Eugene Stals : « Les tendances suggèrent la nécessité d'investir dans l'agroalimentaire en Afrique »

«L'une des principales évaluations de Phatisa est que pour libérer le potentiel agricole et lutter contre l'insécurité alimentaire, il faudra des interventions multisectorielles soutenues.» Interview avec Eugene Stals, chief investment officer chez la firme de private equity Phatisa.
Ristel Tchounand
(Crédits : DR)

La Tribune Afrique : Comment expliquer l'engouement actuel des fonds d'investissement à financer l'agrobusiness ?

Eugene Stals : En effet, nous voyons des fonds généralistes -auparavant axés sur les secteurs financier et manufacturier - investir de plus en plus dans l'agrobusiness, en particulier dans les intrants agricoles et la transformation des aliments. L'année dernière à titre d'exemple, Phatisa a réussi la sortie partielle de Kanu Equipment Limited dans le fonds généraliste Adenia, qui a ainsi investi un capital de développement supplémentaire de 20 millions de dollars pour accélérer le plan de croissance dynamique de Kanu. Les arguments en faveur d'investissements dans l'agroalimentaire et dans l'alimentation en Afrique sont vraiment convaincants. Le secteur agroalimentaire africain pourrait devenir une industrie de 1 000 milliards de dollars d'ici 2030, selon la Banque mondiale. Le secteur devrait bénéficier de la combinaison des moteurs de croissance africains et mondiaux. Anticipant sur un scénario de raréfaction des ressources et de sécurité alimentaire, les investisseurs devraient reconnaître que l'Afrique dispose du plus grand potentiel - en termes de production alimentaire - pour répondre aux besoins exponentiels de la population mondiale.

Qu'impliquent ces tendances ?

Ces tendances suggèrent la nécessité d'investir de manière significative dans l'agroalimentaire dans les secteurs suivants : transformation, logistique, infrastructure de marché et réseaux de distribution. L'une des principales évaluations de Phatisa est que pour libérer le potentiel agricole et lutter contre l'insécurité alimentaire, il faudra des interventions multisectorielles soutenues. Nous sommes convaincus que notre approche pratique unique, associée à notre objectif d'impact sur le développement, permettra d'accroître la production alimentaire du continent et de créer des emplois durables.

Quels sont les principaux risques liés au financement des entreprises de l'agrobusiness ?

En Afrique, les principaux défis/risques peuvent être répartis en défis de marché, de crédit, de change et opérationnels. Les risques de marché comprennent l'évaluation du climat des affaires et de la stabilité politique, les politiques financière, fiscale et monétaire. En revanche, les risques de crédit dépendent de la disponibilité et de l'accès au financement, ainsi que du coût du crédit. Les risques de change sont doubles: volatilité et liquidité. Le premier risque - celui d'une dépréciation rapide de la monnaie locale - est bien perçu. La seconde est la quasi-impossibilité de convertir la monnaie locale en devise internationale et de rapatrier les flux de trésorerie. Enfin, les risques opérationnels restent importants - de la disponibilité des compétences en gestion de la qualité et en leadership à la pertinence de l'infrastructure et de la puissance. Le défi réside ici dans l'absence de structures de chaîne d'approvisionnement auxquelles les opérateurs internationaux sont habitués. Il n'est pas possible de compter simplement sur des chaînes d'approvisionnement externes formalisées. Le manque de sophistication de la plupart des marchés, en amont et en aval, nécessite une approche inclusive.

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Propos recueillis par Ristel Tchounand

Ristel Tchounand

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