Confit du Sahara : l’UA vient en aide à la médiation de l’ONU

C’est le dossier le plus attendu du 31e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA qui vient de clore ses travaux à Nouakchott, et qui s’est finalement conclu par un nouveau compromis. Grace au travail mené en amont par le président de la commission, un rapport a été adopté par l’UA qui s’invite de nouveau dans le conflit mais à travers une aide à la médiation que mène l’ONU. De quoi contenter les deux parties, une première au sein de l’organisation depuis le début du contentieux.
Dans la configuration actuelle, le mécanisme africain est constitué en plus de Moussa Faki-Mahamat, du président rwandais Paul Kagamé, du président guinéen Alpha Condé et du chef d'Etat égyptien Abdel Fattah Al Sissi.
Dans la configuration actuelle, le mécanisme africain est constitué en plus de Moussa Faki-Mahamat, du président rwandais Paul Kagamé, du président guinéen Alpha Condé et du chef d'Etat égyptien Abdel Fattah Al Sissi. (Crédits : Commission de l'Union africaine)

C'est un joli coup de poker que vient de réaliser à Nouakchott, le président de la commission de l'UA dont les chefs d'Etat et de gouvernement tiennent leur 31e session ordinaire les 1er et 2 juillet. La conférence a en effet adopté un rapport sur l'inextricable conflit du Sahara en proposant une sorte de compromis comme solution. En plus de remettre l'UA dans le dossier, une première depuis des décennies et surtout le retrait du Maroc de l'organisation en 1982, Moussa Mahamat-Faki a en effet pu contenter le Maroc et le Polisario, les deux principaux protagonistes du dossier qui impliquent également les voisins algérien et mauritanien.

Lors de la présentation de son rapport, dimanche en conférence plénière des chefs d'Etat africains, le président de la commission de l'UA avait exprimé le souhait que « la Conférence de l'UA mette en place un mécanisme africain à même de permettre à l'UA d'apporter un appui efficace au processus conduit par les Nations unies, basé sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité ».

Moussa Faki-Mahamat qui a été mandaté par les dirigeants du continent pour mener des consultations dans ce dossier lors du sommet de juillet dernier, s'est en effet attelé à la tache en rencontrant durant presque six mois, les différents acteurs du conflit. C'est ainsi qu'il a estimé qu'il est « crucial que l'UA s'implique activement dans la recherche d'une solution, au conflit, au titre de sa responsabilité dans la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité sur l'ensemble du continent ».

« L'Union africaine devrait inclure ses efforts dans le contexte d'un soutien accru aux efforts de l'Organisation des Nations Unies, afin d'augmenter ses chances de succès. Le rôle de l'Union africaine devrait viser à suivre et soutenir les efforts de l'Organisation des Nations Unies, alors que le Conseil de sécurité continue d'examiner cette question. En outre, l'Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies a, depuis qu'il a pris ses fonctions, des consultations intensives avec les parties, qui ont exprimé leur volonté de coopérer avec lui. Conformément à ce rôle d'appui et de soutien, la Conférence de l'Union devrait apporter un soutien efficace aux séries dirigées par les Nations Unies sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité », a recommandé Moussa Faki Mahamat dans son rapport.

Compromis et concessions

Le message du président de la commission de l'UA a été visiblement entendu puisqu'à l'issue de leur conclave, les chefs d'Etat ont adopté le principe de la mise en place d'un mécanisme de médiation qui sera constitué du président de la Commission ainsi que des présidents en exercice, précédent et à venir pour ce faire. Dans la configuration actuelle, le mécanisme africain est donc constitué en plus de Moussa Faki-Mahamat, du président rwandais Paul Kagamé, du président guinéen Alpha Condé et du chef d'Etat égyptien Abdel Fattah Al Sissi.

Plus d'un an après le retour du Maroc au sein de l'organisation continentale, l'UA s'invite de nouveau dans la résolution du conflit. Pour autant, la démarche de l'organisation va s'inscrire dans le cadre d'un appui renforcé aux efforts des Nations unies, pour accroitre leur chance d'aboutissement. En d'autres termes, « il ne s'agirait pas pour l'UA de développer un processus parallèle à celui des Nations unies » et certains organismes de l'organisation comme le Conseil de paix et de sécurité (CPS) ne sont pas habilités à interférer dans ce dossier des plus sensibles. Par ailleurs, les chefs d'Etat de l'UA ont approuvé le principe de la réouverture d'un bureau de l'institution au sein de la mission onusienne au Sahara, la MINURSO. Le bureau était pour rappel fermé en mars 2016 par le Maroc à la suite d'une crise éphémère mais qui a connu beaucoup de soubresauts sous l'ancien SG de l'ONU Ban Ki Moon.

Lire aussi : Mohammed VI : « Notre retour à l'UA n'est pas tactique »

L'ONU reste donc toujours à la manœuvre du processus de résolution de ce conflit qui date de 1975 soit l'un des plus vieux en Afrique sans occulter ses conséquences sur l'intégration sous régionale et africaine. Le nouveau mécanisme africain va se borner à « accompagner et à soutenir les efforts des Nations Unies, dont le Conseil de Sécurité demeure saisi de la question ». A ce niveau, il est d'ailleurs important de rappeler, comme l'a pris en compte l'UA, que l'actuel envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies, l'allemand Horst Kohler, qui mène depuis sa prise de fonction, des consultations intensives avec les parties, « lesquelles ont exprimé leur engagement à coopérer avec lui », s'est réjoui du reste l'UA. Selon l'ONU, qui le rappelle à chaque année à la virgule près et malgré quelques avancées ces dernières années, il s'agit de négociations « sans conditions préalables et de bonne foi en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable par toutes les parties ».

L'ONU toujours à la manœuvre

De l'équilibrisme dont les principaux acteurs du conflit, le Maroc et le Polisario, tentent chacun de tirer profit. Pour le Maroc, l'essentiel est que le processus de résolution du conflit reste aux mains de l'ONU, ce qui a été toujours la position défendue par la diplomatie chérifienne. Réagissant au rapport du président de la commission de l'UA ainsi qu'à la décision de la conférence des chefs d'Etat, le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourrita, a d'ailleurs estimé que «le sommet de l'UA à Nouakchott marque une avancée substantielle du royaume sur la question nationale ». Du côté du Polisario, Mohamed Salem Ould Salek, a estimé que cette décision de création d'un mécanisme africain destiné à trouver une solution au conflit est une « décision historique ».

Autant dire que la décision de Nouakchott satisfait en l'état les deux parties, sauf qu'il va falloir attendre avant de spéculer sur la contribution qu'il pourrait apporter à un conflit qui stagne et s'enlise depuis des années. En 2014 déjà, l'UA a tenté de s'intégrer à nouveau dans le conflit en désignant un comité présidé par l'ancien chef d'Etat mozambicain, Joachim Chissano, que le Maroc avait réfusé. Il est vrai qu'à l'époque, le Royaume ne faisait pas partie de l'UA et qu'il s'agissait plus d'une médiation en bonne et due ferme que voulait conduire l'organisation continentale mais sans succès.

Cette fois, l'UA s'essaie à une nouvelle démarche qui risque également de se confronter à la réalité du terrain. Certains observateurs estiment en effet que le fait que le mécanisme soit composé pour l'essentiel par des membres tournants selon les années, risquent d'être pris en otage au gré de leurs affinités avec l'un ou l'autre des protagonistes directs ou indirects de la crise.

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Commentaires 2
à écrit le 03/07/2018 à 22:10
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Tant que l'onu n'est pas férme avec le régime d'alger qui a inventé un probléme mensongéres et qui se cache dérriere un groupe de voyou a leurs solde avec des méthodes de magouilles les chosesq ne changeront jamais et le maroc est chez lui au sahara ...

à écrit le 03/07/2018 à 22:05
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Tant que l'onu n'est pas férme avec le régime d'alger qui inventé un probléme mensongéres et qui se cache dérriere un groupe de voyou a leurs solde avec des méthodes de magouilles les chose ne changeront jamais et le maroc est chez lui au sahara et c...

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