Choléra en Algérie : deux morts et 46 cas confirmés

Gastro-entérite ou choléra. Les autorités algériennes ont mis du temps à mettre les mots sur cette maladie qui a déclenché chez les sujets infectés de fortes diarrhées et des vomissements répétés. Il faut dire que de mémoire de médecin, on avait plus jamais reçu patient terrassé par le vibrion cholérique depuis 1996, année de la dernière signalisation de la maladie dans le pays. Mais désormais, les autorités sanitaires ont dû se rendre à l’évidence : le choléra a bien fait son retour en Algérie, il a causé deux morts parmi les 46 cas officiellement déclarés, et il faut l’éradiquer avant qu’il ne déclenche une épidémie mortelle dans le pays.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : Reuters)

«46 cas de choléra ont été confirmés parmi les 139 cas hospitalisés depuis le 7 août 2018 ». Mi-aveu, mi-assurance, le communiqué du ministère de la Santé semble avoir mis fin à la politique de l'autruche. Trois jours après la confirmation des cas de choléra de ce qu'elles ne voulaient considérer que comme de la gastro-entérite de personnes hospitalisées, on recense aujourd'hui deux cas de décès dû au choléra. Et la maladie gagne du terrain.

Pas d'«état d'urgence sanitaire»

Après un décès recensé à Alger, le choléra a fait une autre victime dans la wilaya de Blida, située à 50 km au sud de la capitale. Dans le reste du pays, 25 cas de personnes touchées par la maladie ont été recensés à Blida et dans ses régions limitrophes de Médéa et d'Aïn Defla, où un cas a été confirmé pour chacune d'elles. Le rayon de propagation de la maladie semble s'être aussi élargi. Outre Tipaza, située à 70 km à l'ouest d'Alger, où 12 cas sont confirmés à ce jour, la Wilaya de Bouira (3 cas) et Aïn Bessam sont aussi touchées. Au total, 46 cas de choléra sont confirmés dans le pays sur les 88 cas suspects recensés.

Pour l'heure, Youcef Terfani, le directeur de la prévention au ministère de la Santé, a déclaré qu'il était hors de question que le pays déclare l'«état d'urgence sanitaire». La situation selon ce cadre sanitaire «n'a pas atteint des seuils alarmants, comme en 1986, pour que nous décrétions l'état d'urgence», fait-il savoir quotidien arabophone Echorouk. De mémoire de médecin, on n'avait plus soigné de patient souffrant de choléra depuis 1996 et la dernière épidémie d'ampleur remonte à 1986.

Après l'hésitation des autorités à déclarer la présence du vibrion cholérique après le décès d'un homme le 23 août dernier, la riposte s'organise pour contrer l'épidémie. Moktar Hasbellaoui s'est rendu ce dimanche 26 août à l'Hôpital de Boufarik à Blida, la Wilaya où l'on recense le plus grand nombre de personnes infectées. Concomitamment, l'Algérienne des Eaux (ADE) a voulu stopper les rumeurs sur une contamination de l'eau de robinet qu'elle déclare «propre à la consommation». Suffisant pour calmer la psychose qui gagne la population ?

Légumes mal lavés ou eau contaminée, quelle est la source du choléra?

Jusqu'ici, le patient zéro n'a pu être clairement identifié ni même le foyer de propagation de la maladie. Un temps écartée au vu de la vitesse de propagation, l'hypothèse d'une contamination par l'eau, que les autorités avaient remplacé par celle de légumes mal lavés, est plus que probable.

Les analyses d'une source d'eau dans la Wilaya de Tipaza ont révélé que celle-ci avait été contaminée par le vibrion cholérique, conduisant directement à sa condamnation à l'interdiction de la consommation des eaux qui en seraient issues. Région très agricole, il n'est pas exclu que des légumes, fruits ou céréales irrigués par des eaux contaminées soit la source de l'épidémie

En Tunisie et au Maroc voisins de l'Algérie, on préfère prendre les précautions. Les deux pays maghrébins ont tous les deux élevé leur niveau d'alerte régulièrement suivi par une cellule de veille et de suivi qui met en alerte tous les professionnels de santé. Tout comme en Algérie où on tente vaille que vaille pour ne pas vivre un épisode épidémiologique mortel.

Ibrahima Bayo Jr.

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