiques et sociaux. En tant que communicant, notre mission actuellement est de faciliter le dialogue et la transmission de l'information entre ces différents acteurs.

Mounir El Figuigui

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