Lionel Reina : « En Afrique, le contenu de qualité permettra aux médias numériques de se démarquer »

Depuis décembre 2018, Lionel Reina est directeur général d’APO Group, le spécialiste du conseil en relation presse couvrant l’Afrique et le Moyen-Orient. Expert du développement international, il a, au cours des trente dernières années, occupé de hautes fonctions à travers le monde au sein de grands groupes internationaux dont le fournisseur de services de technologiques de l’information et de la communication Damovo, le cabinet de conseil en stratégie et technologie de l’information Simstream où il a été CEO, ou encore le géant français des télécoms Orange où il a notamment dirigé les affaires Europe, Moyen-Orient et Afrique. Dans cet entretien, Reina en dit un peu plus sur ce nouveau tournant de sa carrière et livre son analyse de l’évolution de l’industrie des médias à travers le Continent.
Ristel Tchounand
(Crédits : APO Group)

La Tribune Afrique : Après le parcours qui est le vôtre, qu'est-ce qui vous a motivé à rejoindre APO Group ?

Lionel Reina : Depuis sa création en 2007, APO Group est devenu rapidement l'un des plus réputés et influents cabinets de conseil en relations presse en Afrique et au Moyen-Orient. Ayant eu moi-même un parcours professionnel tourné vers ces deux continents, je connaissais APO Group depuis longtemps. J'ai toujours été très impressionné par son dynamisme en matière d'innovation et de leadership. J'ai eu l'occasion à plusieurs reprises d'échanger avec Nicolas Pompigne-Mognard, fondateur et président d'APO Group, et j'ai rapidement compris le potentiel de croissance du cabinet.

L'Afrique devrait connaître une accélération économique comparable à celle de l'essor asiatique des dernières décennies, ce qui signifie que les entreprises locales et internationales vont avoir des besoins croissants en termes de communication auxquels nous allons pouvoir répondre. APO Group entre dans une nouvelle étape très prometteuse de son développement et c'est ce qui m'a donné envie de faire partie de cette aventure.

APO Group vient d'annoncer des résultats records en 2018 avec une hausse de 60% de son chiffre d'affaires. Comment s'annonce 2019 ?

APO Group a réalisé en 2018 des performances exceptionnelles et nous prévoyons de poursuivre notre développement avec une croissance régulière de 40 % en moyenne pour les quatre prochaines années. APO Group a un positionnement unique puisque c'est le seul cabinet de relations presse qui peut conseiller et mettre en place une stratégie de communication sur l'ensemble du territoire africain (et donc dans les 54 pays qui le composent) et au-delà. C'est d'ailleurs pour cette raison que parmi nos 300 clients se trouvent près de 60 agences de communication internationales. L'une des forces du Groupe est d'avoir des experts en communication un peu partout sur le continent africain qui ont par conséquent, en plus d'une connaissance solide des médias, une bonne compréhension des marchés locaux. Ayant une forte croissance de notre portefeuille clients, particulièrement en Afrique de l'Est et en Afrique du Sud, nous devrions y renforcer notre équipe de consultants au cours de cette année.

Au cours de votre carrière, vous avez parcouru divers types d'entreprises trottant autour des communications notamment, qu'est-ce qu'il y a de particulier dans la gestion d'une structure spécialisée dans les relations presse ? Quels sont les facteurs clés de réussite ?

La communication en général et les relations presse en particulier ont beaucoup évolué ces dernières années, notamment avec l'arrivée et le développement des nouvelles technologies. Selon le rapport 2018 Global Digital publié par l'agence We are social, l'Afrique, avec 20% de croissance, est le continent qui a connu le plus fort taux de croissance d'internautes en 2017. La montée en puissance des réseaux sociaux nous permet d'être en connexion permanente avec les rédactions et de pouvoir ainsi être très efficaces dans notre façon de communiquer, car très réactifs.

Nous sommes dans un monde en évolution permanente et pour réussir il faut anticiper et se préparer à intégrer les nouvelles possibilités que nous offrent le numérique afin de pouvoir sans cesse offrir à nos clients et aux médias avec qui nous interagissons quotidiennement des solutions innovantes et agiles. C'est ainsi qu'APO Group, avec l'aide de son Lab dédié à la recherche et au développement, propose à ses clients d'accompagner gratuitement la distribution de leurs communiqués de presse avec du contenu multimédia (photos, vidéos et fichiers audio) pour faciliter le partage des informations sur les réseaux sociaux. Afin de mesurer l'impact des actions de relations presse, nous suivons de près la couverture média et fournissions des rapports d'analyse détaillés à nos clients qui leur permettent d'évaluer la pertinence de leur stratégie de communication.

Quel est votre regard sur l'industrie des médias en Afrique en cette ère du numérique ?

La numérisation des médias offre de nouvelles possibilités de développer des sources d'information moins coûteuses, ce qui peut permettre aux pays africains de renforcer leur positionnement dans un paysage médiatique marqué par une forte présence des médias internationaux. C'est aussi l'opportunité de mieux connaître les attentes de leurs audiences en interagissant avec eux quand on sait que maintenant près de 40% de la population africaine a accès à internet.

Mais ce qui reste avant tout essentiel, c'est le contenu qui doit être de qualité pour pouvoir permettre aux médias numériques de se démarquer face à une concurrence de plus en plus accrue dans laquelle les médias internationaux sont, bien souvent les premières sources d'information des classes moyennes africaines. APO Group s'emploie à soutenir les médias africains en leur fournissant gratuitement un flux d'information constitué de communiqués de presse liés à l'Afrique et émis par plus de 600 organisations. Ce flux est disponible en 4 langues, couvre les 54 pays du continent et contient du texte, de la photo, de la vidéo, des fichiers audios et des infographies.

Plusieurs initiatives à différentes échelles voient le jour, mais quels vont être, à votre avis, les défis à relever pour une réelle explosion de l'Afrique dans le secteur des médias en général et des relations presse en particulier ?

Selon les prévisions des Nations Unies, la population du continent africain devrait doubler d'ici à 2050, pour atteindre 2,4 milliards de personnes. L'accélération du développement des pays africains a entraîné l'essor des médias panafricains mais également une présence grandissante des médias internationaux en Afrique à l'image de BBC qui a investi en 2018 plus de 350 millions d'Euros pour ouvrir -au Kenya- son plus grand bureau à l'extérieur du Royaume-Uni.

Ces médias sont conscients de l'importance accrue du continent et y retrouvent les sociétés de leurs pays partis s'y implanter et s'y développer. Environ 440 sociétés américaines et 480 sociétés allemandes opèrent en Afrique du Sud depuis plusieurs années. Si les médias internationaux, avec lesquels elles ont déjà des relations très étroites, représentent une alternative crédible pour diffuser de la publicité en Afrique, c'est tout naturellement que ces entreprises vont se détourner des médias africains. Les médias internationaux représentent donc une dangereuse concurrence pour les médias africains qui sont souvent précaires financièrement, car ils manquent de recettes publicitaires.

Propos recueillis par Ristel Tchounand

Ristel Tchounand

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