Nigeria : après sa démission de l’APC, l’ex-vice président Atiku Abubakar va-t-il défier Buhari en 2019 ?

L’ancien vice-président fédéral du Nigeria, Atiku Abubakar démissionné vendredi de l’APC, la formation du président Buhari. S’il a dénoncé la gestion du parti ainsi que le non respect de certaines promesses électorales, cette démission vise surtout à le rapprocher du PDP, le principal parti de l’opposition. Avec en ligne de mire, la présidentielle de 2019 pour ce vieux routier de la politique qui n’a jamais fait mystère de ses ambitions présidentialistes.
Atiku Abubakar, ancien vice-président du Nigéria

On le voyait venir depuis quelques temps et c'est désormais chose faite. Depuis le vendredi 24 novembre dernier, Atiku Abubakar, n'est plus membre de l'All Progressives Congress (APC), le parti du président Muhammadu Buhari. L'ancien vice-président fédéral sous le règne d'Olusegun Obasanjo (1999-2007), a finalement claqué la porte à travers une lettre dans laquelle il motivait sa démission. « Le parti a échoué et continue de trahir la confiance de notre peuple, en particulier nos jeunes » a expliqué Atiku Abubakar qui a dénoncé au passage, « une répression draconienne de toutes les formes de démocratie au sein du parti et du gouvernement qui en est issu ».

« J'avoue que moi et les autres qui ont accepté l'invitation de rejoindre l'APC étaient désireux d'apporter des changements positifs pour notre pays. Malheureusement nous sommes tombés dans un mirage ». Atiku Abubakar

L'ancien vice-président n'a pas encore dévoilé ses intentions mais ce weekend, la presse locale a fait cas d'échanges et de négociations avancées avec plusieurs responsables du People's Democratic Party (PDP), le principal parti politique d'opposition. En somme un retour au bercail pour ce grand habitué de la transhumance politique au Nigeria, qui a 71 ans, n'a fait que multiplier les allers-retours entre les principales formations du pays. Il était en effet membre du PDP de 1998 à 2006 avant de rejoindre l'Action Congress of Nigeria (ACN) entre 2006 et 2009 à la suite d'une brouille avec l'ancien président Obasanjo qui a refusé de le soutenir pour lui succéder. De 2009 à 2013, il est revenu au sein du PDP avant de quitter de nouveau pour l'APC de Buhari dont il était membre depuis cette date jusqu'à vendredi dernier.

La présidentielle de 2018 en ligne de mire

Cette fois, le retour de Atiku Abubakar au sein du PDP risque de provoquer des tensions au sein du parti de l'ancien président Goodluck Jonathan. C'est d'ailleurs ce dernier qui serait à la manœuvre derrière ce retour annoncé depuis plusieurs mois par les médias nigérians.

L'objectif en ligne de mire, c'est bien évidement la présidentielle de février 2019 sur laquelle c'est un secret de polichinelle, il a encore des vues. En clair défier Buhari, un challenge à haut risque pour celui qui s'est déjà essayé à plusieurs reprises mais sans succès à briguer la présidence du pays le plus peuplé d'Afrique.

En plus de la popularité dont continue à jouir le président Buhari dans le nord du pays à majorité musulmane, Atiku Abubakar aura fort à faire avec l'establishment du PDP où un candidat s'est déjà prononcé en la personne de Peter Ayodele Fayose, le très médiatique gouverneur de l'Etat d'Ekiti dans le sud-ouest.

Atiku Abubakar est originaire de l'Adamaoua dans le nord-est du pays et le PDP a déjà fait savoir qu'il présentera, en 2019, un candidat du nord afin de maximiser ses chances de battre le candidat de l'APC. Cependant pour des cadres du parti, le plan de l'ancien président Jonathan a de fortes chances de tomber à l'eau, d'autres personnalités du parti se détachant du lot. Il y a d'abord le président du comité national du parti, Ahmed Makarfi, l'ancien gouverneur de l'État de Jigawa, Sule Lamido ou le gouverneur de l'État de Kano, Ibrahim Shekarau, lesquels ont plus les faveurs des cadres du PDP, lesquels voient d'un mauvais œil, le retour de celui qui est tout sauf  " l'enfant prodige".

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