Afrique du Sud : Ramaphosa fait de la lutte contre la corruption sa priorité

Le nouveau président de l’ANC et plus que prochain probable président de l’Afrique du sud en 2019 a clôturé la conférence du parti qu'il a consacré avec des engagements sur ses priorités de mandat. Sans surprises, il s’agit de la lutte contre la corruption et de la transformation de l’économie du pays. Des chantiers sur lesquels son prédécesseur Jacob Zuma a échoué. Des promesses qui laissent pour l’instant sceptiques nombre d'observateurs tant les scandales financiers qui ont secoué le pays depuis quelques années se sont ramifiés au sein de la direction du parti.
« Nous devons mettre un terme immédiatement à la corruption » a déclaré Cyril Ramaphosa, le nouveau président de l'ANC

Les oreilles de Jacob Zuma ont dû bien sifflé, hier jeudi à Johannesburg, lors du discours de clôture de la conférence du Congrès national africain (ANC). Le nouveau président du parti et qui est bien parti pour devenir en 2019 le prochain chef de l'Etat de la nation arc-en-ciel a certes rendu hommage à l'actuel président du pays mais ses promesses sur la lutte contre la corruption ont de quoi troubler le sommeil de Zuma. « Nous devons mettre un terme immédiatement à la corruption » a déclaré Cyril Ramaphosa et plus encore, il a estimé que cette lutte devrait aussi passer par le parti. « Nous devons aussi agir avec courage contre les accusations de corruption et d'abus de pouvoir dans nos propres rangs »  a martelé le vice-président sud-africain en poste devant les délégués de l'ANC.

« Cette conférence a décidé parmi ses résolutions que la corruption doit être combattue avec la même intensité et le même but avec lesquelles nous combattons la pauvreté, le chômage et l'inégalité. Nous devons également agir sans peur contre la corruption présumée et l'abus de pouvoir dans nos rangs ». Cyril Ramaphosa

Plus loin dans son discours, Ramaphosa a également souligné qu'au niveau de l'Etat, le parti devrait aussi « affronter la réalité et admettre que les institutions importantes de notre pays ont été ciblées et influencées par des individus et des familles, qui sont parvenus à manipuler la gestion des ressources publiques ». Des accusations qui visent directement le président Zuma dont le règne depuis 2009 a été émaillé de scandales de corruption dont le dernier en date ayant fait grand bruit est « l'affaire Gupta ».

Transformation socio-économique

La lutte contre la corruption sera donc la priorité des priorités du mandat de Ramaphosa qui a été élu lundi dernier après un long processus électoral. Pour le plus que probable prochain président sud-africain, l'assainissement de la gestion publique est nécessaire pour relancer l'économie du pays qu'il a estimé affaiblie ces derniers temps avec une croissance au plus bas et des taux de chômage records. En clair, la mauvaise gestion tant au niveau de l'Etat que des entreprises a négativement impacté l'une des plus importantes économies du continent.

« Nous devons enquêter sans crainte et ni favoriser quiconque sur les irrégularités qui provoquent  des troubles sur les marchés, engloutissant des milliards de dollars que les sud-africains ordinaires ont investi ».

Des déclarations qui visent implicitement certaines entreprises soupçonnées d'irrégularités comptables pour optimiser leurs charges fiscales. C'est le cas avec le détaillant de meubles sud-africain Steinhoff  qui a été impliqué dans un autre scandale ayant fait perdre à l'entreprise plus de 10 milliards de dollars de sa valeur marchande au cours des deux dernières semaines, comme le rapporte Reuters.

La seconde priorité de son mandat, c'est donc la transformation de l'économie sud africaine et pour cela, Ramaphosa a promis une « transformation radicale » de l'économie au profit de la majorité noire du pays, dont « une large majorité vit toujours dans la pauvreté un quart de siècle après la chute de l'apartheid ».

A ce sujet d'ailleurs et conformément aux résolutions adoptées par la conférence, il a confirmé son intention de soumettre avec le parti une modification constitutionnelle afin d'autoriser, sous certaines conditions, l'expropriation des terres sans compensation. « L'expropriation sans compensation doit faire partie des mécanismes à la disposition du gouvernement mais sans déstabiliser la production agricole ou l'économie » a poursuivi Ramaphosa.

La feuille de route du président de l'ANC répond en grande partie aux attentes tant de la population sud-africaine que des investisseurs qui veulent tourner la page Zuma. C'est d'ailleurs dans cette voie que s'est engagé Cyril Ramaphosa même si pour beaucoup, il aura fort à faire en raison de l'implication de certains dirigeants de l'ANC dans les scandales financiers qui font régulièrement l'actualité dans le pays depuis l'arrivée au pouvoir de Jacob Zuma en 2009.

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