« Il faut sortir de cet imbroglio juridique, souligne Patrice Talon. Les deux opérateurs doivent se retirer, à l'amiable, du projet. Et il faudra qu'ils soient indemnisés de façon équitable ». Fermeté sans langue de bois dans une interview accordée le 16 mars dernier (publiée jeudi 22 mars) à nos confrères de Challenges, le président béninois semble décidé à évincer Vincent Bolloré et Samuel Dossou pour donner un coup d'accélérateur au projet de la boucle ferroviaire ouest-africaine.
Un coup d'accélérateur pour la boucle ferroviaire ouest-africaine
Depuis une décision de la Cour d'appel de Cotonou, les travaux du tronçon Cotonou-Niamey ( plus de 1000 km de voie) sont à l'arrêt depuis 2015. Une âpre bataille judiciaire oppose Samuel Dossou, premier adjudicataire par appel d'offres de cette tranche et Bénirail (public-privé) la filiale en charge du ferroviaire de Vincent Bolloré.
Sans tenir compte des droits concédés par le gouvernement béninois à son concurrent, l'homme d'affaires français avait déjà fait construire 140 kilomètres de voie en plein désert, côté Niger. La cour d'appel béninoise avait donné raison à Samuel Dossou. Mais le projet était resté au point mort.
L'homme d'affaires français avait consenti à débourser 3 millions d'euros pour financer le projet de sa poche. Commentaire de Patrice Talon sur la proposition Bolloré: c'est un modèle « bas de gamme » ! « Le modèle n'est pas bon. Un investisseur privé ne peut pas financer seul le chemin de fer que nous voulons », a fait savoir le président béninois dans la même interview.
La Chine, l'autre alternative pour poser les rails
Aujourd'hui, l'imbroglio non encore évacué du fait d'un appel d'offres conjoint entre le Niger et le Bénin, semble avoir profité à un troisième acteur. « La Chine dispose de moyens financiers nécessaires. Elle a démontré son savoir-faire technique » dans la construction d'infrastructures du même type.
Depuis les premiers écueils, les entreprises chinoises qui ont le vent en poupe sur le Continent, se sont posées en alternative aux propositions des deux hommes d'affaires. Il semble désormais qu'elles aient recueilli la « bénédiction » de l'homme d'affaires devenu président du Bénin pour poser le reste des rails.
Reste que, à en croire des proches de l'homme d'affaires Samuel Dossou, leur retrait du projet, non encore clairement notifiée, devrait se faire aux prix de négociations conjointes avec les gouvernements du Niger et du Bénin. Un dernier écueil à l'arrivée de grues et d'ingénieurs en provenance de Chine.
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