Faheen Allibhoy : «En Gambie, le secteur énergétique est une priorité particulièrement pressante»

Faheen Allibhoy, installée à Dakar, est la représentante d’IFC (la Société financière internationale, filiale du Groupe de la Banque mondiale en charge du développement du secteur privé) pour le Sénégal, le Cap Vert, la Gambie, la Guinée Bissau et la Mauritanie. Le 22 mai à Bruxelles, Gambie a organisé une conférence internationale pour lever des fonds auprès des donateurs et attirer les investisseurs du secteur privé. Dans cet entretien, Faheen Allibhoy nous livre son analyse de la situation financière de la Gambie et énumére les énormes potentialités offertes aux investisseurs par cette jeune démocratie d’Afrique de l’Ouest.
Faheen Allibhoy est responsable de la coordination des opérations d'investissement et de conseil d’IFC au Sénégal, au Cap Vert, en Gambie, en Guinée Bissau et en Mauritanie, et de la gestion des opérations du bureau d’IFC à Dakar.
Faheen Allibhoy est responsable de la coordination des opérations d'investissement et de conseil d’IFC au Sénégal, au Cap Vert, en Gambie, en Guinée Bissau et en Mauritanie, et de la gestion des opérations du bureau d’IFC à Dakar. (Crédits : Reuters)

La Tribune Afrique : Quelle est votre appréciation de la conférence internationale organisée par la Gambie à Bruxelles?

Faheen Allibhoy : La rencontre a été très positive. Les autorités gambiennes sont satisfaites. Elles ont obtenu 1, 45 milliard d'euros de promesses, nécessaires au financement du Plan national de développement (PND) 2018-2021 de la Gambie. Ces promesses de financements proviennent de plusieurs partenaires comme des bailleurs internationaux ou bilatéraux. Des pays voisins de la CEDEAO, tels que le Ghana et le Sénégal, ont également apporté leur soutien moral et renforcé leur partenariat en s'engageant lors de la conférence à soutenir la Gambie et son programme de relance économique grâce au commerce et à la coopération régionale. Je pense que les bailleurs ont été très présents et se sont largement mobilisés pour cette journée, faisant que la rencontre a été très constructive.

Comment ces fonds ont-ils être investis dans l'économie gambienne ?

L'exécution du PND nécessite des financements nationaux comme internationaux, de même que publics aussi bien que privés. Ce plan de développement contient plusieurs projets touchant les secteurs d'activité générateurs de revenus et de croissance pour le pays. Le secteur énergétique, marqué par un faible accès à l'électricité ainsi que des coûts élevés, me semble être une priorité particulièrement pressante, quand on sait l'impact qu'il a sur le développement de tout pays. Les financements promis lors de la conférence de Bruxelles seront investis dans les secteurs prioritaires identifiés par le PND.

En quoi consiste exactement ce plan de développement pour assurer la croissance en Gambie ?

Le PND a pour objectif d'assurer la croissance inclusive et durable de la Gambie. Dans le cadre de ce Plan, IFC peut contribuer à créer des opportunités pour le secteur privé dans plusieurs secteurs clés : finance, services, appui aux PME ou encore les partenariats public-privé. IFC intervient en Gambie depuis 1984. Nous avons déjà investi dans le tourisme, l'agroalimentaire, l'appui aux banques, l'éducation, l'horticulture, le transport et l'entreposage. Désormais, nous œuvrons pour accroître notre engagement dans ce pays, notamment afin de promouvoir l'inclusion financière, mais aussi le secteur du tourisme et de la construction.

Selon une mission du fonds monétaire international qui a séjourné en Gambie en mai dernier, le pays est très endetté. Quelle est votre appréciation de la dette gambienne ? Est-elle oui ou non soutenable ?

La dette gambienne est effectivement élevée. Pour autant, la Gambie offre des opportunités et la situation macroéconomique du pays est en amélioration -le taux de change s'est notamment amélioré, ainsi que les taux d'intérêts d'une manière générale. Pour faire face aux défis qui se posent à son développement- notamment le déficit en infrastructures - le pays pourrait se tourner vers des partenaires privés. Le rôle du secteur privé a ainsi été mis en avant lors de la conférence, notamment lors du second jour de la conférence. La Gambie a conscience qu'elle a besoin d'investissements privés pour de nombreux projets, afin de ne pas emprunter plus d'argent.

Nous saluons cette détermination des autorités gambiennes à relancer la croissance économique du pays, de même que la qualité technique du PND. Au sein du Groupe de la Banque mondiale, IFC, en collaboration avec la Banque mondiale et l'Agence multilatérale de garanties des investissements (MIGA), va travailler avec les partenaires de la Gambie pour contribuer à lutter contre la pauvreté et à soutenir une croissance inclusive dans ce pays.

                                                                                 Propos recueillis par Maimouna Dia

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