Juncker ou la sollicitude intéressée

Les 44 milliards d'Euros au profit de l'Afrique, annoncés par Jean-Claude Juncker dans le cadre du Plan d'investissement extérieur européen seront, dans tous les sens du terme, un investissement rentable... très rentable.

Décidément, il aura fallu une crise sans précédent pour que les instances européennes prennent réellement conscience de leur défi migratoire. Il aura en effet fallu que l'Europe se déchire sur la question de l'accueil des réfugiés pour prendre le taureau par les cornes, et s'attaquer au cœur du phénomène migratoire : le développement économique et social des pays émetteurs de migrants. Evidemment, qui dit développement dit investissement. Et qui dit investissement dit financement. Car si l'afflux massif de réfugiés est directement imputable à l'onde de choc DAECH, la faiblesse de l'appui concret « Nord-Sud » a pourtant des implications multiples sur le phénomène migratoire de fonds. En effet, l'immigration économique est historiquement la première source qui alimente les flux humains vers les pays occidentaux. Or, -sans pour autant effleurer les considérations politiques (nationalistes) qui parasitent le phénomène-, l'Europe, Allemagne en tête, semble s'être rendue compte de sa limite économique d'absorption de main d'œuvre injectée de l'extérieur. Il faut néanmoins souligner que sur le moyen et le long terme, les centaines de milliers de réfugiés qui s'intégreront à l'économie allemande, induiront des retombées vertueuses, dans le contexte d'une population de plus en plus vieillissante.

Multiples retours sur investissement

Du coup, au vu des implications structurelles sur les économies européennes, et au vu de la précarité de l'équilibre entre les différents facteurs économiques, les 44 milliards d'Euros au profit de l'Afrique, annoncés par Jean-Claude Juncker*, sont, dans tous les sens du terme, un investissement rentable. En effet, les investissements qui seront engagés répondront d'abord (naturellement) à une logique de viabilité économique. Ensuite, en plus de cette rentabilité quantifiable, les moins rentables d'entre les projets financés auront indéniablement des retombées sociales, infiniment précieuses pour les pays les plus fragilisés. Enfin, même si au vu de l'ampleur du retard de développement à combler sur le continent africain, 44 milliards d'Euros (potentiellement extensibles à 88 milliards) reste un montant tout juste raisonnable, il est cependant susceptible d'amorcer une dynamique structurelle dans certaines économies à l'agonie. Elles-mêmes premières émettrices de migrants économiques. Reste inconnue la variable nodale dans toute cette « histoire », pouvant elle-même se positionner à la fois du côté des causes et des impacts : la gouvernance. Certes la gouvernance financière des projets de développement, mais surtout la gouvernance politique, qui reste finalement l'ultime calamité du continent Africain.

* Président de la Commission européenne, lors de son discours sur l'état de l'Union 2016

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