Zimbabwe : Constantino Chiwenga, meneur du coup d’Etat contre Mugabe, devient vice-président du parti au pouvoir

Certains y voient une confirmation que le coup de force qui a conduit à la démission arrachée à Robert Mugabe sous la pression était bien un coup d’Etat. Le général Constantino Chiwenga, que l’on pensait à la retraite il y a quelques jours, quitte le treillis pour enfiler le costume politique de vice-président de la Zanu-PF, le parti au pouvoir. Coïncidence ou signe, l’homme qui commandait l’armée lors de la «transition assistée» succède à ce poste à Emmerson Mnangwa, le nouveau maître d’Harare.
Ibrahima Bayo Jr.
Le général Constantino Chiwenga et le président zimbabwéen Emmerson Mnangwa.

Une promotion qui propulse le général à la retraite au rang de deuxième personnalité la plus influente du Zimbabwe. Comme pour ne rien laisser au hasard, ce samedi 23 décembre, c'est un communiqué du Palais national d'Harare, le siège même du pouvoir, et non celui de la direction du parti, qui annonce la nouvelle «avec effet immédiat».

Retraité il y a trois jours, Chiwenga sera (peut-être) vice-président du pays

Annoncé à la retraite le 20 décembre, le général Constantino Chiwenga, le désormais ex-chef d'état-major de l'armée zimbabwéenne, hérite trois jours plus tard du titre de «numéro deux» du parti-Etat, la Zanu-PF, au pouvoir depuis l'indépendance du pays. Aux côtés de Kembo Mohadi, l'ex-ministre de la Sécurité intérieure, longtemps en poste sous Mugabe, nommé deuxième vice-président du parti, le général Chiwenga quitte le treillis pour cette antichambre du pouvoir.

La suite logique de ces deux nominations est de parachuter les deux hommes directement sur les fauteuils de la vice-présidence du pays. Autour d'Emmerson Mnangagwa, un cercle de militaires occupe des fonctions ministérielles. En rupture avec les promesses d'ouverture envers l'opposition, le nouveau président du Zimbabwe a nommé un gouvernement «100% Lacoste», du nom de cette faction du parti-Etat soutenue par l'armée lors de la lutte de succession de Robert Mugabe avec la faction du «G40», favorable à l'ex-Première Dame, Grâce Mugabe.

Derrière Mnangagwa, l'ombre du général

Il n'est pas exclu que la nomination de Chiwenga à la vice-présidence du parti et plus tard à la vice-présidence du pays soit interprétée comme une récompense pour ses efforts consentis lors de la crise politique que l'armée qu'il dirigeait a préféré appeler une «transition assistée». L'image de Chiwenga tentant de passer discrètement un papier à lire à Robert Mugabe lors de son allocution à la télévision est encore vivace.

La dénonciation par l'armée du limogeage de Mnangagwa, alors vice-président et le placement en résidence surveillée jusqu'à la lecture de la lettre de démission de Robert Mugabe, on les doit aussi à l'ex-chef d'état-major de l'armée. La nomination dans le cercle décisionnaire du parti peut aussi signifier qu'il est l'homme de main qui va servir à mater les dernières résistances et les rares soutiens du «G40».

Dans l'un ou l'autre des cas, Emmerson Manangwa marche devant une éminence grise qui ne cache pas ses ambitions de participer à produire les ordres donnés en haut lieu. Aujourd'hui aux portes de la vice-présidence, il faut juste espérer que l'homme n'entende pas gravir la dernière marche qui le sépare de la prise du Palais national

Ibrahima Bayo Jr.

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