Dans le cadre de ses efforts pour réduire la faim et la pauvreté en Afrique, La Banque africaine de développement (BAD) a approuvé un nouveau projet visant à transformer l'activité agricole sur le continent. Selon l'Institut international de l'agriculture tropicale (IITA), cette initiative devrait permettre la mise en œuvre de 655 mesures qui permettront de générer près de 513 millions de tonnes de nourriture supplémentaires et de sortir de la pauvreté 250 millions d'Africains d'ici à 2025.

La Banque estime que le Continent dispose d'énormes potentialités qui lui permettront de développer son agriculture pour une autosuffisance des populations. «Ce projet permettrait à l'Afrique de subvenir à ses propres besoins alimentaires grâce à la productivité agricole. L'Afrique n'est capable de connaître une véritable transformation de l'agriculture qu'avec une implication des gouvernements, du secteur privé et des investisseurs majeurs», a déclaré Kenton Dashell, directeur général adjoint de l'IITA en charge des partenariats et du développement des capacités, dans un communiqué publié ce 11 décembre à Nairobi au Kenya.

Selon Dashell, la BAD compte mettre en place un projet de technologies pour la transformation agricole en Afrique (TAAT). «Nous comptons adopter la modernisation et la commercialisation pour nous aider à transformer l'agriculture africaine», a-t-il ajouté. Cette initiative sera gérée par l'IITA avec pour ambition de faire de l'Afrique un exportateur net de nourriture et de mettre le Continent au niveau des chaînes de valeur mondiales des matières premières et de l'agriculture, a indiqué Dashell.

Le TAAT débutera ainsi en 2018 et aura pour objectif prioritaire l'élimination de la pauvreté extrême, l'éradication de la famine et de la malnutrition, et l'atteinte de l'autosuffisance alimentaire. Ainsi, souligne Kenton Dashell, l'autosuffisance en riz, l'intensification de la culture de manioc, la sécurité alimentaire au Sahel, la valorisation des savanes comme greniers à blé, la restauration des plantations d'arbres, l'expansion de l'horticulture, l'augmentation de la production de blé et l'extension des chaînes de valeur de pisciculture, seront les points essentiels autour desquels sera organisé le projet.

22,7% de la population en Afrique sous le seuil de la pauvreté

L'engagement de la BAD est justifié face à l'urgence de la situation humanitaire sur le Continent. La prévalence de la sous-alimentation en Afrique devient de plus en plus inquiétante. Selon le dernier rapport de la FAO, publié en novembre dernier, la prévalence de la sous-alimentation, entre 2015 et 2016 serait à la hausse, passant de 20,8% à 22,7%. «Et le nombre de personnes souffrant de la sous-alimentation est passé de 200 millions en 2015 à 224 millions». 25% des 815 millions de personnes sous-alimentées dans le monde en 2016 vivent en Afrique, selon l'ONU.

La FAO explique que cette sous-alimentation est due aux différents conflits, mais aussi au fait que l'Afrique traîne à développer son agriculture et ne cesse de dépendre de l'importation alimentaire. «Les mauvaises conditions climatiques et les conflits sont des facteurs clés qui expliquent l'augmentation récente de l'insécurité alimentaire dans la région», rappellent les experts de la FAO.