Guinée : la grogne sociale persiste face à Alpha Condé

Les mouvements sociaux s’amplifient en Guinée où les organisations syndicales des enseignants mènent actuellement la danse. Après la série de grève générale notamment des commerçants, les étudiants menacent aussi de redescendre dans la rue. Les promesses des autorités n’ont pas encore pu contenir la fronde sociale, un défi majeur pour le président Condé qui va devoir se consacrer cette année à la résolution de crises extérieures en sa qualité de président en exercice de l’Union Africaine (UA).

L'euphorie populaire qui a suivie, en début février, l'élection du chef de l'Etat guinéen comme président de l'UA quelques jours après une médiation réussie en Gambie, n'a pas fait long feu. La série de grèves et manifestations sociales ont vite fait de ramener Alpha Condé à la réalité. Depuis quelques jours en effet, le pays est secoué par une explosion des contestations sociales avec en toile de fond, des revendications pour l'amélioration des conditions de vie des citoyens ainsi que du pouvoir d'achat des fonctionnaires. Le dernier acte en date, c'est la poursuite du mouvement de grève des principaux syndicats du secteur de l'éducation qui ont été rejoints par certaines confédérations du pays.

En dépit des négociations entamées par le gouvernement et auxquelles le président a lui-aussi pris part, les grévistes ont décidé de poursuivre leurs mouvements jusqu'à la satisfaction totale de leurs doléances. Le gouvernement annonce pourtant avoir accédé à la majorité des principales doléances et maintien la porte ouverte pour la poursuite des discussions tout en appelant les syndicats à mettre fin à leur mouvement. Une proposition qui jusqu'à maintenant, accuse une fin de non recevoir auprès des organisations professionnelles.

Alors que la grève des enseignants est à sa troisième semaine, les négociations entre les deux parties achoppent principalement sur la revalorisation de l'indice salarial des enseignants, le seul point qui n'a pas encore fait l'objet d'un accord.

Et pour ne rien arranger, ce sont les étudiants qui menacent de descendre dans la rue, si ce lundi, les écoles n'ont pas été rouvertes. « En cas de non ouverture des classes, la CEEGUI, par la même occasion, appelle les élèves, étudiants et parents ce même lundi 20 février 2017, en toute responsabilité à sortir pour une marche pacifique réclamant notre éducation sur toute l'étendue du territoire national... Le gouvernement finance des projets inutiles comme la tenue des mamaya au lieu de faire face à l'Education...» a déclaré le porte-parole de la Coalition des élèves et étudiants de Guinée (CEEGUI) au site guinée24.com.

De quoi amplifier la tension sociale et accentuer la pression sur le gouvernement qui a déjà eu du mal à contenir la multiplication des grève scolaires enregistrées dans plusieurs villes du pays en début d'année.

Défis majeurs pour Condé

Le maintien du mot d'ordre de grève des syndicats de l'éducation malgré les engagements du gouvernement ont vite fait de donner une tournure politique aux débats sur les questions sociales qui s'exacerbent dans le pays. Les partis membres de la coalition au pouvoir accusent leurs homologues de l'opposition de tirer les ficelles de cette contestation sociale même si le principal parti de la coalition, le RPG du président Alpha Condé, a plaidé pour  « un dialogue, franc et sincère ».

Il convient de noter d'ailleurs qu'avant l'éducation, d'autres secteurs ont été touchés par d'autres mouvements. Les commerçants ont ainsi appelé à une grève générale le 15 février dernier et des associations de la société civile revendiquent également la baisse des prix du carburant afin d'atténuer l'explosion du prix de certains produits de grande consommation sur les marchés locaux.

Jusque-là, les autorités semblent s'agripper à un principe, celui de négocier avec les organisations patronales et syndicales mais sans engager de charges supplémentaires aux caisses de l'Etat. En clair un dialogue sans cash, ce qui pourrait envenimer la situation au vue de l'ambition des manifestants à obtenir gain de cause.

Dans un cas comme dans l'autre, cette situation arrive au moment inopportun pour le président Condé. En route pour un second et en principe dernier mandat depuis 2015, sa récente élection à la tête de l'UA le propulse au devant de la scène africaine. Il va falloir, en effet, gérer plusieurs dossiers qui risqueraient fort de l'éloigner un peu des affaires internes. Ce que ne pourrait se permettre le président guinéen au moment où justement, une partie de l'opinion lui prête des velléités de prolonger son séjour à la tête de l'Etat pour un troisième mandat.

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