L’élection présidentielle française ou la mort de la « Françafrique »

Et la montagne accoucha d’une souris. Après des semaines de conjectures, le résultat du premier tour de l’élection présidentielle française aura été finalement conforme aux prévisions des instituts de sondage. La confrontation opposera donc le « météorite » Macron, candidat de l’extrême centre, à la championne du repli, Marine Le Pen. Vue d’Afrique, cette élection revêt une importance particulière, car elle signifie la mort de la « Françafrique ». Décryptage.
Abdelmalek Alaoui
Abdelmalek Alaoui, CEO de La Tribune Afrique

Bien entendu, cette élection présidentielle française a été suivie avec beaucoup d'attention sur le continent, plus particulièrement en Afrique du Nord et de l'Ouest. Mais cette attention est surtout focalisée au sein des élites francophones, celles qui ont été formées sur les bancs des écoles françaises et qui tiennent en majorité les rênes de la technostructure politique et économique de leurs pays. Pour l'opinion publique africaine au sens large, le nom du futur chef de l'Etat français importe finalement peu, car aucun changement paradigmatique n'est attendu, ni de la part d'Emmanuel Macron ou de Marine Le Pen.

C'est donc l'attitude de ces élites francophones d'Afrique à l'égard de l'élection présidentielle française qu'il convient de scruter en priorité, car elle sera essentielle pour l'avenir de la relation entre Paris et le continent. Or, force est de constater que tous les repères anciens, les réseaux informels, les cercles d'influence se retrouveront de Facto bouleversés au lendemain du second tour de cette élection, entraînant mécaniquement la mort de l'ancien système, celui longtemps conspué mais jamais complètement remplacé : la « Françafrique ».

Pensée par Foccart, la « Françafrique » est sous respiration artificielle

L'observateur de la chose africaine notera que la dernière intrusion de ce système élaboré par un certain Jacques Foccart au début des années 1960, fait d'entrelacements d'intérêts croisés et d'indulgence mutuelle, aura eu lieu en mars de cette année, lorsque l'avocat d'origine libanaise, Robert Bourgi, concéda qu'il était bien le mystérieux bienfaiteur de François Fillon auprès de la coûteuse maison Arnys. Mais cette révélation n'eut que peu d'écho et vraisemblablement quasi aucun impact sur le vote des Français. En réalité, cette ultime manifestation de la « Françafrique » n'était qu'un soubresaut de ce système, et non une manifestation de sa prévalence.

En effet, avec l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron ou de Marine Le Pen, les réseaux anciens de la France en Afrique et de l'Afrique en France seront dans une situation inédite. Pendant près de cinq décennies, ils se sont appuyés sur les deux mouvements majoritaires en France, y ont cultivé des amitiés, parfois soutenu de jeunes premiers prometteurs, ou offert des avantages à de vieux routiers. De manière globale, la « Françafrique » s'est appuyée sur la bipolarisation de fait qui animait la vie politique française. Avec l'arrivée d'acteurs situés en dehors du champ politique traditionnel, l'édifice construit patiemment au fil des décennies se retrouve sans fondations.

Une opportunité pour Paris et l'Afrique

Paradoxalement, ceci constitue pour la France une opportunité. La « Françafrique », in fine, aura fait plus de mal que de bien à la relation de Paris avec l'Afrique. De scandales en révélations, de suspicions en délations, l'ancien système avait montré ses limites et conduit nombre de dirigeants courageux du continent à affirmer leur volonté de s'affranchir d'une relation déséquilibrée.

Et ce mouvement, amorcé au début des années 2000, est appelé à s'accélérer, aplanissant ainsi le terrain de jeu économique et forçant notamment les entreprises françaises à considérer l'Afrique non plus comme un terrain conquis, mais comme un véritable partenaire qu'il convient d'aborder à l'aune des intérêts mutuels.

Peu importe donc pour les Africains que Macron ou Le Pen soient élus dans quinze jours. Quasiment vingt ans jour pour jour après sa disparition, Jacques Foccart vient de mourir une seconde fois.

Abdelmalek Alaoui

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Commentaires 9
à écrit le 30/04/2017 à 21:34
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C'est un bon article qui parle de ce qui ne se dit jamais mais vous êtes bien trop optimiste, en France les réseaux sont le pouvoir, l’État profond" dont parlait déjà Eseinhover en 61 n'est pas prêt de disparaitre ces élections n'en étant qu'une éniè...

à écrit le 26/04/2017 à 11:10
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sa m'etonne d'imagine que depui que les français ont découvert mon beau continent, de ce jours jusqu'à la ou j'ecrit je phrase ont n'as jamais eu la liberté nos conscience non jamais été tranquille le pillage n'est pris arrêt la démocratie n'as jamai...

à écrit le 26/04/2017 à 11:04
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sa m'etonne d'imagine que depui que les français ont découvert mon beau continent, de ce jours jusqu'à la ou j'ecrit je phrase ont n'as jamais eu la liberté nos conscience non jamais été tranquille le pillage n'est pris arrêt la démocratie n'as jamai...

à écrit le 26/04/2017 à 11:00
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sa m'etonne d'imagine que depui que les français ont découvert mon beau continent, de ce jours jusqu'à la ou j'ecrit je phrase ont n'as jamais eu la liberté nos conscience non jamais été tranquille le pillage n'est pris arrêt la démocratie n'as jamai...

à écrit le 25/04/2017 à 4:01
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Très pertinent. Et quel avenir pour le C.FA?

à écrit le 24/04/2017 à 23:50
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Cher M. Alaoui, je lis régulièrement vos éditoriaux, souvent je ne partage pas vos opinions , mais cette fois encore moins . La françafrique est morte depuis bien plus longtemps que vous le dites, je dirais après Mitterrand , depuis les français ne c...

le 25/04/2017 à 16:26
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Je vois bien que vous vous ignorez tout des relations France Afrique. Chez nous on dit que lorsque l'âne va te terrasser tu verras jamais ses oreilles avant. Mais quand même étonnant de penser que la France est quelque chose pour l'Afrique en dehors ...

à écrit le 24/04/2017 à 18:30
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Moi, je ne suis pas d'avis car un français est un français. Quelque soit le français, il sera rattrapé pas la vérité. la vérité est que c'est l'Afrique qui nourrit la France, fait vivre la France. Quelque soit la bonne fois du français, quand il saur...

le 24/04/2017 à 18:38
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Nous le pensons tous, donc nous autres africains francophones n'attenmdons rien de tout cela, mais cest fvrai la fgrance n'a plus notre coeur, on veut qu'il nous laisse tranquille a commencer par la fin du FCFA

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