Kenya : le français OT-Morpho dans le collimateur d’Odinga

L’entreprise française OT-Morpho, qui a mis en place la structure informatique du système électoral kényan, fait l’objet d’accusations de fraude par l’opposition. L'ex-filiale de Safran a dû livrer l’ensemble de ses données à la Cour Suprême pour enquête.
Amine Ater
La Cour suprême kényane devrait publier d'ici au 22 septembre les motivations de sa décision d'annuler les résultats de la présidentielle du 8 août dernier. Les conclusions des magistrats devraient également déterminer si la Cour reproche ou non d'éventuels manquements à lOT-Morpho.

Le feuilleton de la présidentielle au Kenya n'est pas près de voir le bout du tunnel. Après l'annulation des résultats des élections, décidée ce 1er septembre par la Cour suprême, c'est la coalition de l'opposition, menée par Raila Odinga, qui est montée au créneau pour accuser ouvertement OT-Morpho, l'entreprise française ayant fourni à la commission électorale kényane (IEBC) les kits de reconnaissance biométrique des électeurs et de transmission des résultats pour le scrutin du 8 août dernier.

OT-Morpho nie en bloc

Face à ces accusations, le management de l'entreprise a publié ce 5 septembre un communiqué où il défend les résultats fournis par le système déployé lors des élections et dont la «technologie a été éprouvée et déjà utilisée lors d'élections organisées par d'autres pays». L'entreprise a également nié le piratage du système :

«Ce n'était pas une tentative d'interférence et nous avons transmis toutes les données à des experts mandatés par la Cour suprême pour les analyser».

Toutefois, dans sa démarche, l'opposition ne s'est pas limitée à recourir à la Cour suprême, mais a également sollicité les autorités françaises pour l'ouverture d'une enquête. La requête de l'opposition, en sus d'OT-Morpho, cible également le géant Safran, ex-propriétaire d'Oberthur Technologies, rebaptisé OT-Morpho après sa cession à Advent International en mai dernier. Pour l'alliance menée par Odinga, Safran pourrait «avoir agi en complicité avec les responsables électoraux et entravé la volonté du peuple».

Odinga maintient la pression

Malgré les dénégations de l'entreprise française, l'opposition n'en démord pas et persiste à accuser le prestataire d'avoir fourni aux autorités «un système qui lui permettrait de violer les lois électorales du pays, en ne respectant pas le format prescrit des données gérant les résultats». L'opposition assure par ailleurs que le système d'OT-Morpho permettait de transmettre des messages textes pouvant être manipulés et qui ne figurent pas dans les principaux formulaires de déclaration de résultats.

D'un autre côté, l'opposition a demandé la «révision» de la commission électorale. Odinga a également exigé des garanties sur l'équité des nouvelles élections avant que son alliance n'accepte de participer au scrutin. Le lancement de la campagne est ainsi prévu le 17 octobre prochain.

Pour l'instant, OT-Morpho devrait attendre les conclusions de la Cour Suprême sur les accusations avancées par l'opposition, les magistrats devant rendre leur verdict dans une vingtaine de jours.

Amine Ater

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