Même plusieurs décennies après son décès au pouvoir (1993-1998), l'ancien dictateur nigérian, Sani Abacha fait encore parler de lui notamment pour ses affaires de détournement. Dans une annonce faite cette semaine par le Civil Asset Recovery Fund de Jersey, plus de 267 millions de dollars appartenant l'ancien homme fort du Nigeria ont été saisis sur un compte bancaire. Selon l'institution, les fonds étaient détenus par une société écran du nom de Doraville et avaient été gelés en 2014 il y a cinq ans alors qu'une procédure judiciaire avait été ouverte. Après une « vaste » collecte d'éléments de preuve dans diverses juridictions internationales, les fonds ont été gelés par la Cour royale en 2014 et finalement versés au Civil Asset Recovery Fund le 31 mai, où ils pourront désormais être disponibles.

Pour l'Etat de Jersey, il s'agit d'un véritable triomphe international. Les autorités estiment même que c'est un message envoyé à la Communauté internationale. La saisie « a démontré l'engagement de Jersey à s'attaquer au crime financier international et au blanchiment d'argent », a commenté le procureur général de Jersey, Robert McRae QC.

Partagé en trois

Toujours selon les informations communiquées à la presse, les 267 millions de dollars seront partagés entre les gouvernements de Jersey, des Etats-Unis et du Nigeria. Aucun détail n'a cependant été donné sur le mode de répartition des 267 millions de dollars ni la somme qui revient à chaque gouvernement. Ces informations sont gardées discrètement pour le moment. Les autorités de Jersey ont expliqué que cela pourrait « nuire aux discussions en cours » d'en dire beaucoup trop sur la décision de partage des fonds. Elles ont toutefois révélé qu'elles avaient contacté les autorités des États-Unis en 2007 pour demander l'ouverture d'une procédure judiciaire devant les tribunaux américains concernant les fonds blanchis.

Ce n'est pas la première fois que des fonds volés par l'ancien président nigérian sont saisis à l'étranger. L'an dernier, les autorités suisses ont restitué 300 millions de dollars au gouvernement nigérian, après avoir découvert qu'ils avaient été volés sur des fonds publics. Aux Etats-Unis, la justice a déjà eu à confisquer des millions de dollars du Nigeria, condamnant Sani Abacha et ses proches pour des opérations de blanchiment de fonds par l'intermédiaire du secteur bancaire américain.