Bénin : Talon fusionne la police et la gendarmerie en une seule force

A partir du 1er janvier 2018, les différents corps de sécurité intérieure au Bénin seront réunis en une seule entité : la force unique de sécurité intérieure. C’est la promesse que vient de faire le président Patrice Talon dans le cadre de la réforme des forces de sécurité publique qu’il a engagé en janvier dernier. Pour le chef d’Etat béninois, les nouvelles menaces de tout genre auxquels sont confrontés aujourd’hui les pays de la sous-région, nécessite une nouvelle approche en matière de gestion sécuritaire.

C'est Patrice Talon qui l'a déclaré : « l'ère du policier ou du gendarme posté au bord de la voie ou dans nos contrées est révolue ». Le chef d'Etat béninois recevais, mardi dernier, le rapport de la commission d'étude de la création de la Force unique de sécurité intérieure (FUSI) qu'il a mis sur place le 4 janvier dernier avec comme principale objectif de réfléchir sur la réforme des forces et de sécurité, un de ses engagements phare de mandat.

Après six mois de travail, la commission présidée par le général Félix Tissou Hessou a rendu ses principales conclusions se rapportant spécifiquement à la réforme des corps en charge de la sécurité intérieure. Prenant connaissance des principales propositions, le président béninois a tenu à rappeler les enjeux de la réforme qu'il a engagée. « Les défis sécuritaires de notre temps ont changé de nature et de dimension et  nous imposent une cohérence d'actions et une meilleure organisation de nos forces de sécurité publique », a souligné Talon ajoutant à la même occasion que les prérogatives traditionnellement dévolues aux différents corps en charge de la sécurité des personnes et de leurs biens a évolué, «  dans un environnement mondial où les enjeux se sont déplacés vers la prise en charge de nouveaux risques ».

Il s'agit entre autres, du terrorisme, de la cybercriminalité, du trafic de drogue et de substances illicites de tous genres en bandes organisées avec des modes opératoires de plus en plus sophistiqués. Pour Talon, « ces menaces exigent une nouvelle définition des rôles et de nouvelles compétences davantage tournées vers le développement du renseignement ».

« L'efficacité de l'organisation des forces de sécurité publique repose désormais partout dans le monde sur la capacité à anticiper les risques à travers la collecte d'informations précieuses et le pistage des porteurs de risques ». Patrice Talon

La réforme voulue par le président béninois se justifie également selon lui par des considérations d'optimisation des dépenses publiques. « Les ressources limitées de notre pays nous contraignent à plus de rationalisation et de recherche d'efficience dans l'utilisation de nos forces de sécurité », a-t-il laissé entendre, ce qui justifie donc le projet de création d'une Force unique de sécurité intérieure (FUSI).

Une police républicaine en réponse aux défis sécuritaires

Pour l'heure, ce ne sont que des propositions qui ont été soumis à l'appréciation du chef de l'Etat. Toutefois et en attendant la mise en œuvre concrète de la réforme, Talon veut aller vite. Ainsi, il a déjà acté la création d'un nouveau corps qui sera composé d'une fusion de l'ensemble des services de sécurité intérieure notamment la gendarmerie et la police. Elle devrait être effective à partir du 1er janvier 2018 selon l'engagement pris par le président béninois.

Les contours de la nouvelle force restent donc à définir, mais d'après les principales propositions formulées par la commission et exposées par son rapporteur, le colonel Yaya Soumaïla, la nouvelle force sera dénommée « Police Républicaine ». Elle aura un statut paramilitaire et bénéficiera du maintien des attributions de police armée et ne disposera ni de droit syndical ni celui de grève, même si ses membres pourront désigner des délégués du personnel.

La commission a également suggéré que la police républicaine adopte le modèle de police communautaire qui vise à établir des partenariats stratégiques avec la population en vue de réduire la criminalité en « s'attaquant à ses causes réelles afin de trouver des solutions viables et permanentes ». « La réforme des forces de sécurité intérieure béninoises doit entraîner une révision générale de leur mode d'action et un changement de comportements », a aussi rappelé le colonel précisant que « le but de l'initiative est de réduire la criminalité, juguler les crises intérieures... afin de créer un environnement propice au développement ».

Au total, la commission a remis au président Talon, une feuille de route structurée autour de six propositions et onze recommandations. Selon la présidence béninoise, il s'agit de l'élaboration, entre autres, du document portant politique nationale de sécurité intérieure, d'une politique de lutte anti-terroriste au Bénin et d'une loi sur le renseignement. S'agissant des recommandations, il est question de veiller à susciter l'adhésion des institutions de la république, des hauts responsables politiques et de la société civile à la réforme, de sensibiliser les acteurs de la sécurité publique et la population, ainsi que de procéder à l'expérimentation de la nouvelle force dans la région septentrionale du pays.

Il reste à savoir si l'ensemble des propositions seront prises en compte dans le cadre de l'opérationnalisation de la nouvelle force. Talon a promis qu'il y veillera personnellement, mais l'enjeu pour le président béninois est qu'au-delà d'une simple question d'organisation, l'initiative se décline en réforme profonde. « Cela sous-entend que l'esprit de ce changement ne repose pas sur le tout-en-un mais la naissance d'une nouvelle force qui gomme les anciennes identités au profit d'une force unique pour la sécurité intérieure », a annoncé Talon estimant que c'est « le défi le plus important à relever ».

Comme présentée, l'initiative a été favorablement accueillie au Bénin et même dans les autres pays de la sous-région où les défis sécuritaires deviennent de plus en plus la priorité majeure avec l'amplification des menaces de tout genre. Patrice Talon prend les devants et la réussite de cette réforme pourrait certainement servir de modèle à d'autres Etat voisins. Sauf qu'il reste l'autre aspect de la réforme globale des forces de défense et de sécurité, qu'il a promis dans le cadre de son programme « le Bénin relevé ». C'est là que les attentes sont légions pour le Bénin tout comme les enjeux et les risques pour le pays et comme pour ses voisins...

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Commentaire 1
à écrit le 23/07/2017 à 21:41
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Une decision bien reflexie au benin .bonne inspiration pour le Burkina

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