Visite du président Al-Sissi en France : tir groupé des associations des droits de l'homme

Le président égyptien, Abdel Fattah al Sissi, rencontre pour la première fois son homologue français, Emmanuel Macron. Une visite de trois jours à Paris à partir de ce lundi 23 octobre qui devrait permettre aux deux pays de renforcer leur coopération militaire au grand dam des défenseurs des droits de l’homme. Explications.
L'Hexagone a conclu, pour plus de 6 milliards d'euros depuis 2015, de contrats d'armement avec l'Egypte qui reste en quête d'une suprématie militaire régionale pérenne.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, entame à partir de ce lundi 23 octobre, une visite officielle de trois jours en France. L'homme fort du Caire sera reçu demain mardi à l'Elysée par le président français Emmanuel Macron. Au menu de ce déjeuner de travail, une première pour les deux chefs d'Etats, des « sujets d'intérêts communs comme les crises régionales et la lutte contre le terrorisme... », indique l'Elysée dans un communiqué rendu public en fin de semaine dernière.

Autre point à l'ordre du jour, les ventes d'armes entre les deux pays, notamment la signature d'un contrat pour la vente de douze Rafale à l'Egypte, bloquée par Bercy qui demande « des facilités de paiement à l'image des précédents contrats signés entre Le Caire et les industriels de l'armement français », a notamment précisé La Tribune France.

L'Egypte, première puissance militaire africaine d'après le classement mondial 2017 du site internet américain Global Firepower(GFP) spécialisé dans la défense, est un des gros clients de l'industrie de l'armement française. L'Hexagone a conclu, pour plus de 6 milliards d'euros depuis 2015, de contrats d'armement avec l'Egypte qui reste en quête d'une suprématie militaire régionale pérenne.

Levée de boucliers des ONG

 Une course « folle » à l'armement qui inquiète cependant les organisations internationales de défense des droits de l'homme à l'image de l'Human rights watch qui demande à la France de cesser d'ignorer la situation « catastrophique » des droits humains en Égypte.

« Sous l'ancien président François Hollande, la France a fourni à l'Égypte des équipements militaires d'un montant de plusieurs milliards de dollars et a rarement critiqué les graves violations » des droits l'homme dans le pays du Maghreb, a regretté ce lundi HWR

De son coté, Amnesty international invite la France à respecter ses engagements internationaux.

« Sous couvert de lutte contre le terrorisme et en dépit des conclusions du Conseil de l'Union européenne du 21 août 2013 et de la Position commune de l'UE de 2008, la France a continué à fournir des armes et des équipements pouvant servir à des fins de sécurité intérieure et de maintien de l'ordre, faisant d'elle une complice de la répression férocement mise en œuvre par les autorités égyptiennes », a indiqué Amnesty international.

Pour rappel, en 2008, les Etats membres de l'Union européenne ont mis en place un « embargo » sur les « équipements pouvant servir à la répression interne » notamment en Egypte. Sauf que la France, un des pays « initiateurs » de cette interdiction de ventes d'armes de répression « fait partie de ces États qui transfèrent des armements pouvant être utilisés par les militaires au Sinaï, sans pour autant assurer aucun contrôle ni aucun suivi pour déterminer dans quelle mesure ils risquent de servir à commettre ou à favoriser de graves violations des droits humains », selon toujours Amnesty international.

Des armes françaises complices de la répression en Egypte?

La même source précise également qu'en 2016, la France a délivré « des licences d'exportation pour la fourniture d'armes légères, d'armes à canon lisse d'un calibre supérieur à 20 mm ». Or, ces armes sont utilisées par les forces de sécurité égyptiennes « qui agissent quasiment en toute impunité en recourant excessivement à la force, les arrestations arbitraires massives, la torture et les disparitions forcées...»

Les organisations non gouvernementales qui dénoncent « la complicité » des armes françaises dans la « répression » en Egypte, attendent de la visite du général al-Sissi que les questions des droits humains dans ce pays d'Afrique du nord le pays du Maghreb soient évoquées.

« Ne pas agir serait comme mettre sous le tapis les revendications et la souffrance des Égyptiens », a conclu Bénédicte Jeannerod, directrice France de Human Rights Watch.

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