Bénin : fronde contre la suppression du droit de grève aux agents de la justice

Les travailleurs du secteur de la justice sont en grèves à l’appel de plusieurs syndicats. A la base, des revendications corporatistes mais surtout, l’adoption il y a quelques jours, d’une loi retirant le droit de grève à certaines catégories d’agents publics dont ceux de la justice et de la santé. D’autres mouvements de protestations sociales sont également prévus dans les jours à venir.

Le Bénin n'a pas fini avec les séries de grèves qui, comme l'année dernière, paralyse durant plusieurs jours ses administrations publiques. La nouvelle année démarre également pour le président Patrice Talon avec des préavis et des mouvements de débrayage dans plusieurs secteurs notamment sociaux. Depuis mardi et jusqu'à jeudi prochain, la justice du pays est ainsi paralysé en raison de la grève des magistrats et autres agents des tribunaux et cours du pays, à l'appel de 4 syndicats professionnels sur les 8 que comptent le secteur.

Le mouvement qui est bien suivi fait suite à l'expiration le 31 décembre dernier, de l'ultimatum donné par les syndicats du secteur au gouvernement afin de satisfaire certaines revendications professionnelles. Des engagements que le gouvernement a souscrit mais qui n'ont pas  été tenus selon plusieurs responsables syndicales. Alors qu'ils projetaient de revenir à la charge, les syndicats ont été pris de cours par l'adoption, le 28 décembre dernier, par l'Assemblée nationale, d'une loi retirant le droit de grèves à certains fonctionnaires notamment du secteur de la justice et de la santé.

A travers cet arrêt de travail collectif que les 4 syndicats entendent reconduire automatiquement les semaines prochaines jusqu'à satisfaction de leurs revendications, les grévistes réclament entre autres "l'abrogation pure et simple" des dispositions relatives à la suppression du droit de grève aux agents de la Justice. Ils exigent également la satisfaction des autres points inscrits sur l'accord entériné avec le chef de l'Etat ainsi que le ministère de tutelle.

Nouvelle fronde sociale

C'est l'adoption de cette loi, décriée par tous les syndicats des secteurs concernés, qui a fait amplifier la fronde sociale avec cette première grève au niveau de la justice. En réponse à l'adoption de cette loi, l'Union nationale des magistrats du Bénin (UNAMAB), qui n'est pour le moment pas associée à l'arrêt de travail collectif des 4 syndicats, a par exemple estimée que le droit de grève étant consacré par les articles 31 de la Constitution du pays et 8 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, « il en résulte que le droit de grève, en tant que liberté fondamentale, ne peut faire l'objet d'interdiction ». Pour les juges béninois qui projettent des mouvements sociaux jusqu'à l'abrogation de cette loi, « la constitution n'accorde au législateur que le pouvoir d'en définir les conditions de jouissance». Les membres de l'UNAMAB tiendront une assemblée générale ce jeudi 4 janvier pour décider de la marche à suivre afin d'obliger le Président Talon à faire marche arrière.

Plusieurs autres mouvements sont aussi projetés dans d'autres secteurs notamment celui de la santé qui est aussi concerné par les dispositions de la nouvelle loi retirant le droit de grève à certains catégories d'agents de l'Etat. De nouveaux débrayages qui sont de nature à perturber le fonctionnement de certains services ou administrations publiques comme en 2017 et qui risquent de s'amplifier d'autant que le gouvernement n'entend point revenir sur ces mesures destinées à marquer « la rupture » selon Talon.

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