Sommet de l'UA : passe d'armes entre la Guinée et le Sénégal

Le ministère sénégalais des Affaires étrangères s’est fendu d’un communiqué pour préciser les propos du chef de la diplomatie sénégalaise, mais c’était déjà trop tard. Le président guinéen Alpha Condé qui «n’a aucune leçon à recevoir d’un ministre», se sentant visé par Mankeur Ndiaye, ne s’est pas laissé faire, au contraire. Que s’est-il donc réellement passé au 29e sommet de l'UA entre la Guinée et le Sénégal ? Eléments de réponse.
«Ce n'est pas à vous de nous dire cela. Ce n'est ni le moment, ni le thème du jour», a déclaré le président guinée Alpha Condé à l'adresse du ministre sénégalais des Affaires étrangères.

Le président Alpha Condé a répliqué à l'arme lourde à la minute qui allait suivre les déclarations du représentant du président sénégalais Macky Sall, absent de ce 29e sommet de l'Union africaine dont les travaux ont pris fin hier 4 juillet, dans la capitale de l'Ethiopie, Addis-Abeba.

Quid de la brouille diplomatique ?

Personne ou presque ne s'attendait à ce que la tension prenne de l'ampleur entre la Guinée et le Sénégal, puisqu'aucun signe avant-coureur ne l'annonçait. Mardi 4 juillet au siège de l'Union africaine, alors que les travaux du sommet prenaient normalement leur cours, le chef de la diplomatie sénégalaise est invité à prendre la parole au sujet des projets de résolutions et de décisions portant sur le NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique). Parmi les projets de résolutions soumis pour adoption au sommet de l'Union africaine, certains portent sur la dissolution du Comité d'orientation du NEPAD .Alpha Condé, également président en exercice de l'UA y est favorable. Or, le président Macky Sall qui dirige ledit comité depuis 2013 pour un second mandat, est totalement contre. Mais là n'est pas le nœud de la brouille. Alors, qu'est-ce qui a bien pu courroucer le président Condé ?

«Le Sénégal s'érigerait contre les présidents qui cherchent un troisième mandat». Le mot est dit ! Et Mankeur Ndiaye, le diplomate en chef, vient d'irriter par cette phrase Alpha Condé sans le savoir et sans le vouloir peut-être. Cette déclaration, rapportée par le site Confidentiel Afrique, aurait même mis Condé dans une colère noire. Sauf que Mankeur Ndiaye ne s'adressait pas au président guinéen, se défend le service de communication du ministère sénégalais des Affaires étrangères :

 «Il s'est donc agi de troisième mandat à la tête du Comité d'orientation du NEPAD et non d'un troisième mandat d'un chef d'Etat».

Seulement, les mots qui sont sortis de la bouche de Mankeur Ndiaye n'ont pas été compris de cette manière ou du moins par Condé qui chercherait à obtenir un troisième mandat «aussi longtemps que Dieu lui donnerait le souffle de respirer». Sans attendre, il a bondi de sa chaise et répondu sèchement au «simple» ministre sénégalais.

Guerre froide ?

«Ce n'est pas à vous de nous dire cela. Ce n'est ni le moment, ni le thème du jour», a invectivé Condé qui considère les propos de Mankeur Ndiaye comme une traditionnelle injonction des Occidentaux, rapporte toujours le site d'information. Mankeur aurait ensuite quitté la salle, mais cette information a été démentie. «Contrairement à ce qui a été dit et écrit, Mankeur Ndiaye n'a pas boudé la réunion, il est resté jusque-là fin des travaux », précise un communiqué du service de communication du ministère sénégalais des Affaires étrangères. Mais à qui croire ?

Une seule certitude, si la tension semble retombée depuis hier, les relations diplomatiques entre le Sénégal et la Guinée Conakry sont toujours mouvementées. La dernière escalade diplomatique entre les deux pays remonte à la non élection du candidat sénégalais à la présidence de la Commission de l'Union africaine. L'échec de la candidature d'Abdoulaye Bathily est imputé en partie à la Guinée d'Alpha Condé qui «n'a manifesté aucune solidarité sous-régionale» à l'égard de son voisin immédiat, le Sénégal, lequel pays, il faut le rappeler, avait fermé ses frontières en 2014 pour éviter la propagation de la fièvre hémorragique virale à Ebola qui faisait des ravages en Guinée. La fameuse pique de Condé, «On les nourrit, ils nous ferment leurs frontières », est toujours mal perçue à Dakar.

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Commentaires 2
à écrit le 20/07/2017 à 0:49
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Felicitation Mr conde. A cause de cet lâche macky vous nous avez rendu 0 à l'échelle politique mondiale

à écrit le 05/07/2017 à 18:55
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Bien

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