Maroc : désormais ex-Chef du gouvernement, Benkirane en phase avec le Palais

Le Maroc s’est réveillé le jeudi 16 mars sans chef de gouvernement désigné. En effet, Abdelilah Benkirane a été remercié par le Souverain après un blocage politique qui dure depuis 5 mois. Dans un communiqué publié la nuit du 15 au 16 mars, le Cabinet Royal a annoncé le remerciement du chef du gouvernement désigné pour son incapacité à réunir une majorité gouvernementale. Une décision que ce dernier a décidé de respecter après une réunion de crise du Conseil national du PJD.
Amine Ater

Redistribution des cartes au Maroc, où récemment rentré d'une tournée continentale le Roi du Maroc a décidé de « remercier », le chef du gouvernement sortant, Abdelilah Benkirane. C'est donc une nouvelle situation inédite dans l'histoire politique marocaine, après 5 mois de blocage et de pourparlers infructueux entre les différents partis, le Cabinet royal a diffusé un communiqué dans la nuit du 15 mars officialisant la décision royale de désigner une autre personnalité du parti de la Justice et du Développement (PJD) pour former un nouveau gouvernement.

Message reçu par le PJD

Une décision que le chef de gouvernement sortant a accepté à la suite d'une réunion de crise du Conseil national du PJD. « Nous avons décidé à l'unanimité de répondre favorablement au communiqué du Cabinet royal et de suivre les orientations qu'il indique. Bien entendu, ce communiqué met fin aux fonctions du Secrétaire générale du parti, en l'occurrence moi-même Abdelilah Benkirane, en tant que Chef de gouvernement », soutient un Abdelilah Benkirane ému. Ce dernier a également annoncé une seconde réunion du Conseil national du parti pour le samedi 18 mars prochain à 10h, et ce, pour « débattre du sujet dans le respect de la démocratie interne du parti, et de la volonté de ses membres représentées par le Conseil national ».

Le Cabinet royal justifie cette décision par le fait que « les consultations menées par le Chef du Gouvernement désigné, pendant plus de cinq mois, n'ont pas abouti jusqu'à ce jour à la formation de la majorité gouvernementale, en plus de l'absence de signaux qui augurent de sa prochaine formation ». Selon le communiqué du Cabinet royal, le choix de remplacer Benkirane par un autre membre du PJD était une option parmi d'autres offertes par la Constitution. Une manière de « consolider le choix démocratique et de préserver les acquis réalisés par notre pays dans ce domaine ».

Une sortie qui semble imputer la responsabilité du blocage qu'a connu le royaume depuis le 7 octobre 2016, à la seule personne de Benkirane. Ce dernier a par ailleurs, appelé dans un premier temps les militants de son parti à ne pas commenter la décision royale. Une réaction habituelle du chef sortant du PJD a chaque crise qui implique une décision royale où les services de sécurité, comme c'était par exemple le cas lors des actions du mouvement du "20 février" en 2011.

Qui prendra sa place ?

Reste à savoir, qui des cadors du PJD remplacera le chef du gouvernement sortant. A noter que le Conseil national du parti et sa base avaient décidés à l'unanimité d'ajourner les élections interne du parti après les législatives d'octobre dernier, de manière à assurer un second mandat à la tête du gouvernement alors qu'il ne pouvait plus se représenter à la tête du PJD conformément aux statuts du parti. En attendant la désignation du nouveau chef du gouvernement, les pronostics se multiplient.

La short liste sur les personnalités susceptibles de recevoir un appel du Palais, est composé de 3 noms : Mustafa Ramid (ministre de la Justice), Sâadeddine El-Othmani (ex-numéro 1 du parti et ex-ministre des Affaires étrangères) et Aziz Rebbah (ministre du transport et pressenti comme prochain chef du parti). D'autres noms au sein du PJD pourraient également être « désignés », notamment Idriss El Azami (ministre du budget et maire de Fès) et Mohammed Najib Boulif (ministre chargé des Affaires générales de la Gouvernance).

Cette nouvelle donne remet entre les mains du Conseil national du PJD, la possibilité d'un retrait du parti des tractations gouvernementales à venir. Ce qui se traduirait par la désignation d'un autre parti pour former un gouvernement ou la désignation d'un gouvernement technocrate. La première hypothèse reste improbable dans un Maroc post-2011, alors que la deuxième option reste plus plausible. En effet, le Royaume a rappelons-le connu un grand nombre de gouvernements apolitiques depuis son indépendance.

Amine Ater

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Commentaire 1
à écrit le 17/03/2017 à 5:56
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Le Maroc. Une grande democrature, a n'en pas douter.

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