Algérie : les casseroles s’accumulent à la Sonatrach

Coup de tonnerre à Alger où le gouvernement a annoncé la destitution d’Amine Mazouzi de la direction de Sonatrach. Une décision qui vient après la polémique sur la capacité de production de pétrole du géant algérien, qui ont été démenties par l’Agence Internationale de l'Energie. Ce dernier a été remplacé manu-militari par Abdelmoun Ould Kaddour, lui-même ayant eu des déboires avec la tristement célèbre DRS et la justice militaire.
Amine Ater

La Sonatrach, vaisseau amiral de l'économie algérienne vient de connaître du changement à sa tête. En effet, Amine Mazouzi a été limogé le 20 mars suite à une controverse portant sur l'état réel de la production de l'entreprise d'Etat. Mazouzi a été remplacé par Abdelmoumen Ould Kaddour, ancien dirigeant d'une joint-venture algéro-américaine, Browin & Root Condor (BRC). Un choix qui étonne du côté d'Alger sachant que Ould Kaddour a été condamné en 2007 à 30 mois de prison ferme par un tribunal militaire pour « espionnage » et « divulgation des secrets de l'Etat pour le compte de parties étrangères ».

En plus des accusations d'espionnage, le nouveau patron de la Sonatrach était au centre d'une enquête menée par le tristement célèbre Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS, dissout en 2016). Les investigations concernaient la surfacturation de contrats et de marché accordés de gré à gré. Selon la presse algérienne, BRC aurait bénéficié de « privilèges et de complaisances », pour décrocher de nombreux contrats avec la Sonatrach, le ministère algérien de l'Energie et des Mines, le ministère de la Défense ou encore l'entreprise d'Etat Naftec.

Sonatrach vs AIE

Mazouzi est pour sa part, embourbé dans la polémique résultant de la contradiction entre les hausses annoncées et les baisses constatées sur le terrain. Là où Sonatrach se montrait optimiste quant aux estimations de production, l'Agence internationale de l'Energie (AIE) fait état d'une production en baisse graduelle passant de 1,14 million de barils par jour en 2016 à 1,05 million de barils par jour en 2022.

Bien que l'ex-patron de la Sonatrach ait rejeté en bloc tout l'argumentaire de l'AIE. Les marchés ont décidé d'accorder leur confiance à l'instance internationale. Un constat qui implique une dilapidation des ressources du pays, en investissant des dizaines de milliards de dollars dans des installations qui n'auront aucune incidence sur une capacité de production condamnée à chuter. Une situation qui porte un coup à la rigueur et la capacité de management de la Sonatrach de gérer la principale ressource financière du pays.

Ce changement de management est également justifié par un retour en grâce de l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil dont le nouveau patron de la Sonatrach est un proche. D'autres observateurs pointent vers un repositionnement stratégique d'Alger vers les Etats-Unis. Il n'empêche que l'Etat algérien devra effectuer un réel travail de gestion de crise pour « assainir » l'image mouvementé de Ould Kaddour.

Amine Ater

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