Afrique du Sud : Jacob Zuma s’incline et dépose sa démission

L’ANC au pouvoir et son patron Cyril Ramaphosa ont obtenu, dans la nuit de ce 14 février, la tant attendue démission du président Jacob Zuma. Ramaphosa, le nouvel homme fort de Pretoria, devrait prêter serment, aujourd'hui, sans recourir à la motion de défiance programmée le jour même et qui aurait pu fragiliser encore plus l’ANC.
(Crédits : Reuters)

Jacob Zuma a fini par donner gain de cause à ses adversaires en annonçant sa démission la nuit du 14 février, alors que plutôt lors de la même journée, la résidence de Johannesburg des Gupta a été perquisitionnée par le Hawks, une unité d'élite de la police sud-africaine et que le Parlement avait programmé, ce jeudi 15 février, une motion de censure sur demande de l'ANC.

Prestation de serment prévue dans la journée

Le dorénavant ex-président a tenu à signaler dans un discours qui a duré 30 minutes son désaccord avec la manière dont l'ANC l'a poussé vers la sortie, suite à l'élection de Cyril Ramamphosa à la tête du parti en décembre 2017. Ce dernier devrait être nommé comme président par intérim le jeudi 15 février par le parlement.

Le bureau de Baleka Mbete, président du parlement sud-africain, a par ailleurs confirmé dans la matinée du 15 février avoir reçu la lettre de démission de Jacob Zuma. La réception de ce document conditionné le retrait de motion de défiance déposée par l'ANC. La présidence du parlement a également annoncé dans un communiqué que le nouveau chef d'Etat devrait prêter serment lors de la même journée.

Aucune garantie d'immunité

Bien que Zuma ait fini par obtempérer à la requête de l'ANC, il reste à court d'options légales pour éviter de subir un procès pour plus de 700 chefs d'accusations de corruptions qui avaient été abandonnés juste avant son accession à la tête de l'Etat en 2009 et qui ont été réactivé fin 2017. Zuma pourrait également être convoqué devant une commission d'enquête sur les allégations d'influence indue sur l'Etat exercée par la famille Gupta.

Bien que les clans Zuma et Gupta continuent toujours à rejeter toutes les accusations portées à leur encontre, l'année 2017 a été particulièrement mouvementée pour la fratrie d'hommes d'affaires qui a vu la majorité des banques sud-africaines clôturer leurs comptes et cesser toute collaboration avec les entreprises qui sont dans leur giron. Un bras de fer entre les banques et les Gupta qui a divisé le gouvernement sud-africain, Zuma se rangeant du côté des Gupta, alors que le ministre des Finances de l'époque, Parvin Gordhan a pris la défense des établissements bancaires.

Une année 2017 mouvementée pour les Gupta

Ce qui coutera sa place à ce dernier, signera également le début de la fin tant pour Zuma comme pour les Gupta. A part s'attirer les foudres des cabinets de notations internationaux, ce remaniement musclé n'a pas forcé la main aux banques, aux entreprises d'audit et de conseil comme KPMG et McKinsey qui ont également été touchées pour leur collaboration avec des entreprises liées aux Gupta. Leur protecteur a parallèlement dû faire face à plusieurs motions de censure et à une défiance de son propre parti qui a débouché sur la victoire de Cyril Ramaphosa aux élections internes de l'ANC en décembre dernier.

Pour l'heure, les médias publics ont annoncé qu'un membre de la famille Gupta (sans spécifier lequel) ferait partie des personnes arrêtées lors de l'opération policière du 14 février. La justice sud-africaine a par ailleurs fait savoir qu'elle préparait l'arrestation de 7 personnes suite aux perquisitions menées par les Hawks et que d'autres membres de la famille Gupta devraient figurer parmi les prévenus.

La police a expliqué dans un communiqué que le raid exécuté le 14 février était en relation avec une ferme laitière financée par l'Etat, que les procureurs considèrent comme un « plan conçu pour frauder et voler ».  C'est donc par une démission forcée que Jacob Zuma met fin à sa carrière politique qui a débuté en 1963, participant en 1993 aux négociations entre l'ANC et le régime Afrikaner pour la passation de pouvoir et accédant au pouvoir suprême en 2009.

Neuf années de pouvoir qui ont été marquées par des nominations hasardeuses à des postes clés, à la chute du rand, l'entrée en récession du pays, le premier revers électoral de l'ANC depuis 1994 lors des dernières municipales et la chute de popularité du parti après que Zuma ait promis lors de sa réélection en 2014 d'augmenter les aides sociales, favoriser l'accès aux soins, créer des emplois ou encore réorganiser l'enseignement sans jamais mettre ses promesses à exécution.

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