Zimbabwe : Mugabe convoqué pour répondre sur une disparition de revenus diamantifères

Les efforts de transparence du nouveau régime zimbabwéen risquent de faire mal à l'ancien président Robert Mugabe. L'ancien homme fort de Harare est attendu le 9 mai prochain devant le Comité parlementaire en charge des mines et de l'énergie pour s'expliquer sur la disparition de 15 milliards de dollars de revenus diamantifères.
(Crédits : Reuters)

Après sa démission, presque consensuelle en novembre 2017, Robert Mugabe, du haut de ses 94 ans voit sa retraite perturbée. D'après le parlementaire Temba Mliswa, président du Comité parlementaire en charge des mines et de l'énergie, l'ancien chef d'Etat est convoqué le 9 mai prochain devant lui et ses pairs, pour s'expliquer sur les expatriations de plus de 15 milliards de dollars de revenus diamantifères intervenues lorsqu'il dirigeait encore le pays. «Nous nous sommes réunis aujourd'hui (jeudi, ndlr) en tant que comité et avons décidé d'inviter l'ancien président Mugabe à expliquer la disparition de 15 milliards de dollars de diamants ... Nous avons fixé au 9 mai la date où il doit venir témoigner», a déclaré Temba Mliswa cité par le média d'Etat Herard. Ainsi, Robert Mugabe va sortir de sa retraite qui semblait jusqu'alors apaisée pour redonner son avis sur le diamant de son pays.

On se rappelle encore que lors de la célébration de son 92ème anniversaire en 2016, alors qu'il était encore à la tête du pays, Robert Mugabe avait déclaré dans une interview télévisée, que des entreprises basées au pays, avaient au fil des années, exploité les diamants du pays sans que les bénéfices ne reviennent aux Zimbabwéens. L'ancien numéro 1 du pays qui avait lui-même avancé le chiffre des 15 milliards de dollars, avait expliqué cette disparition par la corruption et de l'évasion des capitaux pratiquée par les compagnies minières étrangères installées dans son pays. Aujourd'hui, la convocation du Comité parlementaire en charge des mines et de l'énergie paraît comme une envie des nouvelles autorités d'en savoir mieux surtout vu les accusations de l'ONG Global Witness. Celle-ci avait indiqué dans son rapport de l'an dernier, que les dirigeants du Zimbabwe ont détourné pendant des années les profits tirés de l'exploitation du diamant pour financer la répression de leurs adversaires politiques. L'organisation a laissé entendre que les services secrets zimbabwéens (Organisation centrale de renseignement, CIO) ont ainsi détenu discrètement une partie du capital d'une entreprise qui extrait des diamants dans la mine de Marange. Ironie du sort, alors qu'il exploite la pierre précieuse depuis 2006, le Zimbabwe ne dispose pas de données crédibles sur cette activité.

Plusieurs personnalités en ligne de mire

Robert Mugabe n'est pas le premier à être convoqué dans cette affaire de disparition des revenus diamantifères. Il n'en sera pas non plus le dernier. Ces derniers mois, plusieurs personnalités dont des anciens ministres, des chefs de police et des hauts responsables de l'administration zimbabwéenne, ont été entendues dans ce dossier par le même comité. Aussi rapporte toujours le Herard, l'ancienne vice-présidente Joice Mujuru, soupçonnée d'avoir joué un rôle important, sera entendue dans les jours à venir par le même comité pour expliquer ses liens présumés avec l'exploitation des diamants des champs de Chiadzwa. Ce n'est donc pas vraiment une retraite paisible que vit la famille de l'ancien chef d'Etat.

Par ailleurs, on annonce également que son épouse Grace Mugabe, devrait être entendue par l'autorité anti corruption du Zimbabwe dans une affaire d'exportations illégales d'ivoire de contrebande qui lui auraient rapporté des millions de dollars. Déjà en février dernier, elle avait été entendue sur les conditions dans lesquelles elle a obtenu un doctorat en 2014.

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