Nations Unies : l’Afrique en force à New York

Ils sont une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement et autant de délégations en provenance du Continent à prendre part à la 72e Assemblée générale ordinaire des Nations Unies qui se déroule du 12 au 29 septembre à New York. Mis à part quelques absences, l’Afrique est bien représentée surtout que plusieurs sujets qui y seront débattus concernent directement le Continent. L’instant d’une semaine, c’est en effet au siège de l’ONU que se transpose l’actualité africaine avec les très attendues interventions à la tribune de la plénière de ce mardi où plusieurs présidents prendront la parole.

Les vedettes du jour, c'est incontestablement Donald Trump et Emmanuel Macron. Les discours du président américain et de son homologue français, qui font leur baptême de feu à la tribune de l'Assemblée général de l'ONU, sont très attendus pour cette journée de mardi 19 septembre durant laquelle les chefs d'Etat et de gouvernement du monde défileront devant la plénière de cette 72e session ordinaire annuelle des Nations Unies qui se tient du 12 au 29 septembre à New York.

C'est aussi le cas du secrétaire général de l'organisation, Antonio Guterres, qui a pris fonction en janvier et dont ce sera également la première allocution d'ouverture du traditionnel débat général au cours duquel, on en saura davantage sur l'état du monde, ainsi que la vision des dirigeants des pays membres de l'ONU sur les tendances actuelles et prochaines des relations internationales. L'édition 2017 de l'Assemblée annuelle des Nations Nnies se tient sous le thème «Priorité à l'être humain: paix et vie décente pour tous sur une planète préservée» et est présidée par le diplomate slovaque Miroslav Lajčák.

Si la prestation de Donald Trump est partie pour tenir le haut du pavé, il devrait pourtant partager la scène avec bien d'autres de ses pairs du Continent qui ont fait le déplacement à New York. Le premier à intervenir, c'est le chef d'Etat guinéen Alpha Condé, président en exercice de l'Union africaine qui interviendra en 5e position juste après le président américain.

Emmanuel Macron, l'autre affiche du jour, devra attendre le passage du président nigérian Muhammadu Buhari à la 8e position avant que le président français ne passe le relais à son homologue libérienne Ellen Jonhson-Searleaf dont c'est la dernière apparition à ce titre et en ces lieux mythiques. Elle sera suivie à la tribune, au rang des chefs d'Etat africains par le président zambien Edgar Chagwa Lungu avant la clôture de la séance de la matinée.

A la reprise dans la soirée, c'est le président malien Ibrahim Boubacar Keita qui ouvrira le bal des allocutions. Par la suite défileront au pupitre les présidents Abdel Fattah al-Sissi d'Egypte, Yoweri Kaguta Museveni de l'Ouganda, Adama Barrow de la Gambie, dont c'est aussi la première prestation à la tribune des Nations Unies. A la fin de la journée, les présidents mauritanien Mohamed Ould AbdelAziz et sud-africain Jacob Zuma, qui est aussi à sa dernière participation comme chef d'Etat, clôtureront cette journée qui constitue le point d'orge de la session.

Les chefs d'Etat africains massivement présents malgré quelques absences

L'Afrique est donc en force à New York, «the place to be» et vers où une trentaine de présidents et de chefs d'Etat du Continent ont convergé depuis le weekend. En plus de ceux qui interviendront à la tribune de la plénière ce mardi, ils sont nombreux à assister à cette grand-messe annuelle qui réunit les représentants des 193 pays membres de l'ONU, ainsi que l'essentiel de ce que le monde compte comme institutions financières internationales, agences de développement ou partenaires techniques.

Des habitués au rendez-vous depuis leur arrivée au pouvoir à l'image du président ivoirien Alassane Dramane Ouattara ou congolais, Denis Sassou Nguesso, du Premier ministre éthiopien, Haile Mariam Dessaleign, ainsi que leurs homologues rwandais Paul Kagamé, équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema et sénégalais Macky Sall porteront la voix du Continent en compagnie des novices comme le président ghanéen Nana Akuffo-Addo. Le Namibien Hage Geingob, le Centrafricain Archange Faustin Touadéra ou le Malawite Peter Mutharika sont également de la partie. Cette année, même le Camerounais Paul Biya a estimé utile de faire le déplacement de New York où il sera aux côtés  du zimbabwéen Robert Mugabe.

La présence massive des dirigeants africains ne masque pas l'absence des grands habitués de ce raout. Si d'autres chefs d'Etat n'ont pas pu faire le déplacement pour diverses raisons connues de tous (Omar El Béchir du Soudan toujours dans le viseur de la CPI, l'Algérien Abdelaziz Bouteflika pour cause de maladie ou le roi Mohammed VI du Maroc qui sort d'une convalescence), d'autres n'y seront pas pour des raisons internes. C'est le cas du Kényan Uhuru Kenyatta, du président togolais Faure Gnassingbé Eyadéma ou du Congolais (RDC) Joseph Kabila. Ce dernier a été un temps annoncé, mais il est finalement resté présider le Forum de la paix dans le Kasaï. le président tchadien Idriss Déby, initialement annoncé pour prendre part à la rencontre de haut niveau du G5 Sahel, n'a finalement pas fait le déplacement.

Certains se sont fait représenter par leur chef de diplomatie à l'image du Béninois Patrice Talon, du Tunisien Béji Caid Essebsi ou du Malgache Hery Rajaonarimampianina.

Diplomatie et business à l'agenda des chefs d'Etats africains

L'occasion donc pour les chefs d'Etat africains et les autres délégations représentant le Continent de mener d'intenses offensives diplomatiques à travers des échanges bilatéraux et multilatéraux dans le cadre de l'Assemblée générale qu'en marge des travaux. Avec des rencontres fortes de symboles comme l'entretien entre Emmanuel Macron et Paul Kagamé, la première prise de contact entre les deux chefs d'Etat. Kagamé a aussi rencontré dans la même journée le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et a co-présidé avec l'homme d'affaires nigérian Aliko Dangoté, la 5e rencontre du Centre des objectifs du développement durable. Le grand invité de la rencontre était le président ivoirien Alassane Ouattara.

D'autres rencontres, aussi furtives soient-elles, feront assurément parler d'elles sur le Continent, à l'image de celle entre Alassane Ouattara et la procureure de la CPI, Fatou Bensouda qui a déjà enflammé la toile dans le pays.

Le rendez-vous des Nations Unies, c'est aussi l'occasion de «parler affaires». Cette année, c'est particulièrement les Etats-Unis qui ont été actifs à l'égard du Continent. Lundi, plusieurs chefs d'Etat ont assisté à deux rencontres américaines notamment celle organisée par le think tank Atlantic Council sur les relations Etats-Unis-Afrique et le rendez-vous d'affaires entre investisseurs américains et dirigeants du Continent qui s'est tenu à l'initiative du Corporate Council on Africa (CCA). Le mercredi 20 septembre, c'est le président américain Donald Trump qui échangera avec les présidents africains, une réunion de prise de contact qui fait suite à celle qu'il a déjà co-présidée, lundi dernier, en compagnie du président nigérien Issoufou Mahamadou sur la réforme de l'ONU et à laquelle assistaient également d'autres présidents africains dont le Burkinabé Roch Marc Christian Kaboré.

Toujours côté affaires, le Premier ministre japonais a lui aussi profité de l'Assemblée des Nations Pnies pour la tenue, lundi 19 septembre, d'un sommet «Japon-pays africains membres non permanents du Conseil de sécurité» à laquelle plusieurs leaders africains ont assisté et qui a été l'occasion d'aborder les questions d'ordre sécuritaire et de coopération entre l'Afrique et le Japon.

Cependant, l'un des sujets sur lesquels les enjeux sont des plus stratégiques pour l'Afrique, c'est celui de la sécurité et la lutte contre le terrorisme avec la multiplication des foyers de tensions un peu partout sur le Continent. Le G5 Sahel est ainsi allé à New York pour tenter de convaincre de nouveau la communauté internationale de mettre la main à la poche pour financer la force mixte de 5 000 hommes qui n'attend que les fonds pour entrer en action. Les  présidents du G5 Sahel, à l'exception de Déby, ont à cet effet organisé une réunion de haut niveau, dans la soirée du lundi, en présence du président français Emmanuel Macron.

La situation qui prévaut au Mali tout comme en Libye, en République centrafricaine, au Soudan du Sud et la crise politico-sécuritaire en RDC ont fait l'objet d'une série de rencontres de haut niveau, sous l'égide de l'ONU, mais aussi d'autres organisations internationales impliquées dans la résolution de ces conflits qui plombent le développement du Continent.

Enfin, il convient de noter qu'il n y a pas que les chefs d'Etat du Continent qui profitent de l'opportunité de l'Assemblée de l'ONU pour faire des affaires et mener d'intenses activités diplomatiques ou de plaidoyers. Plusieurs opposants de la diaspora africaine notamment gabonaise, congolaise ou camerounaise ont saisi l'occasion pour se faire entendre à travers des manifestations de moindre envergure, devant le siège des Nations Unies, cristallisant, l'instant de quelques journées, l'actualité internationale.

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Commentaires 3
à écrit le 01/10/2017 à 0:57
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Au delà de l'inutilité du zinzin onusien , quelle Belle énumération des despotes du continent africain... à part quelques rares élus tous ces "présidents" sont des dictateurs d'un autre âge . Venir faire la claque à New York et surtout lors des ent...

à écrit le 20/09/2017 à 16:19
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L'ONU s'est démarquée de certaines de ses obligations. Celles d'instaurer la paix dans le monde. L'ONU est devenue un lieu pour décréter la guerre à certaines autorités jugées non conforme à la politique occidentale (Saddam Hussein, Kadaffi,...). Le ...

à écrit le 20/09/2017 à 3:58
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☺la reconstruction ou la construction de l'Afrique viendra des génération non pas lointaine mais proche.elle viendra mais pas avec les gouvernements actuels.il faut donc qu'ils prennent acte de cela et qu'ils nous préparent en nous éduquant et surtou...

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