Nigéria : Yemi Osinbajo part en guerre contre Boko Haram

Le président nigérian par intérim, Yemi Osinbajo, a donné des instructions fermes à l’armée pour renforcer ses capacités d’intervention dans la région de Borno, où la secte terroriste Boko Haram continue de mener des attaques meurtrières. En l’absence du président Muhammadu Buhari toujours en séjour médical à Londres, c'est désormais le vice-président qui assume les prérogatives de chef d'Etat et des armées.
Une unité de l'armée nigériane patrouillant dans les rues de Maiduguri, dans l'Etat de Borno, le 31 août 2016.

Yemi Osinbajo monte au front contre Boko Haram ! Le vice-président de la république fédérale du Nigéria, qui assure actuellement l'intérim du chef d'Etat en exercice Muhammadu Buhari, vient de donner de nouvelles instructions au commandement de l'armée nigériane pour renforcer sa lutte contre la secte terroriste Boko Haram. Dimanche dernier, Yemi Osinbajo a de nouveau convoqué les ministres en charge de la défense et de la sécurité ainsi que les principaux chefs militaires du pays pour une réunion d'urgence à la suite d'une nouvelle attaque meurtrière de Boko Haram qui s'est soldée par la mort de plus de 50 personnes.

Selon son porte-parole, Laolu Akandé, qui en a relayé les principales conclusions, le président nigérian par intérim qui a déjà rencontré quelques jours auparavant les responsables de la défense et de l'armée, a pris de nouvelles directives pour «permettre à l'armée nigériane et aux agences de sécurité d'intensifier, immédiatement, leurs efforts et activités dans l'État de Borno afin de maintenir un contrôle fort et efficace de la situation et sécuriser les vies et les biens».

Le président par intérim Yémi Osinbajo a expressément ordonné au chef d'état-major de l'armée nigériane et à celui de l'armée de l'air, les généraux Tukur Buratai, et Sadik Abubakar, de se relocaliser dans les plus brefs délais à Maiduguri, la capitale de l'Etat de Borno, la zone où les attaques de la secte se sont particulièrement intensifiées ces derniers temps. A sa prise de fonction, le président Muhammadu Buhari avait également décidé de déménager le centre de commandement des opérations militaires d'Abuja à Maiduguri, fief de l'insurrection menée par Boko Haram.

D'après le porte-parole de la vice-présidence nigériane, Yémi Osinbajo a également félicité les soldats pour les progrès enregistrés dans la lutte contre Boko Haram, tout en exhortant l'armée à renforcer ses capacités opérationnelles et à poursuivre ses opérations pour éradiquer la secte et libérer les otages encore retenus par cette dernière.

Un chef militaire peut en cacher un autre

Comme Muhammadu Buhari quelques mois après sa prise de fonction, le président par intérim Yemi Osinbajo revêt l'uniforme militaire pour combattre la nébuleuse Boko Haram qui multiplie les assauts au nord du pays, mais aussi au Niger, au Cameroun et au Tchad. Alors qu'on la disait affaiblie par les actions militaires conjointes menées par la force mixte régionale dans la zone transfrontalière du Tchad, Boko Haram semble avoir retrouvé du poil à la bête.

Début juillet, elle a mené des attaques au Niger où elle a enlevé 39 femmes et enfants dont le sort est encore inconnu à ce jour.

Le samedi 29 juillet, Boko Haram a tendu une embuscade meurtrière ayant visé une mission de prospection pétrolière dans l'Etat du Borno, au cours de laquelle 69 personnes ont été tuées et au moins trois personnes enlevées comme le témoigne une des vidéos mises en ligne par des milieux proches de la secte.

L'attaque qui a ému tout le pays a été qualifiée «d'effroyable» par le président par intérim qui, quelques jours auparavant (le 27 juillet), avait déjà demandé aux chefs militaires de l'armée «d'accroître les efforts et les activités dans l'Etat du Borno afin de maintenir de manière effective le contrôle ferme de la situation».

Président intérimaire, mais de plein exercice

En s'affichant sur le plan militaire, Yemi Osinbajo entend ainsi montrer que même en l'absence du président nigérian, la lutte contre Boko Haram reste une priorité. De plus, la sortie et les mesures prises par le président par intérim ont été saluées par l'opinion locale qui découvre ainsi une nouvelle facette de son vice-président.

Jusque-là, en effet, Osinbajo s'est plutôt contenté de la gestion de dossiers à caractère plus socio-économiques, même s'il a activement contribué au retour des négociations entre Abuja et les rebelles du Delta, ainsi que des groupes indépendantistes qui sévissaient dans la partie sud-est du pays, là où sont installées les principales unités industrielles pétrolifères du pays.

Les questions militaires ont été, dans une large mesure, la chasse gardée de la présidence, notamment de Buhari, ancien général de l'armée qui dispose d'un solide relais dans l'armée, mais aussi dans l'establishment du nord du pays.

Lorsqu'il a été désigné au poste de président par intérim, Yemi Osinbajo avait assuré qu'il en assumerait pleinement la charge conformément au mandat obtenu du Parlement à la demande de Buhari.

Le président nigérian continue son séjour médical à Londres où les seules nouvelles qu'ont les Nigérians, c'est que la convalescence se poursuit normalement comme en témoignent les visites que reçoit régulièrement Buhari.

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