Climat : Trump saborde l’accord de Paris, le monde s’indigne

Le président américain a annoncé jeudi le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat obtenu de haute lutte en décembre 2015 après plusieurs années de négociations. Comme il l’avait promis lors de sa campagne électorale, Donald Trump saborde ainsi à travers cette décision les efforts de la communauté internationale visant à sauver la planète. Cette dernière s’est aussitôt indignée de cette décision même si d’importants signataires comme la Chine et l’Union européenne ont fait part de leur engagement à respecter les termes de l’accord convenu en faveur du climat et des générations futures.

Il l'a promis durant sa campagne électorale et il vient de le faire. Le président américain, climato-sceptique devant l'éternel, a annoncé, hier jeudi, sa décision de retirer les Etats-Unis de l'Accord de Paris arraché de haute lutte en décembre 2015 par la quasi-totalité des pays du monde afin de prendre les mesures nécessaires visant à atténuer la hausse de la température moyenne mondiale aux alentours de 1,5°, préalable nécessaire pour sauver la planète d'une apocalypse certaine selon les scientifiques.

Donald Trump qui s'exprimait à l'occasion d'une cérémonie solennelle au Jardin des roses de la Maison blanche, a motivé sa décision non seulement par l'engagement électoral qu'il a pris durant sa campagne mais aussi et surtout par des arguments qu'il a toujours défendu pour fustiger l'Accord de Paris signé lors de la COP 21, lequel « désavantage les Etats-Unis plus que tout autre pays au monde ».

« Dans le but de garder ma promesse de donner plus d'emplois aux Américains, les Etats-Unis vont se retirer de l'accord de Paris sur le climat, mais entamer des négociations soit pour rentrer dans l'accord de Paris ou toute autre transaction »

De la parole aux actes car le président Trump n'a pas manqué d'annoncer que dès à présent, son pays va mettre fin à « toute contribution financière à cet accord qui coûte aux USA une vaste fortune ».

Le président américain s'est par la suite fendu d'un réquisitoire assez virulent contre les engagements en faveur du climat avec, comme à son habitude, des exemples approximatifs contradictoires comme lorsqu'il qualifiât l'Accord d'injuste le fait que la Chine et la Russie, « les plus grands polluant de la planète », puissent continuer leur production en charbon ou que  l'Europe et l'Inde se voient autoriser à augmenter leur production pendant qu'il est demandé à son pays de réduire la sienne. "L'accord n'élimine pas le travail du charbon mais plutôt un  transfert à d'autres pays », s'est insurgé le président Trump agitant de nouveau les menaces que cela fait planer sur l'industrie américaine notamment sur le secteur de l'automobile et donc la création d'emploi.

« J'ai été élu pour représenter mes concitoyens, non Paris. (...). En tant qu'homme soucieux de l'environnement, je ne pourrais en bonne conscience appuyer une quelconque menace sur les Etats-Unis comme c'est le cas effectivement de l'accord de Paris ».

Panique pour le climat

Ainsi donc, 18 mois après sa signature et moins d'une année après son entrée en vigueur, l'Accord de Paris vient de subir son premier coup de sabordage de la part d'un de ses plus importants signataires. L'un des plus gros pollueurs aussi  de la planète avec ses importantes émissions de gaz à effet de serre qui vont s'amplifier dans les années à venir avec les perspectives de développement des sources d'énergies non conventionnelles par les USA (exploitation du charbon ainsi que du pétrole et du gaz de schiste).

La décision était certes assez probable depuis l'élection de Donald Trump, en novembre dernier, en plein COP 22 à Marrakech au Maroc, mais face à la mobilisation de la communauté internationale qui a permis l'entrée en vigueur du texte une année après son adoption, beaucoup espérait voir le président américain tempérer ses ardeurs.

Il n'en sera rien comme le laissent d'ailleurs présager les conclusions du dernier sommet du G7 qui s'est tenu il y a moins d'une semaine en Italie et au cours duquel, l'opposition du président américain a fait capoter l'idée des dirigeants des principaux pays du monde de réitérer leur engagement en faveur de l'Accord de Paris.

De retour à Washington à l'issue de sa première sortie internationale, Donald Trump a donc acté sa promesse. La décision reste cependant très critiquée au sein même de l'administration américaine, plusieurs hauts responsables en charge des questions de l'environnement ayant même décidé de démissionner en cas de retrait des USA de l'accord sur le climat.

Indignation de la communauté internationale

La pilule a été difficile à avaler pour la communauté internationale et aussitôt la décision de Donald Trump connu, plusieurs voix de part le monde se sont levées pour fustiger la décision du président des Etats-Unis.

L'une des meilleures répliques est venue de la France, pays qui a parrainé l'accord. Le nouveau président a donné la réplique de la plus belle manière à son homologue américain. En réaction à l'argument de Trump selon lequel il s'agit dans cette décision de respecter son engagement électoral, « Make America great again », Emmanuel Macron a répliqué,  que l'urgence c'est plutôt « Make our planet great again »

Pour la France c'est plus qu'une question personnelle mais une défiance et les soutiens en faveur de l'Accord de Paris ont vite fait de foisonner du ministre écologiste Nicholas Hulot à la maire de Paris Anne Hidalgo qui a décidé d'accueillir la décision des USA de la plus belle manière.

La décision de Donald Trump a fait même sortir de sa retraite l'ancien président François Hollande sous l'égide de qui a été signé l'accord, lequel constitue d'ailleurs l'un des plus importants actifs de son mandat.

L'ancien président américain Barack Obama qui perd aussi une partie de son héritage, a fustigé la décision de Trump qui "retire ainsi l'Amérique de l'avenir " tout en  rassurant que « le monde ne s'arrêtera pas pour autant ».

Salaheddine Mezouar, le président en exercice au nom du Maroc de la Conférence des Etats-partis (COP) en faveur du climat, qui regroupe les pays signataires de l'accord de l'ONU a également réagit à la décision du président américain.  « La dynamique de l'action climatique est irréversible. Ensemble et dans l'esprit de Marrakech nous mettrons en œuvre l'accord de Paris » a plaidé le président de la COP 22.

Ailleurs dans le monde, ce sont les mêmes sentiments d'indignation qui se sont dégagés de la part des chefs d'Etats et de gouvernement, des acteurs politiques, décideurs économiques ainsi que la grande communauté des experts, scientifiques et membres des organisations internationales non gouvernementales (ONG).

La communauté internationale vent débout donc contre le président américain mais le plus grand défi sera de savoir gérer la suite. En plus d'être un des plus grands pollueurs de la planète, les USA sont aussi l'un des plus gros contributeurs à l'effort financier destiné à concrétiser les engagements pris.

En Afrique également, région qui sera selon les spécialistes la plus impactée par les répercussions du changement climatique, la condamnation est unanime même si quelques réactions mettent plutôt en avant le respect de la parole donnée que vient de respecter Trump et pour lequel il a été donc élu, ce qui est presque une variable inconnue sur le continent selon les mêmes commentaires.

Comme un peu partout dans le monde, c'est par la dérision que la plupart des observateurs anonymes ont tenu à réagir à la décision du président américain qui n'est qu'à quelques mois de son mandat mais a déjà concrétisé assez de promesses tenues, ce qui constitue un motif d'inquiétudes en se référant aux autres engagements qu'il a pris durant sa campagne.

Comme lot de consolation et en plus du rejet quasi-unanimement international, l'Union européenne et la Chine ont promis de réaffirmer à l'occasion du sommet commun qu'il tienne à Bruxelles ces jeudi et vendredi, « leur soutien à l'accord de Paris,  quelle que soit la position du président américain ».

A l'évidence on s'achemine vers un nouveau défi de la communauté internationale contre la décision du président des USA, une sorte de « challenge Trump » comme c'est la vogue en Afrique mais qui cette fois est déterminant pour l'avenir de la planète et donc des générations futurs.

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